Fausses Notes

Chapitre 9 : Lune voyante

Cela faisait de nombreuses heures qu'Erza se remuait dans son lit, à la recherche d'une position qui lui apporterait enfin le sommeil.

Ses insomnies se faisaient de plus en plus régulières, ce qui terminait d'enrager la jeune femme.

Bon... C'est pas gagné pour aujourd'hui non plus...

Elle se redressa doucement, enleva sa couette et s'assit sur le bord de son lit. Elle chercha vaguement de ses pieds ses pantoufles, puis les enfila rapidement. En se mettant debout, elle attendit quelques secondes afin de reprendre son équilibre, et se dirigea vers la porte de sa chambre.

Tout en veillant à faire le moins de bruit possible, la rousse traversa les couloirs pour rejoindre une porte coulissante. Elle l'ouvrit et sortit dehors, sans pouvoir empêcher un petit soupir d'aise s'échapper de ses lèvres.

L'air frais lui avait toujours fait un bien fou.

La bassiste avança encore un peu, pour finalement prendre la route vers le petit jardin qui entourait le Niji.

L'herbe était légèrement mouillée, dû à l'humidité apportée par le froid qui reprenait peu à peu ses droits.

L'hiver sera rude cette année, pensa la jeune femme.

Elle ne s'occupa pas de craindre de mouiller ses habits, et s'assit de suite contre le tronc d'un des rares arbres présents dans le jardin.

Le vent apportait à son nez les parfums agréables de la nuit, relaxant directement la musicienne.

Puis, elle leva lentement sa tête vers la seule source de lumière qui brisait l'harmonie sombre du noir.

La Lune était pleine, et brillait de mille feux. Elle semblait vouloir montrer toute sa splendeur au monde endormi, aidant le marchand de sable dans sa tâche, et occupant ceux dont le sommeil ne voulait s'inviter.

Erza sourit tendrement à la belle Lune, relaxant son cœur par la même occasion.

Ses poils étaient hérissés à cause de la fraîcheur, mais elle ne s'en occupait guère.

Alors qu'elle observait l'astre lui faire un clin d'œil, la jeune femme se mit à se remémorer les derniers événements qui avaient chamboulé son quotidien du jour au lendemain.

Cinq hommes.

Cinq hommes qui s'étaient invités chez eux sans honte.

Certes, aucun d'eux ne l'avait fait de son plein gré, mais la belle rousse ne pouvait s'empêcher de grincer des dents.

Cinq inconnus avaient brisé la bonne entente en un claquement de doigts.

Et qui savait de quoi ils étaient encore capables ?

Non, elle n'avait pas confiance en eux.

Ils étaient pour elle de simples parasites qui dérangeaient sans aucune gêne leur petit monde. Et Erza s'était promis de protéger le bonheur de ses amis coûte que coûte.

Du haut de ses vingt-six ans, la jeune femme avait toujours eu une vie lourde en chamboulements. Et d'années en années, elle avait appris à observer le monde dans lequel elle vivait.

Soit on protège et on sauve, soit on ferme les yeux et on perd.

Ces quelques mots étaient ancrés dans son cerveau depuis bien longtemps, et elle n'hésitait en aucun cas à appliquer ces principes.

Pour leur bien.

Sa vie, elle s'en fichait presque. Certes, elle était à présent heureuse, mais son bonheur ne reposait que sur les personnes qu'elle côtoyait.