Chapitre 6

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Je suis de l'autre coté et je n'ai rien senti. Je m'attendais à ressentir une brûlure, un léger picotement, un voile sur ma peau. Mais rien de tout ça. Il y a un filet jaune qui est là pour faire joli. Il ne se passe rien. Il ne sert à rien. A part me faire peur avant de traverser et pour ça, il a bien réussi sa mission. Si c'était ça sa mission. Il avait une mission ? Est-ce qu'un rideau de couleur jaune canard peut posséder une mission ? Surtout quand c'est celle de faire peur.

En face de moi, se tient le même rideau. Mes sourcils se froncent. Est-ce véritablement le même ? Ou est-ce qu'il s'agit d'un effet de miroir ? Pour obtenir des réponses j'avance d'un pas rapide, à l'identique. Je tends lentement une de mes mains dans l'écran jaune. J'ai peur de ce qui peux m'arriver. Le bout de mes doigts rencontre une surface lisse et je dépose la paume de ma main. Du bois. Ma main rencontre du bois. En la faisant glisser à droite, je sens une poignée. Je n'ai donc pas un pan de bois mais bien une porte sous mes doigts. Je viens de traverser la même chose.

Pour en avoir confirmation, ma tête ainsi que mon corps effectue un demi-tour. Je me retrouve de nouveau face à ce quoi je viens de voir. J'ai la confirmation que c'est bien les mêmes.

Je constate aussi que l'homme en noir n'a pas traversé. Il est resté de l'autre coté de la porte. Sa présence toute aussi inquiétante était aussi rassurante surtout dans cette pièce que je ne connais pas.

Elle est carrée, un peu plus grande que la largeur du couloir que je viens d'emprunter même si mes valeurs sont sûrement erronées vu que j'ai passé le plus clair de mon temps sans pouvoir distinguer plus loin que mes mains qui étaient devant moi.

Sur chaque mur se trouve une porte. Dont deux au centre, les autres sont décalées. Ces dernières sont celles avec les intrigants rideaux jaunes.

Trois pans de mur sont couverts de bibliothèques du sol au plafond. Elles ne laissent la place qu'à l'encadrements de porte. Les étagères sont couvertes de feuilles volantes barbouillées d'encre noire ainsi que de gros classeurs où l'étiquette blanche écrite doit aider à son classement.

Les rayonnages entourent un bureau marron, avec une masse de feuilles blanches éparpillés sur toute la surface, et se tiennent à ma gauche quand je regarde d'où je viens de rentrer. Deux chaises grises se font face de part et d'autre du meuble.

Les dalles du carrelage sont vertes. Vert arbre du printemps pour être plus précise avec des touches plus foncées. Tandis que le plafond est blanc mais je ne vois aucun lustre ni aucune lampe.

Le mur non recouvert de paperasse est celui qui m'attire le plus. J'ai une folle envie de savoir ce qui se trouve derrière cette porte. La peinture du mur où elle se trouve est gris clair, ce qui apporte une touche de luminosité dans le renforcement des étagères.

Je penche la tête sur le côté pour essayer de comprendre pourquoi ce mur n'est pas encore rempli. Il reste encore de la place ? On change les archives de place...

-Je ne vous attendais pas de si tôt Mademoiselle Camille James, prononce doucement et gravement une voix masculine dans mon dos.

La moitié des filles de ma classe seraient hystériques juste parce que la voix serait sois-disant sexy. Pour ma part, ce serait plutôt un frisson d'angoisse qui serait mon sentiment. La voix connait mon nom. Mes poils se dressent le long de mes bras et de mes jambes. Pour me témoigner leur soutien dans ma peur de ce nouvel inconnu. J'oblige mes mains à rester dans la même position que d'habitude. Détendue.

-Pourtant, j'ai bien vu que vous vouliez à tout pris me rencontrer.

Mais qu'est-ce qu'il raconte ? A quel moment on peut avoir envie de rencontrer un inconnu ? Surtout que si la personne est inconnu c'est qu'on ne l'a pas déjà vu donc on ne peut pas avoir envie de la rencontrer vu qu'on ne sait pas à quoi elle ressemble. Ce que dit cette personne n'a rien de logique. Elle est folle.

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