Chapitre 4

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Tout d'abord, je ne distingue pas grand-chose de ce nouvel espace mais que de vagues formes tant la luminosité est très faible par rapport à la précédente. En restant une bonne minute sur le pas de la porte, je vois une nouvelle pièce avec des éclairages faibles en forme d'abat-jour marron venant du haut des murs. Cela donne une ambiance feutrée, intime presque. Pour respecter le tout, un silence est présent. Cela est reposant en comparaison avec la salle précédente où se trouvait un brouhaha constant mais devient vite angoissant car on va entendre le bruit de mes baskets. J'ai horreur qu'on m'entende marcher. Qu'on m'entende tout court. Je n'aime pas me faire remarquer.

Les murs sont crèmes avec des motif floraux immondes. Celui qui a décidé du papier peint avait des goûts immondes, qui ne me plaisent pas. J'ai l'impression d'être dans le reportage qui m'a montré les différents goûts des décennies précédents la mienne.

Des chaises en plastique sont posées le long des murs dans la longueur de la pièce à des distances réglementaires. Certaines sont vides et j'en avise une au fond de la salle à gauche.

Je me dirige vers cette dernière en essayant de faire le moins de bruit avec mes baskets sur le sol blanc et de conserver un pas régulier, pour montrer que je n'ai pas peur de ce qu'il va se passer, dans cette atmosphère lugubre. Je m'assois sur la chaise avec un horrible bruit de plastique tordu.

Je ferme vivement les yeux pour me faire oublier. Ainsi que de faire oublier que le bruit provenait de moi mais quand je les ouvre personne ne me regarde. Personne ne fait attention à moi. Pourtant, mes vêtements de couleurs sombres font tâche sur la tapisserie claire. On devrait me remarquer. Aucune femme ne regarde les autres. C'est assez dérangeant. Perturbant. Chacune est coincée dans sa bulle. Ça donne une atmosphère de gêne car j'ai l'habitude d'évoluer dans du bruit constant pas dans un véritable silence mais aussi de secrets dont je n'ai pas l'habitude.

Ça me gêne. Parce que moi, je les regarde. Je les détaille.

De toute façon, j'ai pas l'impression d'avoir une chose plus importante à faire. On ne m'a pas précisé si je devais faire quelque chose de particulier. On m'a dit d'entrer là... et de ne pas en ressortir. Même si cette idée est vraiment tentante mais le ton de la créature me revient en mémoire et m'en dissuade instantanément.

J'observe donc les femmes assises. Tout d'abord, celles qui ont attiré mon regard en vue de leurs postures. Elle se tiennent à ma droite et se tiennent droites comme si elles portaient un corset mais ça résout sûrement de nombreuses années de maintien. Elles regardent droit devant elles. Dans une sorte de défi pour le mur. Les mains soigneusement posées sur les genoux de manière à bien voir le nombre faramineux de bagues et de bracelets possiblement en métaux précieux qu'elles portent chacune dans une étrange harmonie pour l'oeil. Je les placerais sans hésiter dans la haute société. Au vu de leur habillement. Chic et classe. Mêlant le noir de leur robe et le blanc avec rigueur. Personne dans les alentours de chez moi ne s'habille avec autant d'application. De toute façon, pourquoi s'habiller de cette manière, si c'est pour passer 8h derrière un bureau à gratter du papier dans un bâtiment ? Avec pour bonus, un brouhaha digne de la salle précédente. Où chacun est libre de parler tout le temps. Personne, assurément. Déjà, ce n'est pas sûr qu'elles travaillent ou si c'est le cas, elles doivent avoir de hauts postes. Néanmoins, si elles semblent appartenir au même cercle social, elles n'échangent pas un mot. Pas une parole. Et rien dans leurs postures m'apprend qu'elles se connaissent. Pas le moindre rapprochement même si j'ai un très mauvais axe de vue pour le justifier.

En revanche, je vois bien la femme assise en face de moi. Sa tête repose dans sa main gauche pour la maintenir. Des cheveux noirs cour en carré luisants retombent devant son visage déjà caché par sa main dont le coude repose sur sa cuisse gauche. Son pull rose est long car il descend sur le début de ses membres inférieurs.

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