Chapitre 10

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— Tu as passé une bonne soirée ?

Adèle était radieuse. L'amour l'avait littéralement transformé.

— Oui.J'étais en très bonne compagnie mais je suis partie me coucher un peu plus tôt, sans doute étais-je fatiguée par trop de couture.

— En tout cas, les dames de l'aristocratie aiment ce style de robe et cela ne m'étonnerait pas de voir le nom Taberny célèbre d'ici peu de temps.

— Edith Taberny en sera enchantée, j'en suis sûre. Nous rentrons quand ? Car il faudrait que je retourne travailler. Mais si tu dois rester ici plus longtemps, je peux aisément rentrer par moi-même.

Adèle sentait un changement en Emma. Elle semblait plus distante, plus sur la défensive.

— Es-tu si pressée de rentrer ?

— Ma mère me manque. C'est la première fois que je m'éloigne autant d'elle.

— Mais toi tu vas me manquer Emma.

C'en était trop. Emma ne put retenir ses larmes plus longtemps. Adèle la réconforta en la prenant dans ses bras.

— Dis moi ce qui ne va pas ?Je te trouve éteinte ce matin.

— C'est juste difficile de changer de vie. Ce week-end a été comme un rêve fabuleux mais maintenant, je dois retourner à la vraie vie.

— Je vais parler à père de ton histoire de...

— Non Adèle. Ni à ton père, ni à Andrew, ni à Alec. Ce qui nous est arrivé à ma mère et à moi ne regarde que nous. Ne le prends pas mal mais nous refusons la charité et la pitié. Nous avons la chance d'avoir madame Taberny auprès de nous. Grâce à elle, notre exil est plus doux.

— Mais ne sommes nous pas amies ? J'aimerais te revoir Emma.

— Garde madame Taberny pour étoffer ton trousseau et je me ferais un plaisir de te confectionner de magnifiques robes.

— Emma, voyons !

— Adèle, tu vas devenir la future reine de notre pays. Je serais toujours là pour toi mais n'essaies pas de changer ma destinée. Accepte là, c'est tout.

***

Emma resta enfermée toute la matinée, à préparer les valises pour le retour. Quand la calèche fut prête à partir, Emma daigna enfin se montrer et salua le prince et Alec. Elle n'osait le regardait dans les yeux. Pourtant, si elle avait fait, elle aurait pu voir à quel point il était tout aussi accablé qu'elle.

Quand la calèche partit, Alec s'éloigna avec l'horrible sensation d'avoir commis une énorme faute.

— Alec, attends moi mon ami.

Une fois à sa hauteur, Andrew dévisagea le duc.

— Toi tu es contrarié.

Face au silence d'Alec, Andrew dut deviner.

— C'est à cause d'Emma ?Je vous ai vu tous les deux, hier soir. Vous sembliez si complices, si en harmonie alors que ce matin, c'est à peine si vous vous êtes regardés.

— Je n'ai pas envie d'en discuter.

— Tu t'es pris un râteau ? Ou alors tu es amoureux d'elle.

— Tais toi Andrew.

Andrew comprit le sérieux de la situation. Alec serait-il tombé amoureux d'Emma, une simple roturière ? L'ironie du sort quand tout le monde sait à quel point le duc d'Orny a placé la barre très haute dans le choix de la future duchesse.

Le temps d'un week-end. (Terminé). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant