Hacker Girl

Chapitre 20 : Le baiser

Amétrine toqua à la porte d'Hippolyte. Elle entendit ce dernier grogner, puis s'approcher. Quand il lui ouvrit, elle le découvrit encore en train de se préparer : les tenues de missions de C. T. U. P. étaient très pratiques sur le terrain mais impossibles à enfiler !

- Un problème ? demanda-t-il.

La jeune femme secoua négativement la tête et se permit de pénétrer à l'intérieur de l'appartement. Le chasseur ne lui fit pas de remarque et referma la porte derrière elle.

- Je voulais juste te parler avant le début de la mission, finit-elle par dire.

Le châtain haussa un sourcil.

- T'es sûre que tout va bien ? Tu fais une tête bizarre.

Cette fois, elle haussa les épaules. Elle se rapprocha du jeune homme, l'aida à fermer le haut de sa tenue, et attrapa le col de ses mains.

- Qu'est-ce qu'il y a ? relança-t-il une nouvelle fois.

- Fais attention ce soir.

Sa voix n'était qu'un murmure inavoué, un soupir d'inquiétude.

- Tu fais souvent des conneries, enchaîna la hackeuse. Je n'ai peut-être fait qu'une seule mission avec toi, sans être sur le terrain qui plus est, mais entre le jour de notre rencontre et hier, j'ai bien vu que tu n'en faisais qu'à ta tête.

- J'ai l'habitude de ce genre de mission.

- C'est bien ce qui m'inquiète !

Sa voix s'était un peu plus emportée que ce qu'elle ne l'aurait désiré. Elle reprit plus calmement.

- Hippolyte, je ne veux pas que tu sois trop confiant parce que c'est typiquement dans ce genre de situations que les choses dérapent. Par manque de précautions. Tu ne peux pas savoir le nombre de client avec qui j'ai bossé qui ont fini par se faire prendre parce que « ça fait mille fois que je fais ça, je gère ». C'est la pire phrase à dire pour un tireur à gage.

Le garçon resta silencieux un moment, il n'était pas habitué à voir Amétrine si... précautionneuse.

- Je ferai attention, promit-il finalement.

La prénommée A. M. sembla se contenter de ces quelques mots et s'écarta de son interlocuteur. Hippolyte avait un rôle important dans la mission. Un rôle dangereux. Au même titre que Robin ou Sylvestre ou elle, mais elle avait plus confiance en eux qu'en lui. Il était imprudent, c'était dans son tempérament.

- Amé ? reprit-il.

La femme aux cheveux violets releva la tête.

- Oui ? fit-elle.

- Fais attention toi aussi. On ne peut pas dire que tu sois non-plus un exemple de sagesse.

Le sourire en coin d'Hippolyte prouvait qu'il se servait de l'inquiétude d'Amétrine pour se moquer d'elle, une dernière fois avant la mission. De toute manière, elle était ainsi leur relation : chien et chat, chat et souris, haine et amour.

La jeune femme s'avança de nouveau vers lui, très lentement. Presque aussi lentement que la fois où elle l'avait rejoint dans son appartement, le lendemain de l'incident de la douche. Là où tout avait commencé. Ledit Scapolite la laissa faire et, une fois à son niveau, il se chargea de faire le premier pas : il l'embrassa.

Ce baiser-là, les deux le savaient, n'avait rien avoir avec les autres. Pourtant, ils avaient eu l'occasion d'en expérimenter beaucoup : le premier, le passionné, l'après sexe, l'avant sexe, le routinier... Mais celui-là, il avait ce petit arrière-goût qu'on ne pouvait cacher, ce petit arrière-goût d'amour.