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Je devenais folle à force de tourner en rond dans la chambre de Billie. J'étais rester dans la sienne. Tout ici avait son odeur ou une trace de son passage et ça me faisait du bien comme je ne m'autorisais, on ne m'autorisant pas ne serait-ce que de la voir. La moi d'avant n'était plus là, la moi dont elle était amoureuse était partie en même temps que ma virginité. La moi de maintenant était une coquille vide, sans vie. À part rester au lit et vouloir me couper les veines pour voir mon sang couler, je ne faisais pas grand chose. Je ne dormais pas non plus, les cernes creusant mon visage livide et blafard en était les conséquences. Le soleil était présent tous les jours ce qui réchauffait mon cœur recouvert de blessures. Il en était malade, je le savais très bien. Tout revenait dans ma mémoire sans arrêt, j'en cauchemardais toutes les nuits. Je revoyais la scène : Lui au-dessus de moi me racontant des paroles obscènes, ses coups de bassins et sa langue parcourant mes seins. Je me faisais vomir à chaque fois que j'avais le malheur d'y penser. Ce n'était plus une vie.

Des pas de rapprochaient de ma porte. Leur voix étaient de plus en plus audibles. Je les entendait souvent passer pour rentrer dans leur chambre. Billie peut-être un peu plus que les autres. Elle s'arrêtait devant la porte pour parler. Je ne répondais rien mais j'écoutais. Ses mots étaient différents à chaque fois mais cachaient le fait qu'elle voulait m'aider. Cette fois, la brune ne faisait pas partie des passants. La porte s'ouvrit sur Jahseh et oncle Bam Bam. Les deux se regardèrent avant d'échanger un hochement de tête. L'un parti pour laisser l'autre avec moi.

"_ Bonjour Candice.
_ ...
_ Je ne m'attend effectivement pas à ce que tu me répondes. Alors, écoutes au moins.
_ ...
_ J'ai appris ce qu'il s'était passé et je n'ai pas regardé cette cassette pour pouvoir te laisser ton intimité. Je sais que tu dois penser beaucoup de mal à ton sujet mais sache déjà que ce n'est en aucun cas de ta faute.
_ ...
_ C'était prémédité. Alors que tu te sois saoulée ou non n'aurait rien changé. Le seul fautif dans l'histoire c'est ton agresseur. Maintenant, j'aurais juste besoin que tu coopéres un peu. Tu dois me dire ce qui se passe dans ta tête actuellement.
_ ...
_ Regarde moi s'il-te-plaît."

Je releva la tête. Il ne s'attendait clairement pas à un tel visage. Son air toujours enjoué n'existait plus. Je ne lui avais en aucun cas demandé sa pitié. J'étais déjà assez pitoyable.

"_ Mais tu ne dors pas !
_ ..."

Très mal en tout cas. Je ne faisais plus non plus attention à moi, à ce que je pouvais ressembler. Je pouvais ressembler à un poux cela m'était bien égal.

"_ Dis moi quelque chose. Trois mots au moins.
_ ... Je suis sale.
_ Co... Comment ?"

Il retourna à la porte. Billie était caché derrière à essayer d'entendre ce que l'on s'était dit. Qu'est-ce que j'aurais pu dire d'autre ? J'étais sale. Je sentais bien que ça commençait à s'incruster dans mes os, dans ma chair.

"_ Je ne peux rien faire.
_ Quoi ? Mais Bam Bam, tu sais toujours trouver les mots juste et...
_ Elle ne parle pas. La seule chose qu'elle m'a dit c'est qu'elle était sale et puis regarde moi son visage."

Je tournais la tête pour ne pas à avoir à la regarder dans les yeux. Elle s'approchait, je l'entendait. Il ne fallait pas qu'elle me touche. Bil' s'accroupit devant moi avant de prendre mon menton de ses doigts délicats pour me tourner vers son regard océan. "Ton vagin attendait patiemment que les doigts fins et délicats de ta copine entre en toi...". Il fallait que je fasse tout sortir. J'y avais repensé. Mais mon regard ne pouvait pas se détacher du sien. Elle cligna des yeux me laissant le temps de me débattre pour me dégager. J'allais sauter mais ses bras s'enroulèrent autour de moi pour que je reste là où j'étais.

"_ Bil' il faut que je vomisse. Laisse moi aller dans la salle de bain. Je suis sale.
_ Arrêtes de dire que tu es sale ! Pourquoi tu veux vomir ?
_ J'y ai repensé. Je dois aller vomir.
_ Tu n'iras nul part.
_ Lâches moi, je vais te salir.
_ Je suis prête à être salie si il le faut pour rester avec toi."

Je me mis à pleurer et à crier de rage et d'amertume. Je bougeais comme je le pouvais pour qu'elle me lâche. J'étais folle. Jahseh et Finneas courèrent la récupérer. J'étais en pleine crise. Je n'avais pas voulu lui faire mal ou être méchante avec elle car je voulais juste la protéger de moi.

"_ On ne peut rien faire. T'as vu comment elle réagit face à toi. Certes tu es la seule à qui elle parle mais elle réagit mal à chaque fois.
_ Je veux l'emmener voir un psychologue.
_ On a pas l'argent encore une fois.
_ Je vais chercher du travail et j'y vais tout de suite."

Pouvaient-ils arrêter de parler comme si j'étais sourde, que je ne pouvais pas les entendre ? Je n'étais pas malade. Je ne voulais pas être suivi. Je devais rester comme ça et m'occuper de ça seule. Je n'avais plus cinq ans. Personne ne pourrait me faire redevenir ce que j'étais. La sale gouine et vierge que j'étais. Si il existait une solution pour tout effacer, je l'aurais fait. La souffrance que Billie m'avait infligé en me rendant jalouse de ses conquêtes n'était rien comparé à ce que j'avais vécu à l'hôtel. La seule chose qu'il n'avait pas touché pendant l'acte mais avant c'était mes lèvres. Peut-être qu'il ne pensait pas à mal ? Je devais l'avoir provoqué. Ma faute. Ma faute. Ma faute. Ma faute. "Ton corps attendait de se faire bouffer par sa bouche, que sa langue te parcoure entièrement...". Ma tête tournait à force de l'entendre. Il avait prit Billie pour une pute sur qui il pouvait parler librement. Il s'était moqué d'elle. Loan, j'allais te tuer si tu t'approchait d'elle.

Le ClosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant