Le voyage scolaire commence !

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La sonnerie tonitruante de mon réveil retentit. Alors que mes yeux s'ouvrent tant bien que mal, je me repasse en mémoire le rêve improbable qui a fleuri dans ma tête. Je referme les paupières quelques instants et me rappelle soudainement de la raison pour laquelle je me suis levée à six heure ce matin.

- Le voyage scolaire ! je m'exclame en hurlant. 

Je saute de mon lit en hauteur pour atterrir tant bien que mal sur le parquet grinçant de ma chambre et j'ouvre mon armoire pour enfiler la tenue déjà prête depuis longtemps pour l'occasion : Une salopette en jean, un tee-shirt marinière et des bottes en caoutchouc jaune. Lorsque j'entre dans le salon, mes parents me regardent avec fierté.

Ce voyage, je l'ai organisé de toute pièce. Je tiens à ce qu'il soit parfait et ce sera le cas. 

Je les embrasse tous les deux, m'empare de mon pique-nique et de mon sac, puis, je cours vers le collège à deux rues de chez moi. 

J'arrive avec une demi-heure d'avance pour tout préparer avec Monsieur Gribble, notre professeur de français à l'accent anglais.

- Amelune ? Est-ceuh queuh tuh as charwgé toutes les tentes ? me demande-t-il en désignant la 

soute à bagage.

- Oui monsieur, je réponds en souriant. Tout est près pour le départ.

Dès l'instant où je prononce cette phrase, les élèves de ma classe arrivent de chaque côté de la rue et saluent le professeur. Je me faufile discrètement jusqu'à ma meilleure amie et lui souffle :

- Hermine. Je n'arrive pas à y croire, tout est enfin prêt !

- Bravo, me félicite-elle en posant son sac dans le coffre du car.

Aux anges, je monte à l'arrière du bus avec toutes mes copains et celui-ci démarre doucement. 

- Le voyage scolaire commence ! je m'écris distinctement de manière à ce que toute ma classe entende. 

Le conducteur sourit et finit par s'engager sur l'autoroute. Je regarde le paysage filer à travers la fenêtre et prend pars de temps en temps aux discussions de mes camarades. Il y est toujours question de garçons ou de disputes stupides mais c'est assez amusant de les écouter divaguer là dessus.

Il est midi et nous nous arrêtons devant une station service pour y prendre notre déjeuné. Je sors mon sandwich de sa boite et jette un coups d'œil au bus. Ni le conducteur, ni Monsieur Gribble n'en sont sorti.  

Soudain, notre professeur trébuche sur la marche du car, le front en sang, et hurle comme un diable :

- Les enfants courrez !!!!

Je me lève et empoigne les poignets de mes camarades. Je leur crie d'aller se réfugier dans les toilettes de l'aire d'autoroute puis, je me mets à galoper vers le professeur. Avant que je n'arrive jusqu'à lui, il s'effondre. Un jet de sang m'éclabousse le visage et brouille ma vue. Je recule en titubant et me frotte les yeux. Le professeur ne respire plus et mouille le sol de son hémoglobine. 

Du sang, trop de sang, je tombe sur l'herbe et ma vue se dédouble. Un homme drapé de noir s'avance vers moi. 

Il s'apprête à me tirer dessus mais le conducteur du bus, donc la moitié du corps est en feu, lui attrape la cheville et lui hurle d'une voix désincarnée :

- Ne la touche pas... 

Le meurtrier abrège ses souffrances d'un coup de crosse en pleine tête. Il me regarde, semble hésiter, puis, comme si il se recroquevillait sur lui-même, disparait dans une distorsion du paysage.

Mon esprit sombre dans les ténèbres et j'entends des hurlements. Hermine... aide moi... Je t'en pris. 



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