Amitié précieuse

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- Bien-sûr qu'il t'aimait Nat, n'en doute jamais. 

- Pourquoi est-il parti alors Laura ? Je n'arrive pas à comprendre... 

Ma voix n'était plus qu'un murmure, je savais que j'étais injuste et égoïste de penser comme sa. Steve avait retrouvé l'amour de sa vie, et en tant qu'amie j'aurais dû m'en réjouir. C'était trop difficile, la blessure encore à vif, je n'arrivais pas à surmonter ma douleur. La cruelle et insensible Black Widow était devenue une vielle coquille complètement vide. Plus aucun sentiment heureux ne m'habitait, mon cœur battait par pur réflexe mais j'étais morte de l'intérieur. 

 - Je n'ai pas les réponses à tes questions Natasha je suis désolée... Je n'ai qu'une certitude, il t'a aimé tellement fort toutes ses années, ne remet pas cela en question Nat.

 Les voix étouffées de Lila et Nathaniel se chamaillant me parvinrent aux oreilles derrière la voix de Laura. 

 - Je suis désolée Nat, je vais te laisser.

 - Oui bien-sûr, je ne t'embête pas plus.

 - Je t'embrasse ma belle, tu es la bienvenue quand tu veux.

La communication coupa avant que je n'ai le temps de remercier Laura. Je savais que je finirais par aller me réfugier chez eux un moment ou un autre. Je ne pourrais pas rester ici éternellement. Sauf qu'aller chez les Barton me rappelais ma faiblesse : Clint avait sauté à ma place. Je me sentais tellement coupable, j'avais enlevé le droit à Clint de voir grandir ses enfants. J'avais privé une famille de son pilier. Laura et les enfants m'avaient rassuré, ils ne m'en voulaient pas, c'était la guerre et il y a toujours des sacrifiés durant une guerre. Sauf que Clint avait donné sa vie pour m'éviter de sacrifier la mienne. Pour ce que je faisais de ma vie aujourd'hui... J'avais vraiment provoqué mon propre malheur. 

Je marchais maintenant depuis plus d'une heure. Plus j'avalais les kilomètres, plus j'avais l'impression que mon chagrin reculait, d'un tout petit rien imperceptible mais quand même le bienvenu. Je reconnus soudain le quartier, j'étais bien loin de chez moi. Alors sans vraiment y réfléchir, je m'arrêtais devant la porte d'entrée miroir de chez Sam. J'hésitais avant de frapper, ne sachant plus si j'avais envie d'être seule ou de partager mon chagrin avec quelqu'un. Le destin choisit à ma place car la porte s'ouvrit soudainement et je me retrouvais face à un Sam grandement étonné.

- Nat ?!

- Je... Heu... Salut Sam.

- Entre, entre tu es détrempée. 

La maisonnette n'avait pas changé depuis l'époque où nous étions venue nous y réfugier avec Steve après la trahison et la manipulation d'Hydra. La même odeur d'épice flottait dans l'air ambiant comme lors de ma première venue. Tout était parfaitement en ordre et propre ; vu l'heure Sam avait dû aller courir il y a plus d'une heure de sa. Il se tenait là à côté de moi en silence. Puis d'un regard il me montra la salle de bain pour je puisse aller me sécher. Dans cette pièce aussi tout était comme dans mes souvenirs. Tandis que je m'épongeais, je ne pus empêcher les souvenirs d'affluer. Moi assise sur le bord du lit et Steve me guettant dans le miroir de la salle de bain. J'étais profondément troublée de me retrouver à nouveau dans cette maison. Si Steve pensais que la discussion dans la voiture était le point de départ de notre amitié ; je considérais cette discussion intime dans la chambre d'un presque inconnu comme le vrai départ de notre amitié et du lien si particulier qui nous avait unis toutes ses années. Trois petits coups discrets sur la porte stoppèrent ma rêverie. Sam entra et s'installa à mes côtés sur le lit ; il passa un bras autour de mes épaules et m'attira contre lui. Je me laissais à nouveau aller et pleurais contre lui. Il resserra son étreinte en passant son second bras dans mon dos. Sam avait tout de suite été un allié que j'avais respecté. C'était un homme bon, un fichtre bon soldat prêt à se jeter à bras le corps dans un combat par amitié. Tout comme Steve. Nous nous étions apprivoisé sur le vif du terrain mais ça n'avait pas été vraiment compliqué. Je lui avais fait confiance et il savais respecter mes humeurs et les supporter. Notre lien c'était fortifier durant notre seconde cavale, après la division des Avengers, mais je préférais ne pas y penser. J'étais heureuse de pouvoir le compter parmi mes amis aujourd'hui. 

- Il me manque tellement Sam...

- À moi aussi Nat. 

Il tourna la tête vers la housse qui contenais le bouclier étoilé. Steve le lui avait légué à son retour aux temps modernes. Sam l'avait accepté sans rechigner mais je savais qu'il l'avait fait à contrecœur. Le prendre signifiait que Steve Rogers n'était plus. Juste au-dessus de la housse, posé sur une étagère, un cadre photo était là. C'était une photo de nous au complexe Avengers, un après-midi de détente ou nous avions reçu les gardiens de la galaxie. Notre équipe était au complet, et les liens qui nous unissaient bien plus fort que de simples relations de travail. Nous étions une famille ; fichtrement bizarre et atypique mais si belle. Cette photo transpirait la joie et l'amour. Je comprenais pourquoi Sam l'avait mise en évidence. 

- Tu les as trouvées n'est-ce pas ? 

Je me tournais vivement vers lui. Il était au courant. Évidemment.

- Oui ce matin.

- Combien as-tu réussis à en lire avant de craquer ? 

Je lui fis un petit sourire. Sa question n'avait rien d'une reproche. C'était seulement l'inquiétude sincère d'un ami qui me savais dans la merde sentimentale. 

- Trois. 

- Wouah, j'avais parié sur deux, moi, bien joué. 

Son ton taquin me fis du bien. Je me reculais de lui pour lui donner un petit coup de coude amical entre les côtes puis m'amusai de la grimace qu'il fit. 

- Content de te retrouver Romanoff, tu es bien plus belle lorsque tu souris.

- Moque-toi le pigeon. 

- Mesquine ! 

Je riais de bon cœur. Et cela me fit le plus grand bien du monde. Sam se leva et me tendis la main. Sans plus de cérémonie, nous sortîmes de la chambre. J'y laissais un peu de chagrin, remplacé par une certitude : j'avais perdu mes repères mais je n'étais pas seule au monde comme je le pensais. Ma famille serait toujours là pour moi. Une petite lueur d'espoir dans ses derniers mois si noirs. 

Comment suis-je tombé amoureux de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant