Silk Ribbon [Yoonmin]

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« Pourquoi moi ? »

En cette instant précis, piégé entre le mur de la salle de musique et le corps d'un homme qui m'est inconnu, je me pose cette question.

Tétanisée par la peur, je ne peux qu'endurer l'inconfort de me faire écraser contre un mur.

Et avant même que je puisse tourner la tête pour découvrir le visage de mon ravisseur, un ruban noir en soie, incroyablement doux ce pose sur mes yeux, m'apportant un frisson indéfinissable.

Dans l'aveuglement total, affûtant tout mes autres sens, mon homme inconnu pris enfin la parole, son souffle contre mon oreille à cette instant, réveilla au plus profond de moi un être que je n'aurais jamais cru exister. Et d'une seul phrase, avec seulement quelques mots, je compris que mon calvaire dans ce lycée venait de prendre une tout autre tournure. Une tournure qui ne fit qu'empirer ma triste existence.

- Tu m'appartiens corps et âme maintenant.

[Six heures avant]

Première insulte sur un papier, deuxième insulte sur un papier, troisième insulte sur un papier et maintenant j'ai arrêté de compter.

Ces petites bouts de papier s'accumulent sur mon pupitre au fur et à mesure que le temps passe.

Le professeur se tenant devant nous, face au tableau, fait comme si il ne savait pas ce qui se passé derrière son dos. Enfin, c'est ce que je crois.

Les cours de mathématique sont toujours aussi long, un cour d'une heure et pour moi égal à quatre heures.

Mais je préfère largement être assis sur cette chaise sale et remplie de gribouillis plutôt que de me retrouver seul dans les couloirs de ce maudit lycée, là ou je serais à la portée de tout le monde, à la portée de ces satanés adolescents. Alors je prends mon mal en patience et écoute du mieux que je peux ce professeur ennuyeux, la tête baissée et les mains croisées entre elles sur ma table.

Je ne veux pas lever la tête, je ne veux pas croiser son regard, je sais qu'il n'attend que ça, que je le regarde.

Il veut attirer mon attention avec ces petite bouts de papier ou avec des petits bruits de gémissements obscènes qu'il demande aux autres de faire quand je suis là .

Mais je ne lèverai pas la tête, il ne faut pas que je croise son regard car au moment où nos yeux se rencontreront, au moment où je verrais son sourire vicieux, je saurai que ce sera la fin pour moi.

La fin des quelques heures de paix qu'il m'a permis d'avoir depuis que je suis entré dans cette classe ce matin, la fin qui laissera sa place au début de ma purge.  Au début des coups, des pleurs, des cris, des rires et des regards.

Perdu dans mes pensées, je remis pieds sur terre quand la sonnerie annonçant l'heure de la pose déjeuner sonna. Le professeur arrêta de parler et sortit de la salle des regrets de métier plein la tête, avec lui, des élèves se dirigeant avec hâte au self râlant qu'ils mouraient de faim. Moi je reste à ma place, mes jambes ne veulent pas bouger, ils sont comme paralysés comme à chaque fois que la sonnette retentit...

Comme à chaque fois qu'il reste dans la salle en me regardant.

Puis sans prévenir, il se leva me décrochant un petit sursaut, il se dirigea vers la porte de la salle et d'une voix mielleuse mais remplie de malice il me dit :

-C'est l'heure de manger Jiminie, tu devrais te dépêcher avant qu'il ne reste plus rien au self. Puis il partit le sourire au coin.

J'ai envie de vomir.