Hacker Girl

Chapitre 2 : La menace

- Bon, tu comptes me dire qui tu es ? lança l'inconnu après quelques secondes de lourd silence.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, je suis hackeuse, c'est tout ce que t'as à savoir.

- T'as pas de nom ?

- A. M.

- C'est ton vrai nom ? demanda-t-il ironiquement.

- Bien sûr.

Amétrine ricana.

- On m'appelle Scapolite, reprit-il.

Ce n'était pas son vrai nom non plus.

- T'es chasseur de prime, dit-elle.

- Bien vu.

- Tu travailles pour qui ?

- Tu t'attends vraiment à ce que je te réponde là ?

Non, elle ne s'y attendait pas. Les chasseurs de prime taisaient toujours le nom de leur organisation.

- Et toi, tu travailles pour qui ?

- Personne.

- Tu travailles forcément pour quelqu'un.

- Non.

Il se tut un instant.

- T'es indé ?

Elle hocha la tête car cela ne servait à rien de le cacher. « Indé » était le diminutif pour « indépendant ». Autrement dit, il s'agissait d'un tueur à gage ou un hackeur qui travaillait à la commission, sans patron.

- Alors tu travailles au moins pour un client.

- Non.

Il secoua la tête.

- Ecoute, dit-elle, je me fiche bien que tu me croies ou non. Dans quelques minutes je te larguerai sur le bord d'une route et on ne se verra plus jamais.

- Oh ça, permets-moi d'en douter.

Il pointa son pistolet dans sa direction. Amétrine s'insulta mentalement : il était peut-être un piètre agent en termes de discrétion, mais il l'avait désarmé sans même qu'elle ne s'en rende compte.

- J'ai besoin des informations que tu as piquées.

- Conclusion, tu ne peux pas me descendre, donc range ton arme elle sert à rien.

Elle avait appris à ne pas perdre la face quand on la menaçait. Avec les tueurs à gage qui ne connaissaient pas vraiment le mot « compassion », c'était souvent la meilleure défense.

- Non, en effet, je ne peux pas te tuer. Par contre je peux te blesser.

Elle ne prit même pas la peine de répondre et continua de conduire. Après quelques minutes de silence cependant, il fallait bien qu'elle reprenne la discussion.

- Je ne te donnerai pas les informations. Je m'arrête à la prochaine aire d'autoroute et je te dépose.

- Et qu'est-ce qui te fais croire que je vais accepter de descendre ?

- Tu ne sais même pas ce qu'il y a dans ces données ! s'emporta-t-elle en se rendant compte qu'elle n'avait pas d'arguments.

- Non, mais mon patron me les a demandées donc je compte bien les lui amener.

Elle pouffa. Les tueurs à gage en organisation n'étaient rien de plus que des hommes de main, les marionnettes de leur employeur.

- Ça m'étonnerait que ton boss soit ravi à l'idée que tu menaces A. M.