[3] Plage - Le Bleu de l'Aube |IE|

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Fandom: Inazuma Eleven
Ship : KidouxOC (Friendship) becos Makidou otp
Mots : ~ 1,2k

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Il fallait être complètement aveuglé par le soleil éblouissant de l'archipel de Liocott pour ne pas remarquer que Kidou broyait du noir depuis quelques jours. Ou alors, être trop concentré sur les entraînements de football et la demi-finale du tournoi junior mondial qui approchait à grands pas.

En tout cas, ça n'avait pas échappé à l'œil acéré de Fudou, ni à celui de Sarya. Le premier avait tenté de le secouer en jouant avec lui bien après la fin de l'entraînement, mais ça n'avait réconforté le stratège que quelques heures, juste assez pour lui permettre d'avaler trois bouchées de riz.

La deuxième s'était dit qu'il avait simplement besoin de temps pour faire son deuil. Kidou pouvait avoir le moral dans les chaussettes. Quoi de plus normal quand on venait de perdre l'une des plus grandes figures de sa vie ? Aussi complexes qu'avaient pu être ses relations avec son ancien entraîneur, il avait enfin réussi à faire la paix avec cette partie de lui, et voilà qu'on la lui arrachait sans prévenir.

En tout cas, en plus de le priver de son appétit, ça le privait aussi de son sommeil, à en croire le fin rai de lumière qui filtrait sous la porte de sa chambre. Sarya frappa trois coups discrets et sans attendre de réponses, ouvrit la porte.

Comme prévu, l'endeuillé, couché sur son lit, ne dormait pas. Il portait toujours ses lunettes caractéristiques, un croisement insolite entre lunettes de piscine et d'aviateur, qui cachaient ses yeux écarlates si acérés. Il n'avait même pas pris la peine de se mettre en pyjama : il portait toujours un t-shirt blanc, le jogging de l'équipe et son inséparable cape rouge sur les épaules. Ah, et il faisait toujours semblant de lire un livre : c'était le même qu'il avait à table tout à l'heure, mais il n'avait pas avancé d'un poil.

Les deux adolescents se dévisagèrent en chien de faïence pendant de longues secondes. Finalement, Sarya désigna le couloir du pouce et prit la parole en chuchotant pour éviter d'attirer l'attention :

— Ça te dit qu'on aille se manger une pizza ?

Le sourcil gauche de Kidou tressaillit malgré lui. Ah, une réaction ! Un point pour Sarya, zéro pour Kidou, balle au centre.

— À trois heures passées du matin ? répondit-il simplement.

Nan, mais s'il le prenait comme ça, aussi...

— T'as pas beaucoup mangé ce soir. Et comme j'ai pas dormi, je commence à avoir faim, alors je me dis que toi, tu dois pas être loin d'agoniser.
— Est-ce que ça t'arrives de dormir, de toute façon ? soupira-t-il.
— Bien sûr, quelle question, fit Sarya en haussant les épaules. Et comme tu évites la mienne, c'est un « qui ne dit mot, consent ». Allez, debout, on y va.
— Il n'y a rien d'ouvert à cette heure-là.
— Ne sous-estime pas les italiens, j'ai soutiré les meilleures références de son quartier à Fideo. Quand il s'agit de distribuer des pizzas, ils sont très forts. Et avant que tu ne demandes, reprit-elle en le voyant ouvrir la bouche pour émettre une autre objection, on part à vélo. Si t'as la flemme de pédaler, tu peux te mettre derrière, je me charge de tout.

Honnêtement, elle n'aurait pas pensé qu'il le ferait. C'était peut-être une façon discrète de lui faire payer cette sortie nocturne.

Mais c'est ainsi que Sarya se retrouva à pédaler sous un ciel piqueté d'étoiles, Kidou Yuuto installé sur le porte-bagages. Sa cape rouge flottait derrière lui, soulevée par leur trajet silencieux. Les seuls bruits qu'ils entendaient provenaient des grillons estivaux, des grincements du vélo et des rares fêtards encore debout à cette heure-ci.

— Je ne pensais pas que j'avais besoin d'une escapade comme celle-ci, lui avoua Kidou, à mi-chemin du quartier italien.

C'étaient les premiers mots qu'il prononçait depuis leur sortie en douce de l'auberge japonaise. Sarya sourit à la lune.

— On a toujours besoin d'une pizza aux champignons dans notre vie, répondit-elle comme si c'était une évidence.
— Tu sais ce que je veux dire, soupira-t-il sans pouvoir masquer son amusement.
— Yep.

De nouveau, le silence. Maintenant qu'elle y pensait, ça avait souvent été comme ça, tous les deux. Leur amitié s'était construite au fil de conversations décousues et de trouées dans la nuit. Sarya se demandait où cette virée nocturne les emmènerait, à présent. Au-delà du quartier italien, évidemment.

— Tu as besoin que je te remplace ? lui proposa Kidou alors qu'une montée particulièrement pentue ralentit leur rythme de croisière.
— T'inquiète camarade, je gère, haleta-t-elle en forçant sur les pédales. Respire un bon coup et profite.

Il était presque quatre heures du matin quand ils atteignirent le fameux distributeur de pizzas. Kidou fut chargé d'empêcher leur refroidissement et de les garder en sûreté, pendant que Sarya pédalait à toute allure pour revenir le plus vite possible à l'auberge japonaise.

Mais le vieux vélo, déniché dans la remise de leur lieu d'accueil, aurait visiblement mérité plus d'entretien puisqu'il rendit l'âme quelques kilomètres avant l'auberge. Sarya insulta Kidou de poids lourd, ce dernier accusa les quelques grammes supplémentaires des pizzas, et finalement, ils se mirent d'accord pour mettre la faute sur le dos du vélo. Ils se résolurent alors à faire une pause et déguster les pizzas sur la plage, déserte à cette heure-ci.

Les cartons sur leurs genoux, les pieds nus dans le sable frais et le ciel étoilé au-dessus de leurs têtes, les pizzas avaient une saveur inégalable. Ajoutons à cela le doux roulis des vagues et la solitude à perte de vue, et l'on obtenait le mélange parfait pour alléger les cœurs meurtris.

— Ça va ? lui demanda Kidou.

Il ne restait plus une miette de pizza, tout était parti dans leurs estomacs. Côte à côte, face à l'océan, les deux adolescents patientaient sous un ciel qui pâlissait à vue d'œil.

Cela faisait longtemps que Sarya n'avait pas vu le bleu de l'aube. Elle avait oublié à quel point il était beau, coincé entre celui de la nuit et celui de l'eau.

— C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question. C'est toi qui viens de perdre quelqu'un. Moi, ça fait un peu plus longtemps.
— Je vais mieux, répondit-il. Bien, je ne sais pas, mais mieux. C'est assez étrange.
— Oui, ça fait bizarre, au début.

Une pointe rosâtre éclaircit l'immensité bleue qui s'étendait devant eux.

— Mais ça ne peut qu'aller de mieux en mieux, murmura Sarya. Il y a le sourire d'Endou, la passion de Gouenji, le sarcasme de Fudou et il y a tous les autres, il y a le football, il y a ta sœur. Ça fait des dizaines de raisons d'aller mieux.
— Et les pizzas aux champignons, les balades à vélo et les levers de soleils sur la plage, compléta Kidou, un sourire dans la voix.

Ils échangèrent un regard. Un rai de lumière timide pointa le bout de son nez, tout juste suffisant pour que Sarya distingue la forme des yeux de Kidou derrière les verres teintées de ses lunettes.

— Merci, termina-t-il.

Sarya haussa les épaules comme si ça ne lui faisait ni chaud ni froid, mais ne put retenir l'esquisse d'un sourire. C'était la moindre des choses. Quand elle était arrivée au Japon, c'était lui et les autres qui lui avaient dévoilé le secret.

Pour aller mieux, il suffisait de se laisser vivre.

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j'aime bien cet OS. peut-être parce que j'aime trop cet OC, allez savoir.
si jamais vous la retrouvez ailleurs, c normal, je l'utilise dans tous les fandoms mdrr *et même dans des histoires originales*
en général, on la shippe avec la pizza (le Sazza) ou avec un autre OC ~

Demain, nous entamons une série de 3 OS MHA, avec le thème "Adolescence" o/

Ship Week July 2020 [Recueil OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant