Le voyage scolaire

J'ai trouvé un plan

Lorsque j'arrive au dessus des arbres, je cherche une grande prairie pour nous y poser. La jauge de carburant commence à descendre et je n'ai pas envie de mourir dans un crash d'hélicoptère. Il faut donc faire vite. Tom, mon copilote improvisé, cherche sur internet les pistes les plus proches. Manque de chance, la seule qu'il trouve est celle de l'hôpital. Autant dire que c'est impossible de s'y arrêter sans attirer l'attention. Soudain, Pierre qui se trouve derrière mon siège me fait de grands signes :
- Là ! Il y a un champ.
- Ça fera l'affaire, je m'exclame en me concentrant pour atterrir.
J'avoue que mon ventre commence à se contracter sérieusement. J'avais déjà conduit un hélicoptère, il fut un temps, mais ma mère reprenait toujours les commandes lorsque nous nous posions sur le sol. J'essaye de me souvenir de ses mouvements mais c'est peine perdue. Ma mémoire ne remonte pas assez loin ou du moins, pas dans les détails.
- Tom ? Tu sais comment on fait atterrir ce truc ?
- Je n'en ai aucune idée ! Dis moi que tu me fais marcher ?
Mes mains se crispent sur les commandes et je me prépare à perdre de l'altitude. Je tourne en rond jusqu'en bas et l'hélicoptère commence à se rapprocher dangereusement du sol. Mes mains sont moites et glissent sans arrêts sur les manettes en cuir luisant. L'hélice se prend dans les branches et j'entends celles-ci ripper sur la coque de l'hélicoptère. Je compte lentement les secondes et me prépare à l'impact.
- Trois, deux... un...
Un craquement sonore se fait entendre. Les roues effleurent l'herbe mouillée et l'hélicoptère roule pendant quelques mètres avant de se stabiliser complètement. Je détache ma ceinture, me lève et regarde les passagers. A bord, plusieurs personnes ont vomis et Hermine leur a apporté des sac plastique destinés à la base au ramassage de déchets sur la plage. J'ai les larmes aux yeux. Tout le monde me regardent d'un air mi-apeuré mi-reconnaissant.
- Vous êtes tellement courageux, je réussis à articuler avec peine, des trémolos dans la voix.
Léa fait signe aux autres de sortir dehors. Elle sait que j'ai besoin de dénouer mes émotions. Pierre reste avec moi et Sixtine s'avance timidement pour me demander :
- Puisque ta maman est... ancienne trafiquante... Pourquoi ne pas l'appeler pour qu'elle nous aide ?
Je regarde cette pauvre élève terrifiée et malgré moi, un sentiment de mépris me pique le cerveau.
- Si elle venait a notre rescousse, les hommes qui nous poursuivent auraient alors gagnés. Ils pourraient tous nous prendre en otage et ainsi, ma mère sera obligée de payer l'argent qu'elle leur doit.
- Maïs est-ce vraiment grave ? Après tout elle est riche et... des vies humaines valent plus que quelques dollars ! s'énerve Sixtine en me regardant comme une extra-terrestre.
- Je ne sais rien de cette histoire, lui fais-je remarquer en soupirant. Ce que je sais en revanche c'est que ma mère n'a pas donné son argent pour une bonne raison. Qui sait qui ils sont et de quoi ils sont capables ?
- Tu nous demandes de te faire confiance alors que toi même tu n'as aucune idée de ce qui se passe ?
La justesse de ses propos me touche en plein cœur.
- Tu as raison... Je dois vous conduire en lieu sûr. Laisse moi organiser cela Sixtine. J'arrive.
Alors que la jeune fille sort de l'hélicoptère. Je m'asseye sur un siège et prends ma tête dans mes mains. De larmes s'échappent malgré moi de mes yeux et tombent lentement sur ma salopette et sur mes cheveux dorés. J'aperçois un pistolet posé sur le tableau de bord. Tout serait tellement plus simple si...
Pierre me prend alors dans ses bras.
- Ça va aller... je crois en toi, me murmure-t-il à l'oreille.
- Mais est-ce que tu as raison ? je demande en le serrant plus fort.
- Je le sais, chuchote-il.
Son visage s'approche alors du mien. Mes yeux larmoyants se plongent dans les siens d'un bleu foncé pétillant. Sa main me caresse le visage et se pose sur mon épaule. Je rougis comme une tomate et entends une voix :
- C'est comme ça que vous cherchez un plan pour tous nous sauver ?! hurle Sixtine, sur le pas de la porte.
- J'ai trouvé un plan, je tonne, pleine d'une assurance nouvelle.