Chapitre 14

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- [T/p], fit Ushijima après avoir regardé son téléphone.

Déjà stressée par le fait que nous marchions côte à côté tous les deux en direction de sa maison, l'entendre prononcer mon prénom de sa voix grave me fit rater un battement de cœur. Depuis que nous nous étions rejoints après sa pratique de volley-ball, le silence régnait entre nous. Nous avons plus ou moins échangés des banalités du genre « ce n'était pas trop difficile aujourd'hui ? ».

- Nous allons faire demi-tour, annonça-t-il. 

Je fronçai les sourcils tout en stoppant la marche et le regardant fixement. A son intonation, cela relevait plus d'un ordre qu'une proposition. Mais plus je traînais avec lui, plus j'apprenais à me méfier du ton qu'il employait. Alors, qu'allait-il sortir comme excuse ? Si nous devions faire demi-tour, c'était sûrement parce qu'il voulait annuler cette séance de révision. Il imita mon arrêt mais ne me jeta pas un seul regard vers moi. Ses yeux restaient fixés sur  son téléphone. 

- Nous ne pouvons pas faire cette session d'étude chez moi. Du moins, pas aujourd'hui. 

Ses phrases courtes avaient le don de m'énerver. Sa réponse n'était ni claire ni suffisamment longue pour déduire un quelconque sens. Je n'avais pas compris où il voulait en venir. 

- Ushijima-san, dis-je d'un ton peu assuré, nous allons donc annuler cette session ? C'est bien ça que vous voulez dire ? 

Soudain, il me regarda droit dans les yeux, l'air confus. C'était une des rares fois où son visage montrait une expression différente de sa neutralité constante. C'était aussi une des rares fois où nous nous regardions tous les deux les yeux dans les yeux. 

- Non, ce n'est pas ça que j'ai voulu dire, répondit-il simplement. 

Malgré son évident sang-froid face à la situation, je m'impatientai: 

- Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Je rentre chez moi et je travaille toute seule ou on révise ensemble ? Je ne comprends pas, Ushijima ! 

D'abord étonné par ma perte de patience, il n'afficha cependant pas longtemps cette surprise. Je poussai un léger soupir suivi d'une excuse concernant le ton que j'avais employé. Je n'avais pas été très douce, je l'avoue. Mais, les bavardages du gymnase lors de son entrainement ne m'avait pas forcément plu et n'avait pas aidé à me rendre de bonne humeur. J'avais été mal à l'aise, c'était une évidence. Mais, ce n'était pas une raison pour me venger sur Ushijima, qui avait simplement des problèmes de communication. 

Ce fut le premier à reprendre la marche, en faisant demi-tour comme il l'avait annoncé. Je le suivis et n'attendit aucune réponse, au vu de cette conversation peu concluante. Le moment était devenu étrangement embarrassant. Je sentais le malaise du volleyeur sans pour autant qu'il ne le montre ou l'exprime. Je m'en voulais de lui provoquer ce sentiment et d'avoir potentiellement gâché le bon moment qu'on aurait pu passer. 

- Mes parents ont invité des amis à la maison ; je ne veux pas qu'ils nous dérange pour travailler. Donc je pense qu'il serait plus judicieux de travailler à la bibliothèque ou dans un café pas très loin.  

Il avait parlé et avait coupé le silence gênant que j'avais involontairement imposé. Mais, ce qui me surprit, ce fut la longueur de ses phrases, bien plus longues qu'à l'ordinaire. Puis, je compris exactement ce qu'il voulait dire et souhaitait faire. Je souris mentalement tout en me disant que je n'avais pas fais suffisamment d'effort pour le comprendre. 

Le fait que nous n'allions finalement pas travailler chez lui me soulageait. J'étais assez stressée à l'idée d'entrer dans l'univers familial des Ushijima et de potentiellement croiser son père ou sa mère. Ses parents étaient-ils comme lui, à communiquer de cette façon si singulière ? Mes mains qui étaient devenues moites au fur-à-mesure de l'avancement du trajet. Plus nous marchions chez lui, plus mon stress avait augmenté. Mais depuis que nous avions changé de direction, je m'étais détendue.  

- Je connais à un café, dis-je, il est au bout de la rue.

Pour appuyer mes propos, je pointai du doigt l'endroit désigné. Ushijima suivit mon indication et sans un mot, il hocha la tête. Alors, nous nous retrouvâmes assis l'un en face de l'autre sur les bancs confortables de ce petit café presque secret. Seulement deux personnes prenaient leur boisson chacun à leur place et une serveuse nettoyait tranquillement les tables en fredonnant. Une ambiance tout à fait propice pour travailler dans le calme, loin des bruits de ville comme ceux des voitures et autres pollutions sonores. 

Pendant près d'une bonne demi-heure, chacun travailla dans le silence absolu. Je m'occupais de mes devoirs d'anglais, en revanche, Ushijima semblait travailler une dissertation, vu la quantité de mots qu'il écrivait. Puis, en regardant l'heure sur mon téléphone, mon ventre gargouilla presque automatiquement. J'avais peu mangé ce midi et 18h était l'heure de ma petite collation. 

- Je vais commander quelque chose à manger et boire, annonçai-je à l'intention du volleyeur. Est-ce que tu veux que je commande pour toi aussi ? 

Levant le nez de sa copie, il me scruta pendant de longues minutes. Je m'étais levée pour aller commander au comptoir mais l'attente de sa réponse m'empêchait de me déplacer. Je vis ses regard se porter furtivement vers la carte posée sur le côté de la table avant qu'il ne se fixe de nouveau sur moi. Patience était le maître mot avec lui. 

- Ushijima-san...? tentai-je de l'inciter à ouvrir la bouche. 

- Prends-moi quelque chose. Ce que tu veux. 

Puis, sans plus attendre, son stylo reprit sa course sur le papier. Je restai plantée là pendant quelques secondes, encore et toujours hébétée par la façon dont Ushijima avait de communiquer. Je mettrais du temps à m'habituer à cette drôle de communication qui n'était pas très verbale et encore moins non-verbale ou paraverbale. Je poussai un petit soupir avant d'enfin aller commander auprès du serveur. 

Peu de temps après, je revins à la table et ne vit plus Ushijima. Seules ses affaires étaient encore au même endroit, indiquant qu'il n'avait pas totalement quitter les lieux. En jetant des coups d'œil autour de moi, je ne le vis pas non plus. Je haussai les épaules et me remis au travail, avec peine. 

*****

Salut la compagnie ! Alors oui, je reviens à la vie avec cette histoire que j'avais un petit peu laissé tombé. Des difficultés d'écritures s'était imposées à moi et j'ai été submergée par le découragement qu'elles m'ont provoqués ^^' 
Je ne vous promets pas un retour officiellement régulier mais j'ai un relent d'inspiration qui pour l'instant me permet de vous écrire la suite de cette histoire ! J'ai deux ou trois chapitres d'avance, j'espère qu'ils vous plairont malgré le temps (presque inacceptable) qu'ils ont mis à arriver ! 

Bisous à vous tous et mercii ! <3

Marshmallow bear {Wakatoshi Ushijima}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant