« L'extrême injustice consiste à paraître juste, tout en ne l'étant pas. » Platon.
𝕃𝔼𝕆ℕ ☼
Des notes de musique m'arrachent de mon rêve érotique et me font émerger. Gabriel passe sa vie sur son foutu piano, ce n'est pas possible autrement. Il mérite que je lui fasse avaler les touches et son pupitre. La lumière du jour filtre à travers les mailles du rideau et éclaire partiellement ma chambre. En grognant, je m'étire pour basculer sur le flanc. Là, une silhouette dénudée m'accueille.
Hm, c'était pas un rêve. Dieu merci.
Je ne connais pas une meilleure façon de commencer la journée. Satisfait de la vue qui s'offre à moi, je souris et dessine des cercles sur le dos d'Alice.
— Qui est-ce qui joue comme ça ? demande-t-elle après avoir bâillé.
— Gabriel. Il nous refait son numéro de zikos incompris. Désolé pour ça.
— Tu rigoles ? En venant dormir dans une coloc de mecs, je m'attendais à autre chose que d'être réveillée par du piano. Moi, ça me va.
À son tour, Alice se retourne et dépose sa tête contre mon torse.
— Par contre, j'aurais dû me lever plus tôt pour filer en douce et ne pas croiser tes potes, regrette-t-elle.
— Bah tu peux toujours partir par la fenêtre, mais si t'atterris dans les rosiers de la concierge, tu vas te faire appeler Léon.
Avec une moue perplexe, elle relève la tête vers moi.
— Pourquoi je me ferais appeler Léon ?
— C'est une expression, tu connais pas ? Ça veut dire « se faire enguirlander », expliqué-je avant de marquer une pause. D'ailleurs, je comprends mieux pourquoi mes parents m'ont choisi ce prénom...
Finalement, ça aurait pu être pire. J'aurais pu m'appeler Élias, être le dernier des enfoirés et me sentir surpuissant avec mon entreprise d'import-export à la mords-moi-le-nœud. En faisant abstraction de mon air pensif, Alice me grimpe dessus et s'assied à califourchon sur mes cuisses.
— Quoi, tu veux remettre ça ?
— Pas toi ? minaude-t-elle.
Sans rougir de sa nudité qu'elle me dévoile ouvertement, elle se penche vers mon cou pour le dévorer.
— Je travaille, aujourd'hui, expliqué-je, dépité de devoir mettre un terme à ses ardeurs. Et j'ai faim. Je peux rien faire tant que j'ai pas avalé mes Chocapic.
— Terriblement sexy, ça, raille-t-elle en retournant à sa place initiale.
Rien que d'imaginer mon bol de céréales réchauffé au micro-ondes, je sens mon ventre se tordre d'appétit. À mes côtés, Alice entortille ses cheveux bruns autour de ses doigts, les yeux rivés vers le plafond.
— En tout cas, brillante idée d'être redevenue célibataire. Comment il s'appelait déjà ?
Du revers de l'index, je caresse son bras et embrasse sa peau aussi pâle que celle d'une poupée de porcelaine. Son teint clair fait ressortir ses beaux iris émeraude. C'est d'ailleurs l'une des premières choses qui m'a charmé chez elle, après ses atouts toujours mis en valeur, évidemment. Alice a conscience de plaire et en joue sans pudeur. J'aime sa confiance, ce petit côté désinvolte qui accompagne ses techniques de séduction souvent payantes.
— Nathan et je suis encore avec.
Sacré nom de Dieu.
Les yeux exorbités, je me redresse d'emblée sur mes coudes.
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Ici et maintenant (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)
RomanceÀ force de courir après son passé, dans l'espoir de comprendre l'inconcevable, Alba en oublie de reprendre son souffle. Elle suffoque, perdue dans la spirale d'ondes négatives qu'est devenue sa vie. Experte des nuances, des demi-teintes et des faux...