Chapitre 8

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Plus il passait du temps en sa compagnie, plus il se demandait comment une couturière avait pu acquérir ce savoir vivre, ce port de tête altier, sans parler de sa performance en danse, de savoir correctement utiliser les différents couverts à table et il en passait. Emma n'avait rien d'une femme issue du peuple. Et c'était même tout le contraire. On aurait plutôt dit qu'elle avait reçu une excellente éducation. Etait-ce un piège venant de sa part afin de séduire un riche homme ou Emma avait-elle un secret sur son passé ? Alec connaissait suffisamment les ruses féminines pour pouvoir penser à la première hypothèse.

Pourtant, Emma ne donnait pas l'impression de vouloir se mettre en avant, au contraire. Cette femme était un mystère et Alec se retrouvait confronté au dilemme suivant : percer ou non le mystère l'entourant.

Le repas fini, Emma se mit vite en retrait. Elle avait du travail pour la robe de bal d'Adèle. C'était le moment pour elle de remercier madame Taberny en faisant des robes d'Adèle, une signature de la maison de couture Taberny. Mais sur son chemin, elle tomba nez à nez avec une belle blonde aux yeux bleus dont son visage lui était familier.

— Je n'ai jamais eu l'occasion de faire votre connaissance. Et vous êtes ?

— La demoiselle de compagnie de mademoiselle Veyre. Veuillez m'excuser mais j'ai du travail.

— Pourtant, j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part. Vous savez, j'ai une excellente mémoire.

— Tant mieux pour vous.

— Ne joue pas les plus fines avec moi. Il y a quelque chose entre toi et le duc ? Tu n'as aucune chance vu que tu n'es rien. Alors, fais toi discrète et que je ne te vois plus jusqu'au jour du départ.

Emma continua son chemin, sans un regard à cette peste de Pamela. Elle l'avait bien reconnu, cette Pamela Purnst. Car si Adèle l'avait côtoyé durant son adolescence, Emma l'avait rencontré à la mort de son frère. Elle se souvint de ces invitations successives, la semaine qui avait suivi l'annonce de sa mort. Les pairs de ses parents s'étaient empressés de les inviter pour exprimer leurs condoléances mais quand son père décéda à son tour, leurs sois-disant amis leur avaient tourné le dos. Elle n'avait rencontré qu'une fois Pamela, mais cela lui avait suffi.

Seule dans sa chambre, Emma apprécia le silence et la solitude. Elle contemplait une autre robe de bal d'Adèle et chercha comment l'améliorer. Elle griffonna de longues minutes jusqu'à obtenir un modèle audacieux. Car il ne faisait plus aucun doute qu'Adèle deviendrait la future reine, elle devait être exceptionnelle ce soir. Perdue dans ses travaux de couture, Emma ne vit pas le temps passer. Mais le résultat en était plus que fabuleux. La robe au départ était d'une simplicité virginale mais Emma la recouvrit  de dentelle, apportant une touche de grâce. Fatiguée, elle finit par  s'endormir sur son lit, une fois les rajouts terminés.

— Hé Emma...

Une douce chaleur lui caressa la joue. Emma se réveilla, Adèle lui faisait face, inquiète.

— Quelque chose de grave est arrivée ?

Adèle fronça les sourcils.

— Je me suis inquiétée Emma. Tu as disparu de suite après le dîner.

— Adèle... maintenant que ton père est de retour, je n'ai plus l'excuse de rester avec vous tous. Je suis heureuse pour toi Adèle. Andrew a l'air d'être quelqu'un de bien.

— Tais toi un peu s'il te plait. Je ne veux plus que tu sois parmi nous en tant que femme de chambre ou demoiselle de compagnie mais comme amie. Est-ce trop dur pour toi de tenir ce rôle ?

— Non voyons, vu comme ça. Et tu en as parlé à ton père ?

— Mon père ne s'est toujours pas remis du choc de ma rencontre avec Andrew ! Alors je pourrais lui demander n'importe quoi qu'il ne m'écouterai pas. Tu faisais quoi dans ta chambre ?

Emma se leva et lui montra la robe finie.

— Maintenant que tu es courtisée par le prince héritier, tu comprends que tu ne peux pas aller au bal de ce soir avec une simple robe. J'ai recouvert la robe blanche de dentelle. Vois l'effet, n'est-ce pas joli ?

Adèle caressa du bout du doigt la merveille qu'elle porterait ce soir.

— C'est plus que jolie Emma, c'est tout simplement magnifique. J'espère que tu te mettras aussi en valeur ce soir.

— Mais je n'ai pas à y être.

— N'est-il pas normal que la prétendante du prince invite sa meilleure amie ? Emma, je n'ai jamais eu d'amie de mon âge et, même si notre amitié est toute récente, elle est sincère et j'espère qu'elle sera durable. Je t'aime beaucoup tu sais. Alors fais moi plaisir, si tu as eu l'audace de me confectionner une telle robe, digne de la princesse que je ne suis pas, alors tu auras l'audace de te faire une robe tout aussi digne pour toi.

Emma sécha vite la larme qui perlait au coin de son œil.

— Je ferais de mon mieux.

— Tant mieux, je vais aller me reposer un peu. Ce n'est pas dans mes habitudes mais là, j'ai eu un surplus d'émotions aujourd'hui.

Une fois seule, Emma regarda les tissus disponibles dans sa malle. Elle attrapa des fleurs en tissu, dans une teinte bleutée et blanche et les fixa le long du décolleté de sa robe bleu ciel, puis le long du bustier pour se terminer en trois branches s'arrêtant à mi-hauteur de la robe, sur le côté. Elle garda de côté une fleur qu'elle se promis d'attacher à sa coiffure. Mais maintenant, elle était fatiguée, ses yeux ayant trop travaillés, Emma se recoucha juste quelques minutes. Mais elle s'endormit profondément et ce fut Adèle qui la réveilla de nouveau.

 — J'ai demandé à ce que l'on te prépare un bain pour toi aussi. Tu le prendras dans ma chambre et nous pourrons nous habiller ensemble. Prenons les robes et partons nous préparer.

Le temps d'un week-end. (Terminé). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant