Chapitre 7

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Je distingue un meuble imposant au centre de la pièce. Rien de plus. Mon interlocuteur, habillé comme l'idée qu'on se fait d'une sorcière du Moyen-Age, a vite refermé la porte derrière lui avec un claquement sourd. Qui résonne dans toute la pièce. Dans un immense écho. Ce qui prouve qu'elle est pratiquement vide.

La lumière qui a filtré de l'autre pièce n'existe plus. Elle a disparu. Il l'a emprisonné.

Je fixe le noir devant moi en essayant de ne pas paniquer car j'ai perdu un de mes cinq sens.

Je sens qu'on bouge vivement derrière moi. En se décalant sur le côté. Je le sens à cause du déplacement d'air créé. Pourquoi s'est-il décalé ? Pourquoi faire ? Y a t-il une raison ?

Tremblante de peur, je ne bouge pas parce qu'elle me retient dans une position statique qui m'empêche de bouger à ma guise.

Clic.

Mes yeux cherchent immédiatement, en faisant des allers-retours permanents dans mon champ de vision, l'origine du bruit. Alors qu'ils n'y voient absolument rien de plus. Qu'est-ce qui a provoqué ce son qui est apparu du coté droit ? A moins que ce soit l'écho de la pièce ? De ce point de vue, elle viendrait de gauche.

Je tends l'oreille pour combler mes lacunes de vision.

Avec un grésillement sourd, les néons du plafond s'allument d'un seul mouvement. Je plisse immédiatement mes yeux car cela les agresse. De même à la sortie du couloir terrifiant avec le rideau de lumière.

Petit à petit, j'ose les ouvrir. Un peu plus à chaque seconde qui passe.

Ayant la tête baissée pour éviter les rayons des lampes en plein dans mes rétines, je note tout d'abord que le sol est blanc. D'un blanc blanc. Unique. Aucune teinte crème ne vient troubler le dallage lisse et régulier. Par ailleurs face à cette pureté, la lumière se renvoie dedans mettant en péril l'état mes yeux.

Qui sont obligés une fois de plus de se fermer partiellement pour maintenir un éclat lumineux moindre pour pouvoir continuer de voir correctement. Après.

Les yeux mi-clos, je patiente.

Quand ils sont prêts à recevoir une plus grosse quantité, je lève les yeux lentement vers le centre de la pièce car je sais que ce tient là un meuble.

Tout d'abord, je distingue des éclats de rouge. Très clairs. Séparés les uns des autres distincts. Posés ça et là, dans un total désordre tel un peintre fou voulant faire des tâches de peintures loufoques.

Ses dernières vont grossir. Devenir de plus en plus foncé. Passant du rose, au velours. Tirant vers le noir. Certaines vont se relier. Sous forme de chemins, des axes de passage. Des reliures. Un gigantesque réseau rouge sombre va se créer. Pour n'en former qu'un.

Une seule flaque immense qui prendrait bien un bon quart de la pièce s'étend au centre. Formant de vagues choses partant dans tous les sens.

Des pics de métal sont posés de part et d'autre dans la tâche rouge sang. Il y en exactement six. Tel est mon chiffre fétiche. Ils continuent en de savants liens de métal entrecroisés les uns les autres, tout aussi complexes. Des boulons les joignent. Je vois des trous finement découpés dans les plaques larges de bien de cinq centimètres mais c'est difficile à dire vu que je les vois de haut.

L'armature de métal soutient un matelas crème posé à plat dessus. Il est plat dessous et forme des bosses au-dessus. Il me fait penser au fauteuil du dentiste. Juste la couleur est différente ainsi que la position.

Maintenant que je l'ai comparé au fauteuil de chez mon dentiste, il me parait moins confortable qu'à la première impression. Pourtant c'est un matelas tout ce qui a de plus banal. Sauf le plastique qui le recouvre.

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