Chapitre 22 - Regarder devant soi

63 14 19
                                    

Dans l'habitacle, seule la voix d'une animatrice radio comblait le silence. Les mains posées sur le volant, les yeux rivés sur la route, Lane n'avait pas prononcé un seul mot depuis notre départ. Nous avions décidé d'écourter notre séjour, étant donné les circonstances dans lesquelles nous étions depuis cette nuit. Personne n'osait prendre la parole. Holly ruminait dans son coin, sa tête soutenue par son poing, les sourcils froncés. Elle ne pardonnait toujours pas son petit ami pour les actes commis quelques heures plus tôt. Je devinais qu'elle digérait encore mal les paroles qu'il avait prononcées "Le clan passera toujours en premier".

Une sensation de malaise me piqua. Je donnerais cher pour un verre de gin tonic actuellement. L'atmosphère devenait lourde, l'air presque irrespirable. Je ressentais le besoin de sortir, de fuir cette situation embarrassante. Mais si je décidais de me jeter hors de la voiture, j'atterrissais sur l'autoroute, ce qui n'était peut-être pas l'idée la plus brillante que j'avais pu avoir.

Même Oscar n'osait pas briser le silence. D'ailleurs, à cause du son irritant provoqué par ses doigts qui s'acharnaient contre son clavier de téléphone, j'en déduisais qu'il entreprenait une profonde conversation. Certainement, avec Sia, étant donné, que ces deux derniers semblaient plutôt bien s'entendre. Comme dirait le dicton : qui se ressemble s'assemble.

Pour faire passer le temps, un mélange de fatigue et d'interrogatoire personnel rythmaient mon ennui. Parce que j'avais eu le droit qu'à quelques réponses, j'imaginais toutes sortes d'hypothèses concernant les opinicus. Race qui, je le rappelle, appartenait aux trois créatures présentes dans la voiture.

Je me demandais quelle sorte de pouvoir pouvaient-ils posséder ?

Savaient-ils voler malgré leur absence d'ailes ?

La réponse semblait évidente. Lane m'avait rattrapé par les airs la nuit dernière, tandis que les autres nous avaient rejoint en courant. Pas d'ailes, pas de vol.

Cependant, je notais une remarquable rapidité de leur part, toutefois inférieur à celle des vampires. Si je prenais en considération le fait qu'ils étaient un mélange d'aigle et de lion, alors ils devaient avoir une force considérable et une acuité visuelle largement supérieure à la moyenne. Ce qui faisait d'eux des prédateurs redoutables.

Alliant le roi des cieux et le roi de la savane, je doutais que beaucoup d'autres créatures pussent prétendre un pouvoir supérieur. Mais je ne possédais que de piètres connaissances sur le reste du monde surnaturel, donc je ne devais pas conclure trop hâtivement.

Enfin, tout de même, pouvoir voler, c'était carrément grisant. Je rêverais de fendre les airs, de fuser vers le ciel, transpercer les nuages et me lâcher dans le vide sans redouter la chute. Le sentiment de liberté à l'état brut.

Mais chaque espèce semblait avoir sa kryptonite, quelle était celle des opinicus ? Ce serait certainement la réponse que l'on ne me donnera jamais. Je poserai quand même la question à Stanislas, il devait forcément avoir quelques connaissances sur le sujet.

    Notre périple touchait à sa fin. Nous arrivâmes devant l'université, Lane ralentit la voiture et se gara sur le parking. Holly descendit la première en faisant claquer la porte, démontrant sa mauvaise humeur. Je m'apprêtais à sortir à mon tour, mais Lane m'arrêta :

— Skye, tu pourrais lui parler s'il te plaît ?

Comment osait-il ? Après ce qu'il souhaitait me faire ! Quel culot franchement.

— Je pense que vous devez régler le problème entre vous. Puis, tu connais Holly, rien ni personne n'arrivera à lui faire entendre raison si elle ne l'a pas décidé.

Le goût d'une morsure : La MarqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant