Vrai gentil, Faux méchant (en auto-édition)

Chapitre 5

Charlotte était en train de se préparer à sortir lorsque je franchis le pas de la porte.

— Tu t'en vas ? lui demandai-je déçue.

— Oui, j'ai rendez-vous.

Elle était toujours fâchée contre moi. Je trouvais cela un peu injuste parce que si la situation avait été inversée, elle n'aurait pas hésité non plus.

— T'es restée avec lui tout ce temps ? me demanda-t-elle sèchement.

— Oui.

— Vous êtes genre ensemble, maintenant ?

— Non, lui répondis-je simplement.

Je ne sais si elle vit ma tristesse mais elle se radoucit un peu.

— Tu m'en veux encore ? en profitai-je pour lui demander.

Elle me regarda silencieuse un instant.

— Non, finit-elle par me répondre.

Elle me sauta alors au cou et m'enserra fortement.

— Ça s'est mal passé ? me questionna-t-elle gentiment.

— Non, c'était parfait.

— Alors pourquoi t'as l'air toute triste ?

— Parce que c'est fini.

Je sentis les larmes me monter aux yeux.

— Viens, dit-elle en me tirant par la main jusqu'au canapé. Raconte-moi.

— Il m'a traitée tellement bien du début à la fin. C'était juste magique. Mais ce genre de chose, c'est pas fait pour moi.

— Pourquoi ça ?

— Je mérite pas d'avoir quelqu'un qui a autant de considération pour moi.

— Tu mérites d'avoir tout ce que tu veux. Je sais pas pourquoi tu te dévalorises tout le temps comme ça, mais c'est pas parce que tu couches avec pleins de mecs que ça fait de toi quelqu'un de mauvais. Si Jérémy te fait te sentir bien et que tu le veux, tu devrais lui dire.

— On en a parlé.

— Et ?

— Il peut pas avoir de copine pour le moment, c'est trop compliqué avec son boulot.

— Ça c'est une excuse à la con. Désolée mais il est pas honnête avec toi là, tu crois pas ? Et pour toi, c'est ça être bien traitée ? Il est juste comme les autres Sophia.

Charlotte avait tendance à partir au quart de tour quand il s'agissait des mecs.

— Non, il a raison. Et honnêtement, je ne sais pas moi-même si c'est vraiment avec lui que je veux être. Ce que j'ai aimé, c'est ce que j'ai ressenti. Mais est-ce que je l'aime lui, j'en sais rien. Et puis, même si c'était le cas, je peux pas le forcer à m'aimer.

— Il t'a toute chamboulée, j'ai l'impression.

Je hochai la tête. Elle me resserra très fortement dans ses bras.

— Tu veux que j'annule mon rendez-vous et qu'on s'empiffre de glace ? me demanda-t-elle.

— Non, sors, va t'amuser. Je vais aller me coucher tôt pour être en forme pour le boulot demain.

— Ok.

Charlotte me laissa là, seule avec mes pensées qui se bousculaient dans ma tête.

Je n'avais pas osé lui parler de ce que Jérémy m'avait raconté sur elle. C'était mieux ainsi. Je la connaissais bien et je savais qu'elle se braquerait si j'abordais ce sujet. Mais j'allais quand même essayer de garder un oeil sur elle.