Chapitre 1

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L'air blasé, Adèle posa la lettre sur la table sans quitter son père des yeux.

— Non père.

— Si ma fille. Je ne te force pas à séduire le prince. Je veux seulement que tu fasses l'effort de m'accompagner ce week-end. Tu ne te rends pas compte de ce privilège.

— Bien sûr que oui je m'en rends compte mais un week-end déguisée en potiche, ce n'est pas pour moi.

— Tu es une femme magnifique et te voir dans de belles robes ne fera que mettre ta beauté naturelle en valeur.

Adèle grimaça et fit quelques pas dans le bureau de son père, le comte d'Ernew.

— Tu dois faire honneur à notre famille. Le roi tient à ce que toutes les jeunes filles de bonnes familles soient présentées à son fils héritier.

— En gros, on défile devant le prince en attendant qu'il choisisse l'une d'entre nous. Quelle chance !

— Ne sois pas si sarcastique. Le prince revient de la guerre, cela n'a pas été facile pour lui, tu sais.

Adèle lança un regard sardonique à son père.

— C'est un honneur que tu as de pouvoir le rencontrer.

— Je ne vais pas le plaindre non plus. Il est l'héritier du trône, il sait ce qu'il l'attend.

— Exact, tout comme toi tu es mon unique enfant. Tu as la responsabilité de me représenter devant notre souverain.

La jeune femme se mordit la lèvre, d'avoir parlé sans réfléchir.

— D'accord, mais à la condition que je choisisse mes robes. Hors de question que tu m'imposes des tenues où je ne me sentirai pas à mon aise.

— Soit.

Le lendemain matin, Adèle et son père partirent pour la capitale. Elle n'avait que cinq jours pour se constituer un trousseau convenable pour le week-end à venir. Adèle était une jeune femme aimant la simplicité. Elle pouvait porter aisément une tenue masculine quand elle montait à cheval tout comme ses robes restaient simples, sans chichis. En fait, Adèle ne supportait pas ces regroupements féminins remplis de jalousie, de mépris et de critiques. Elle en avait fait les frais très tôt, après avoir subi toutes sortes de moqueries rien que par le fait d'avoir été élevée par son père. Le comte d'Ernew n'a jamais pensé à donner des cours d'enseignements appropriés pour une jeune fille de sa condition. Au contraire, il l'emmena assez tôt avec lui régler les problèmes liés à au domaine, des problèmes ordinairement confiés aux hommes. Son père avait cru bien faire en l'emmenant dans des goûters, la laissant seule face aux autres jeunes filles de son âge et de leurs mères mais Adèle en ressortait irritée d'être regardée avec dédain sans parler des humiliations subies. Et puis un jour, ne pouvant plus garder pour elle les insultes silencieuses, elle se confia à son père qui cessa de lui imposer ces sorties mondaines. Adèle fut élevée comme un homme et elle appréciait cela, se sentant vivante et utile. Ce week-end à venir faisait remonter à la surface ces blessures d'humiliation de son adolescence. Mais elle survivrait à ces deux jours.

A peine furent-ils arrivés dans leur hôtel particulier que James emmena sa fille dans une des plus prestigieuses boutiques. Pour Adèle, son calvaire débuta dès le regard méprisant de la patronne posée sur elle. Oui, elle portait une robe simple et elle en était fière. Elle n'aimait pas la mode en cours et préférait des tenues pratiques à des tenues exhibitionnistes. Adèle prit son père à part.

— Je n'aime pas cette boutique père. N'y en a t-il pas de plus modeste ? Je vous ai promis de belles tenues et je tiendrais ma parole mais pas ici.

Le temps d'un week-end. (Terminé). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant