Lui, moi et ce carnet (EDITÉ)

#2 - le carnet

Victor

Je me réveil et regarde l'heure. 6 heures 38. Je repose ma tête sur mon oreiller et je me met à fixer le plafond.
Je réfléchi au sens de la vie. Au sens de ma vie.

Je me lève au bout d'un moment et enfile un jean moulant ainsi qu'un tee-shirt trop grand. Et des baskets de ville. Le tout noir.

Je sort en courant de chez moi sans avoir vu ma mère. Elle travail très tôt le matin ou dort très tard. Ça dépend les jours.

Je vois Diego à l'angle d'un couloir le midi, il a un pansement et son oeil est toujours noir. Il rigole avec ses amis et parle trop fort pour que l'on remarque sa présence. Il me dégoûte alors qu'hier j'aurais presque pu le qualifier d'aimable.

La journée se passe bien pour un jour de cours non-stop. Ce n'est pas la meilleure mais elle n'était pas mal contrairement à d'autre.

***

En sortant de la dernière heure de cours avec ma bande de pote j'aperçois un carnet dans un buisson. Je plisse les yeux pour mieux le distinguer Je ne fais aucune remarque et continue la discussion comme si de rien n'était mais je me jure d'y retourner.

Ils discutent des filles - comme d'habitude - c'est un sujet qui ne m'intéresse pas. Je n'aime pas en parler à cause des moqueries. Je ne suis jamais sortie avec une personne de gente féminine et ça semble poser un problème à mes potes qui sont près à franchir le pas et coucher avec. Sauf qu'ils sont moins glamour et disent baiser. Je trouve qu'il y a une grande différence entre dire "faire l'amour" et "baiser".

Le premier on prend soin de sa ou son partenaire. On fait attention à lui procurer autant de plaisir que l'on en a, voir plus. On l'aime et on veut qu'il/elle se sente bien. Alors que pour le second c'est vulgaire. C'est comme si tu traitais la personne d'objet et que tu voulais juste la défoncé pour calmer ta libido.

Tout ça pour dire que quand mes potes emploient ce deuxième mot tout mon corps se hérissent et on me traite de coincé alors que eux traitent les femmes comme des objets. Et c'est pire. Tout ce qui les intéresses c'est le sex. Je ne les comprends pas. Je n'arrive pas à saisir ce qu'il y a de si beau la dedans. Ma mère m'a expliqué que c'était l'âge des découvertes et des expériences. Que c'était normal que les garçons de mon niveau regardent les jeunes femmes autrement. C'était la vie qui l'avait décidé. Elle n'arrive pas à comprendre le fait que je ne m'y intéresse pas, que je n'en parle pas et que je n'ai embrassé personne, même un misérable smack (en reprenant ses mots).

Si vous vous demandez pourquoi ma mère se pose des questions comme ça c'est que je ne vous ai pas encore expliqué. Elle et moi somme fusionnel. C'est nous et le monde. C'est elle plus moi et les autres. C'est un nous. Nous parlons de tout sans tabou. Elle est attentionnée, gentille, mignonne et adorable. Elle se plie en quatre pour moi et si elle le pouvait dirait oui dès que je demande quelque chose. Le problème c'est qu'elle travail beaucoup trop avec des horaires irrégulière au possible. Et le pire c'est que son salaire ne suis pas. Elle culpabilise de ne pas pouvoir m'offrir beaucoup de choses alors que le fait qu'elle soir là me suffit. Je l'aime, c'est ma famille et mon modèle. C'est elle qui m'a élevé et je suis conscient des sacrifices qu'elle fait pour pouvoir me faire des cadeaux. C'est dur de joindre les deux bouts et pourtant pour rien au monde je voudrais changer de parent. Niveau sentiment c'est la même chose que moi de son côté mais en un peu plus prononcé car c'est une adulte réfléchi. Après mon père elle n'a rencontré personne. Elle ne veut pas, elle s'entête à dire que nous sommes bien, tout les deux.

– Vic ?

Ma meilleure amie interrompt le cours de mes pensées.

– Ouais ?

– Tu viens à la fête samedi ?

– C'est chez qui ? je demande.

–Tu n'as vraiment rien écouté, souffle-t-elle. C'est chez le petit blond.

– Ah...lui... Je vais réfléchir.

– Aller viens ce sera amusant.

– Je ne sais pas...

– Ne me laisse pas seule !

– De toute façon au bout de cinq minutes tu te seras trouvé un mec, je crache.

– Je vais demander à Max alors. Il acceptera d'y aller avec moi sans toi.

– T'es pas croyable A. Jamais par deux, je lui rappel.

A est son surnom. C'est une fille pleine d'énergie, qui aime faire une moue boudeuse pour obtenir ce qu'elle veut et qui surtout arrive toujours - et quand je dis toujours c'est toujours - à ses fins.

– Du coup ?

– Je viens c'est bon. Mais on y va tout les trois !

– Donc je préviens Maxou ?

– Oui, dis-je exaspéré. File ton bus est là.

Elle me colle un bisous sur la joue et sans va en sautillant. Je suis sûr que j'ai une trace rouge. Mes autres potes sans vont aussi dans différents bus et moi je reste planté là. Habituellement je rentre en compagnie de mon meilleur ami, cependant il est malade. Je décide alors de retourner chercher le fameux carnet que j'ai aperçu sur le chemin à travers les buissons. Je suis un des rares élèves à ne pas prendre de transport en commun. Ma mère rentre tard aujourd'hui alors j'ai tout mon temps.

Je pars en direction de mon établissement scolaire. Je ne prend que cinq minutes pour l'atteindre. L'avantage c'est que les transports ne sont ni trop loin ni trop près. Comme ça il n'y a aucun attroupement à la sortie - que ce soit des voitures ou des ados.

Je retrouve le petit carnet qui a reflété le soleil exactement au même endroit. Je vérifie qu'il n'y est personne autour et le prend. Je le fourre dans mon sac de cours après avoir regardé si il y avais un nom ou pas. Comme rien n'est indiqué je me dis que je ne le vole pas, je redonne juste une seconde vie à un objet abandonné. Je pars au pas de course.

Arrivé chez moi je me rue dans ma chambre. Me jette sur mon lit et sors ma trouvaille. Je ne saurais pas dire pourquoi mais j'ai le besoin de voir l'intérieur, maintenant, comme si quelque chose m'y attendait.

Je l'ouvre à la première page. Rien est inscrit en face des cases nom, prénom, âge, classe et numéro. Alors je la tourne. Celle là n'est pas vierge. Elle est loin de l'être. C'est très indiscret mais je lis sans réfléchir. Je dois relire plusieurs fois avant de comprendre.

Enfaite non, même avec ça je n'assimile pas...

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