Passage

Chapitre 1

J'attrape mes baskets sur le tas et les enfile. J'enfile aussi un sweat noir car les températures ont chuté. Je sors de ma chambre le plus discrètement possible en prenant soin de ne pas faire grincer la poignée. Je remonte le long couloir sombre et ouvre la porte d'entrée. Dehors, j'oublie que je dois être discrète. J'oublie tout. Je claque la porte bien fort. La vieille serrure manque de tomber dans un horrible fracas. J'aurais pu penser que ça me ferait du bien. Pas du tout. Je suis encore plus en colère. De plus, je viens de mettre une puce GPS sur mon front. Quelle cruche, je fais.

Au pas de course, je m'élance dans ma rue. Quittant de vue ma maison aux volets verts délavés. Je prends la grande route. Accélère le pas pour ne pas qu'on me repère, je me glisse dans les petites rues qui bordent l'artère principale. En choisissant ma destination au hasard, je m'enfonce dans un dédale de maisons serrées les unes contre les autres. Très vite, je me perds dans les petites ruelles mal éclairées en cette fin de journée. Je ne sais plus du tout où je suis. Peu importe. Je continue de courir. Comme si poser un pied devant l'autre pouvait m'aider. Rien de peut plus m'aider.

J'avance. Encore et encore. Dans un fol espoir.

Bien évidemment, je n'ai pas pris ma montre et mon téléphone à l'écran cassé, qui est mon reflet. Par conséquent, je ne sais pas depuis combien de temps je cours. J'ai perdu la notion du temps.

Je vois une famille manger à la lumière de la cuisine que je dépasse. La mienne est peut-être en train de réaliser la même chose. Si, c'est le cas, ils ont dû se rendre compte de mon absence. Ou pas. Est-ce qu'ils me cherchent ?

Je ne reviendrai pas. C'est hors de question.

Mes jambes deviennent lourdes à force de faire autant d'exercices en si peu de temps. Prise d'une immense fatigue, soudainement, je m'affale sur les marches menant à un grand bâtiment noir, que je ne saurais pas situer. Ma tête cogne contre le granit des marches y menant.