II - Jupiter - | V a i l l a n t | . pt. 1

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An 2997.ap.J-C, Moi Astral 3 - Therenxas.

Jupiter, Rinith, Centrum - Quartier Général du gouvernement de la Fédération Junite.
Domus Virtute, 14h23

Les pas altiers du général des armées de la fédération junite résonnaient régulièrement dans l'un des corridors ivoire du Domus Virtute. Suivi de près par son plus adroit auxiliaire, Vaillant Copernick pourfendait l'air conditionné circulant dans le cent quatre-vingt-huitième étage de l'édifice le plus sécurisée de Jupiter. Vêtu de son équipement militaire cérémonial, il rejoignait la salle de réunion qui avait été assignée pour la vingt-deuxième session extraordinaire du conseil de sécurité du gouvernement central.

La sévérité de ses traits intégralement renforcés, convolaient parfaitement avec le calme inquiétant qui habitait son fort intérieur. Ses mouvements étaient précis, rigoureusement contrôlés, de telle sorte à lui épargner des pertes calorifiques inutiles. De son expression inflexible, il franchit les derniers remparts qui le séparaient de la spartiate salle de conférence. Pénétrer dans cet espace transsudant la mort et le narcissisme humain ne le troublait plus. Comme tous les gouverneurs rassemblés autour de la table en plexiverre lévitant en plein centre de l'habitacle, il s'était métamorphosé en une abomination, digne de celle que sa fonction imposait. Un militaire qui tuait sans la moindre commisération tous les anarchistes qui contestaient la nouvelle registration planétaire. Bien au-delà de ses airs d'homme réfléchi et doté d'une bravoure incomparable, Vaillant Copernick était une excellente personnification du mal. Un cargo de malheur et de désolation, qui pilotait d'une poigne d'acier les armées junites.

Après avoir brièvement salué les ministres et les gouverneurs des quatre super-civilisations junites, il prit place sur le siège prismo-dématérialisable qui lui avait été assigné. Quelques mètres derrière lui, Mazent Ossax se tenait imperturbablement droit. Il analysait les moindres faits et gestes des représentants attablés. Derrière ces derniers, étaient postés des gardes dont les natures variaient de celles de cyborgs à humains, prêts à enclencher le mode de combat en cas de déclenchement de conflit. Un silence pesant semblait atrophier l'oxygène ambiant dans la pièce mais aucun des dirigeants ne manifestait le désir de rompre ce vacarme sourd. De coups d'œil acérés, les uns et les autres se jaugeaient, tentant incessamment de se déstabiliser respectivement. Seul Vaillant conservait une neutralité absolue, comme tout à coup expulsé de l'atmosphère corrosive de la salle de conférence.

Avachi sur un bout de la grande table, Ashtark Copernick, son frère, paraissait totalement ennuyé par l'objet de cette assise. L'impertinence du ministre des relations intergouvernementales n'était plus à démontrer ni à justifier : Ashtark manifestait constamment son désintérêt pour les fonctions qui lui avaient été attribuées. L'oppressante présence de son frère aîné ne suffisait pas à lui imposer plus de tenue, tout comme celle des gouverneurs.

Tous attendaient l'arrivée du président et de la vice-présidente de la fédération, pour procéder au lancement effectif de cette session extraordinaire du conseil de sécurité.

D'un coup sec, les battants translucides isolant cette partie du Domus Virtute s'écartèrent, et deux cyborgs de série Lancel-09 s'introduisirent dans la salle de réunion. Desree Viladji marchait élégamment derrière les deux machines de guerres performantes chargées d'assurer sa sécurité, pour achever sa trajectoire sur le siège qui lui avait été assigné. Vaillant l'observait de l'autre côté de la table en plexiverre d'un œil sceptique. Depuis son affectation à la tête des armées fédérales, il n'avait jamais cessé de nourrir une circonspection aiguë contre la vice-présidente de la fédération. Tout en cette femme âgée d'une cinquantaine d'année suintait le mal et le chaos, encore plus que chez son géniteur. Desree Viladji avait été nommée vice-présidente de la Fédération Junite trois ans après l'accession de Leeroye Copernick à la présidence. Par ailleurs, Vaillant se remémorait parfaitement l'expression faussement étonnée de Desree, lorsque le président du conseil constitutionnel avait prononcé son nom dans la salle des Croisées quelques années plus tôt. Depuis cet instant, elle n'avait cessé de diriger la fédération avec une austérité cinglante, digne de l'être infect quelle représentait.

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