Un goût d'adieu

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Je n'avais par réussi ma mission, je n'arrivais pas à protéger les gens que j'aimais.

Mes yeux s'étaient posés d'eux-mêmes sur les mots écris par Steve, et j'avais commencé ma lecture sans le vouloir. Cependant les brumes de mon cauchemar n'étaient pas tout à fait dissipées ce qui m'empêchai de comprendre convenablement ce que je lisais. Je me levai et me dirigeai vers ma salle de bain ; j'avais décidément besoins d'une douche (froide) pour me remettre les idées au clair. Je commençai à me déshabiller en laissant dans le couloir mes affaires afin de sauter directement dans ma douche. L'eau coulant de mes cheveux à mes épaules m'apaisa presque instantanément, je sortais enfin de ma torpeur mais restais tout de même défaite et perdue. Je n'avais jamais fait un rêve aussi violent depuis la mort de Steve. Le premier mois, mon esprit était resté dans un épais brouillard de tristesse et de lamentation. Les jours et les nuits s'enchaînaient sans que je ne fasse de distinction entre l'un ou l'autre, somnolent quand les souvenirs devenaient trop pénibles à supporter. Je m'étais enfermée chez moi ne voulant pas recevoir de visite. Je ne mangeai que trop peu et manquais cruellement d'un sommeil réparateur. Le second mois, Sam avait presque enfoncé ma porte pour me forcer à ne pas rester toute seule. Il avait surveillé jour après jour que je remangeais normalement, il m'avait veillé nuit après nuit chassant les mauvais rêves en me réveillant quand je m'agitais de trop dans mon sommeil. J'avais alors recommencé à sortir prendre l'air. Revoir l'équipe avait dû attendre le troisième mois. Malgré la chaleur qu'ils m'apportaient tous, je me sentais gelée en permanence. Toute joie de vivre avait quitté mon corps et je ne vivais qu'en mode automatique comme encore aujourd'hui. 

Je repris soudainement conscience de l'eau qui s'écoulait sur moi. Je l'éteignis et sortie de ma douche. Nue, je m'arrêtais devant mon miroir et me jugea : les années passées à être Black Widow avaient sculptées mon corps le rendant svelte et musclé. Les nombreuses cicatrices accumulées au fil de ses années témoignaient aussi de celle que j'avais été. Pourtant en me fixant dans cette glace, je me trouvais méconnaissable. La vieillesse commençait déjà à me rattraper et mes premières rides s'étaient installées sur mon visage et mes mains. Mes cheveux avait retrouvé le roux auquel je tenais tant mais je les trouvais ternes et abîmés. Mes yeux avaient eux aussi perdu leur éclat. Je me trouvais ridicule et vielle. Les paroles de la Peggy de mon cauchemar me revinrent en tête, si Steve avait préféré se détourner de moi c'était bien par ce que je n'étais plus moi. C'est déprimée mais propre et réchauffée que je retournais m'installer dans mon sofa ; je repris en main la lettre de Steve et me remis à ma lecture. 

Je n'avais par réussi ma mission, je n'arrivais pas à protéger les gens que j'aimais. Je vous avais mis en danger intentionnellement et je n'étais pas parvenu à sortir Peggy de sa maladie. Et maintenant elle était morte. J'imagine que cette partie de la lettre ne va pas trop t'intéresser même si je sais que tu portais un grand respect pour ma relation d'un autre temps. Tu me l'avais de nombreuses fois prouvé en m'écoutant parler de Peggy et surtout en venant me rejoindre à ses obsèques. Pour d'autre ça ne serait sûrement qu'un petit rien, mais pour moi ça voulait dire beaucoup. Je ne vais pas t'ennuyer avec des lignes et des lignes sur la douleur que j'ai pu ressentir. Ce que je voulais surtout te dire c'est que tu m'avais aidé à faire mon deuil. Tu n'avais jamais rencontrer Peg, et pourtant tu trouvais toujours les mots justes lorsque tu me parlais d'elle. Comme si tu avais pu te glisser dans mon esprit pour vivre mes souvenirs. Ce qui était très certainement le cas, tu devais finir par connaître mes histoires par cœur à force de les entendre. Je n'ai jamais tourné la page de mon passé avec elle sauf qu'avant d'en parler avec toi, je pensais que ça me rongerait à petit feu jusqu'à ce que je meure à mon tour. Grâce à toi ça ressemblai plus à une vielle chanson que je ne cessai d'écouter avec nostalgie. Comme la vielle chanson russe que tu m'avais fait écouter durant une de nos nuits d'insomnie. Peggy allait toujours être présente dans mon cœur si ce n'est plus que de son vivant, mais je n'étais plus prisonnier de mon chagrin. J'avais encore une belle vie devant moi et je devais en profiter. 

Comment suis-je tombé amoureux de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant