C'était l'hécatombe à Thiercellieux. En l'espace d'une semaine, trois adolescents du même âge étaient morts.
Un meurtre et deux suicides, ou du moins, un suicide présumé et un second. Angélique et Mei avaient été enterrées le même jour, vendredi, lors du cérémonie particulièrement funeste en compagnie de la famille et des proches.
Cela n'avait pas du tout arrangé les choses. Tous les parents du village étaient deux fois plus préoccupés pour la sécurité de leurs enfants. C'était d'ailleurs le cas de Clémentine.
*
Clémentine faisait partie d'une famille de chasseurs aguerris. Dès son plus jeune âge, son père lui avait appris à se défendre.
À partir de sept ans, il avait commencé par lui enseigner le combat rapproché.
C'était une formation éprouvante, tant au niveau physique que mental. Tous les soirs, elle devait travailler sans relâche chaque leçon, chaque exercice, chaque entraînement, encore et encore. Elle avait uniquement le droit de s'arrêter lorsqu'elle était à bout de forces.
Pour une petite fille, c'était considérablement épuisant et exténuant. À plusieurs reprises, elle avait voulu abandonner et elle s'était révoltée contre son père. De toute façon, il ne lui laissait pas le choix et elle n'avait pas son mot à dire. Alors elle continuait, contrainte de persévérer.
Ainsi, à dix ans, elle maîtrisait parfaitement bien le maniement d'une arme blanche, que ce soit un couteau, un poignard, voire même une épée. Elle avait également entre-temps améliorer ses techniques de combat à la perfection.
Ensuite, seulement trois années plus tard, elle savait se servir d'un fusil alors qu'elle n'avait encore que treize ans.
Avec toujours autant de détermination, elle s'était entraînée, pendant longtemps, dorénavant seule et sans l'aide de son père. Elle avait choisit avec soin un vieux hêtre au tronc épais qui lui faisait office de cible dans un coin reculé de la forêt.
Elle s'améliora de jour en jour grâce à son obstination.
Maintenant, à presque seize ans, c'était une chasseuse hors-pair redoutable. Jamais elle ne ratait son tir. Elle pouvait viser à une distance de plus de dix mètres avec une précision incroyable.
Clémentine allait elle aussi bientôt devoir faire des choix et des sacrifices douloureux. Mais pour le moment, elle pouvait profiter du peu de temps de répit qu'il lui restait.
*
Samedi, le lendemain des funérailles, Anna se sentait complètement déprimée. Elle était d'humeur exécrable et elle n'avait pas décroché un seul mot de la journée.
Comme si son amie Sophie l'avait ressenti, elle était passée à l'improviste aux alentours de quatorze heure pour la réconforter. Surprise, Anna l'avait invitée à discuter seule à seule dans sa chambre. Sa mère était venue par la même occasion leur apporter un gâteau au chocolat qu'elle avait fait un peu plus tôt dans la matinée pour consoler sa fille.
Elles débutèrent la conversation sur un sujet évident.
- Tu sais, j'ai peur de vous perdre maintenant... confessa Anna avec un regard sombre.
- Rassure toi tu n'es pas la seule... Moi non plus je n'ai pas envie que d'autres meurent, acquiesa Sophie.
- Je ne les comprends pas... Pourquoi ont-elles mis fin à leur jour ? Pourquoi ? Elles étaient pourtant heureuses...
- Mei et Angélique avaient leurs raisons, c'est comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir, moi je préfère les pardonner.
- En plus... J'ai honte de moi... J'ai honte de me demander si certaines d'entre nous ne seraient pas... ne seraient pas.... coupables.
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The Werewolf
WerewolfElles vivent une existence paisible au village de Thiercellieux. Depuis presque un an maintenant, elles se sont rencontrées. Alors que tout le monde semble mener un quotidien ordinaire, un drame survient : un homme est retrouvé mort dans une ruelle...