Chapitre 11 : Insomnie

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Il n'y a rien de pire que l'espoir.

Durant des mois, je n'avais connu que le désespoir, la pitié, la douleur. En arrivant ici, j'avais pu tourner une page, bien trop lourde, de ma vie. Prendre un nouveau départ, aux côtés de Sting, Luxus et Mirajane. Ça n'avait pas été simple, peut-être parce que dans la vie rien ne l'est jamais réellement. Mais j'avais fini par apprécier cette nouvelle vie, mes nouveaux, bien que rares, amis. J'avais pu voir la lumière au bout du tunnel, et même si je ne nageais pas en plein bonheur, je me sentais mieux. J'avais recommencé à vivre, à aimer la vie.

Et de nouveau, on me privait de cette lumière. Je ne voyais plus rien que les ténèbres autour de moi. La lumière s'était éteinte comme on souffle une bougie, et comme il venait de souffler mes espoirs. Tant de chemin parcouru, pour au final revenir au même point. Le point de départ ou celui d'arrivée, c'était la même chose pour moi. La fin de mon ancienne vie correspondait au début de la nouvelle.

Chaque fin est un commencement non ?

Avant tout ça, je ne peux pas le nier, j'étais heureuse. J'avais quelques amis, mes parents, mon frère, mes habitudes. Ma petite vie tranquille était quelque chose que j'appréciais. J'aimais cette vie et plus généralement, j'aimais la vie. Mais, il avait suffi d'une nuit, quelques heures, pour que tout soit réduit à néant. Il avait suffi d'un seul homme pour briser ma vie entière.

C'est alors que ma vie paisible avait pris fin, laissant place à la nouvelle, bien plus sombre et oppressante.

On avait crié au miracle que je me sorte vivante de cette nuit-là. Miracle ou malédiction, je ne fais pas bien la différence pour tout vous dire. Vivre avec tout ça ressemble plus à une malédiction d'après moi.

Quand j'avais ouvert les yeux à l'hôpital, je savais déjà que rien n'était plus pareil. Je n'étais plus la même. Les mois qui suivirent furent durs, après avoir tout déballer aux enquêteurs, je m'étais murée dans mon silence, tandis qu'en parallèle, l'enquête n'avançait pas d'un millimètre. Néanmoins, j'avais pu en apprendre plus sur mon bourreau. Nous n'étions pas le premier foyer auquel il s'attaquait. Dans les trois mois qui précédaient la nuit ou il s'est introduit chez nous, l'homme avait tué pas moins de cinq familles. Un psychopathe qui frappait au hasard et qui n'avait jamais laissé de survivants. Jusqu'à moi.

Pour ma sécurité, les forces de l'ordre m'avaient fait passer pour morte. J'étais officiellement décédée des suites de mes blessures à l'hôpital, une semaine après l'agression. On m'avait laissé me remettre de mes nombreuses blessures à l'hôpital, ou je devais côtoyer le moins de personnel possible, qui avaient tous été informés de ma situation. La rééducation fût laborieuse, et ça reste un mauvais souvenir je dois dire.

Entre temps, mon enterrement et celui de mes parents avait eu lieu. Sting avait dû s'y rendre seul, et j'avais très mal vécu de ne pas pouvoir rendre un dernier hommage à mes parents. Je n'avais pas pu être présente pour leur dire au revoir, et ça me déchirais le cœur. J'avais trouvé cela particulièrement injuste, mais la vérité c'est qu'il en valait de ma sécurité. J'étais donc restée seule, à l'hôpital, avec mes pensées noires, sans réconfort.

Être officiellement morte était quelque chose de difficile. Je ne pouvais parler à aucun de mes amis, la seule personne à qui je pouvais parler était Sting. Et je refusais catégoriquement de discuter de cette nuit là avec lui. Moins il en savait sur cette nuit-là, mieux il irait. La seule personne à qui je pouvais parler était le psychologue de l'Hôpital de Crocus, et là encore, je n'en tirais aucun réconfort.

Puis, après un mois et demi à l'hôpital, on nous avait fait emménager dans un appartement de protection des témoins, sous surveillance policière. J'ai plus tard appris que c'était à cause de Sting si on nous avait soudainement déplacés. Mon frère avait tout déballé à Luxus au téléphone, y compris que j'étais en vie. Cela n'avait pas beaucoup plu ni aux policiers, ni aux services de protection des témoins, qui avaient alors incendiés mon jumeau. S'en était suivi des négociations entre mon cousin et nos « protecteurs ». Ça a duré quelques semaines, et je pense que Lux s'est battu bec et ongles pour nous récupérer. Nous avons fini par emménager à Magnolia, la suite vous la connaissez.



TraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant