Une rencontre

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Des dizaines de petites feuilles numérotées pliées en deux étaient éparpillées par terre tout autour de moi. Sous le choc de ma découverte, je m'étais assise sur le sol. D'une main tremblante je pris le bout de papier sur lequel était écrit un 1. Je reconnus directement l'écriture de Steve, petite et ronde, elle noircissait la feuille. J'essuyais les larmes qui brouillaient ma vue et commençais ma lecture. 

À l'intention de celui ou celle qui trouvera ces courriers, si vous êtes toujours joyeux et que vous vous battez comme une fille, ces messages ne vous sont pas adressés. Merci de les donner à la concernée. 

Je souris à cette petite note, Steve me charriait souvent sur le fait que je n'étais que trop peu souriante. Alors à chaque fois qu'il me faisait la remarque, je plaquais un sourire niai sur mes lèvres et il se fichait de moi. Nous rigolions bien, et il finissait toujours par me dire « Tu vois j'ai réussi à te faire sourire ... », alors je lui adressais un rire sincère et je lui répondais que c'était lui qui me rendais heureuse ; ce qui le faisait toujours rougir. Sortant de mes souvenirs, je repris ma lecture. 

Natasha, si tu lis ces lignes c'est que je suis mort ; et que tu dois me détester. Mais peut être que tu ne me hais pas assez pour quand même lire ces lettres. Ou alors c'est juste ta curiosité et ta capacité à mettre ton nez dans mes affaires qui te pousse à les lire. Peu importe, j'imagine très bien ta colère et je la comprends. J'espère qu'en lisant mes mots tu comprendras mieux mes choix et que ça t'aidera à avancer dans ta vie. Tu mérites de pouvoir être heureuse Natasha et je suis ravi d'avoir été celui qui t'a donné le sourire toutes ces années. Même si je doute encore de la véracité de cette phrase que tu me répétais à chaque fois. Le faisais-tu seulement pour me faire rougir ?

Un sourire m'échappa alors que les larmes coulaient de plus belle sur mes joues en noyant mes yeux de larmes. Bien sûr que j'avais été sincère à chaque fois que je le lui disais. Je savais qu'il le savait aussi. Il n'avait cependant pas tort : je le détestais. Je me sentais trahis et abandonnée, j'avais eu l'impression que notre amitié valait beaucoup à ses yeux. Pourtant il avait choisi de l'oublier en une seconde pour aller rejoindre les années 70 et sa belle. Je n'étais pas certaine d'être jalouse, j'étais seulement profondément triste de l'avoir perdu pour toujours. Séchant encore une fois mes larmes et fouillant dans mon sac pour y prendre un paquet de mouchoir, je me décidais à reprendre ma lecture. 

Tu comptes énormément pour moi Nat, je ne veux pas que tu croies le contraire à cause des choix que j'ai fait. Je ne serais pas devenu l'homme que j'étais sans toi et pour ça je t'en remercie. Te souviens-tu du jour de notre rencontre ? Moi comme si c'était hier. Phil Coulson était venu me chercher en hélicoptère (enfin si on pouvait appeler cela comme ça) pour m'amener sur la base volante du S. H. I. E. L. D. (D'ailleurs entre nous : mais d'où sortait cet chose ! ) Tout juste atterrit, tu étais là à nous attendre. Distinguée dans tes simples habits de civil, je me souviens encore de ce que tu portais : un t-shirt rouge assorti à tes cheveux flamboyants et une veste en cuire noire comme ton jeans. Coulson nous avait présenté puis était parti, tu sais la première chose que tu m'as dite ? « Vous avez fait la une ici, quand on vous a retrouvé dans la glace » avec ton petit sourire et ton regard espiègle. 

Je me souvenais très bien de notre rencontre ; lui m'avais appelé « Madame ». Il regardait tout autour de lui étonné de ce qu'il voyait mais essayait de ne pas le montrer. Il avait été à la rencontre de Bruce Banner sans même tiquer et lui avait serré la main telle le parfait gentleman qu'il était. Ensuite j'avais prévenue les deux hommes que nous décollions et ils m'avaient suivi à l'intérieur.

J'avais l'impression d'être entré dans un monde parallèle, tout était si grand, si moderne, si technique. Trop même pour moi. Tous les agents parlaient en même temps, une si grande fourmilière pourtant si bien organisée. Fury avait alors parlé boutique avec Banner et toi tu étais allé vérifier si les informations qu'ils avaient sur Barton avaient bougés. Je ne savais pas encore qui il était pour toi mais j'avais déjà remarqué qu'il devait tenir une place précieuse dans ton cœur : tu avais perdu ta petite étincelle de malice à la minute où tu avais posé tes yeux sur sa photo. Fury t'avais alors envoyé pour accompagner Bruce à son laboratoire de recherches, et tu t'étais éloignée dans un des nombreux couloirs du vaisseau. J'ai toujours gardé cette image de toi Natasha, déterminée et dévouée. Et même si je ne savais pas comment t'apprivoiser j'en mourrais d'envie dès la première minute où l'on c'est vu. 

Trop de souvenirs de ces dernières années se bousculaient dans mon esprit, ceux avec Clint, ceux avec Steve, ceux tous les trois... Mes sentiments étaient trop fort et je ne pouvais plus arriver à les contenir. Je fondis une nouvelle fois en larmes. Peureuse que quelqu'un me trouve ici dans cet état lamentable, je rangeais les dernières affaires de Steve dans les cartons, regroupais les miennes et sortis vite de la chambre puis du bâtiment. Une fois toutes les affaires chargées dans le coffre de ma voiture, je me mis au volant. Regardant une dernière fois le complexe Avengers, une grosse boule de nostalgie dans la gorge ; prenant mon courage à deux main et pris la route loin de mes repères. Black Widow était derrière moi ainsi que toutes ses versions : la mauvaise qui m'avais fait tuer beaucoup trop de monde, et celle qui essayait de devenir meilleure en devenant une bonne coéquipière. Ma nouvelle vie commençait aujourd'hui, et je n'aurais pu imaginer que cela me fasse tant de mal et aussi peur. 

Comment suis-je tombé amoureux de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant