Chapitre 28 - Le courage

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Athena passa devant Stanley sans un mot suivi d'Aphrodite. Pour occuper ses doigts elle laissa sa main courir sur la rampe pendant qu'elle descendait l'escalier. Elle ne tremblait plus. Si elle marchait vers son exécution, autant qu'elle le fasse avec style. Elles traversèrent la maison puis elles sortirent sur une vaste terrasse remplies de fleurs.

- Mesdemoiselles, enfin.

Les filles ne savaient pas vraiment à quoi s'attendre. Sans doute, après l'aventure qu'elles avaient traversée, à quelqu'un de cruel et de féroce ? L'homme qui se leva de derrière la table en verre à l'ombre était grand et imposant, complétement vêtu de noir. Un costume bien coupé, qui semblait cacher un torse plutôt musclé. Il avait une peau si pâle qu'on pouvait croire que jamais il n'avait vu le soleil. Et ses yeux étaient si noir qu'on se distinguait plus sa pupille de l'iris. Son nez était droit et ses lèvres étaient fines.

Quelle que fut son apparence extérieure, il ne fallait pas oublier que Boras était malin et très dangereux. Il congédia Stanley qui s'effaça aussitôt sans un mot.

- Je suis heureux que vous soyez venu, dit-il en les accompagnant vers la table en verre. On m'a dit que vous aviez déjeuné, alors nous allons simplement prendre le goûter. J'ai une délicieuse bouteille, vous voulez goûter ?

Athena lança un regard à Aphrodite.

- Bien sûr, répondit cette dernière en s'installant à table.

Athena s'installa aussi à table. Plus elles s'approchaient de lui, plus elles sentaient une peur irrationnelle croitre. De toute évidence, il possédait une aura malfaisante. Aphrodite fut un effort pour empêcher sa main de trembler quand il lui tendit un verre à elle et Athena.

- C'est... C'est une jolie maison monsieur, tenta Athena.

- Votre compliment me va droit au cœur. J'ai eu la chance de la trouver dans un délai assez rapide, les propriétaires ont été assez aimables pour me la... Confier quelques semaines. Les jardins sont vraiment splendides. Heureusement qu'il y a des coins d'ombre pour affronter cette chaleur tropicale.

Athena hocha la tête et essaya de boire mais sa gorge était tant nouée que le liquide passa difficilement. Un homme arriva et disposa sur la table toutes sortes de nourriture pour le goûter : pâtisseries du genre tartelettes aux fruits, éclairs au café, tarte meringuée, macarons de toutes sortes, beignets, croissants, pain au chocolat, cupcakes, jus de fruits...

- Servez-vous, ordonna-t-il.

Aphrodite se servit une macaronade à la framboise et Athena prit un croissant.

- Merci, dit Athena, tout ça a l'air très bon.

Son petit coquillage qui pendait à son cou se balançait quand elle se pencha pour reprendre une gorgée de son verre. Boras ne toucha à rien de ce festin. Il se contenta de regarder les filles manger. Quand il resservit Athena il fit en sorte de frôler sa main et quand il l'a senti se raidir, cela suffit à l'exciter. Il se souvint du plaisir qu'il éprouvait lorsqu'il voyait une mante religieuse capturer un autre insecte : la façon dont la longue et intelligente bête se débrouillait pour attirer sa proie affolée plus près d'elle, attendant patiemment que ses soubresauts se ralentissent et s'épuisent afin qu'elle puisse la dévorer tranquillement. Et comme les mantes, Boras était patient et cruel.

- Et si vous me disiez ou était les autres ?

Les filles restèrent silencieuses.

- Quand on joue, on doit envisager de perdre, précisa-t-il.

Le repas des filles se bouscula dans leur ventre. Athena retendit son verre et ne le récupéra qu'une fois qu'il fut plein. Aphrodite regarda autour d'elle et remarqua des hommes armés placés tout autour du jardin. S'enfuir était donc de la folie.

- J'espère que cela ne vous dérange pas que je vous demande combien de temps vous comptez nous faire profiter de votre hospitalité ? Demanda Aphrodite.

- Aussi longtemps qu'il me plaira.

Il se décida à boire son propre verre.

- Vous aimez la suite ?

Les filles hochèrent la tête. Il fronça les sourcils quand il comprit qu'aucune des deux n'allait parler. Ou elles allaient probablement mentir ensemble... Il fallait leur "parler" séparément donc... Soudain, il se leva. Il claqua des doigts et Stanley apparut. Boras ordonna de prendre Athena et il exécuta l'ordre sans lui laisser le choix. Aussitôt, Aphrodite bondit de sa chaise.

- Non ! Lâchez-moi ! Se plaignit Athena qui fut tirer par Stan à l'intérieur.

- Ou l'emmenez-vous ! S'exclama Aphrodite.

- Je vais simplement lui poser quelques questions, répondit calmement Boras. Quant à vous, vous pouvez retourner à votre chambre, c'est l'heure de la sieste.

Deux hommes apparurent et attrapèrent Aphrodite, qui essaya de se débattre tant bien que mal, sans succès. Ils l'emmenèrent dans la suite. Quand elle se retourna vers la porte, elle était déjà fermée à clef.

- Non ! Hurla-t-elle à travers la porte. Laissez mon amie tranquille, je vous en supplie ! Non !

Jusqu'ici, elle ignorait qu'elle allait se retrouver enfermée et seule pendant trois longues heures, sans savoir ce qu'il allait faire à son amie, et qu'elle n'allait trouver aucune idée lumineuse pour sortir d'ici.

Athena s'était retrouvée debout en étoile avec les bras attachés et les jambes aussi. Son chignon était un peu défait. Il faisait froid dans la pièce où elle s'était retrouvée. Et cette pièce était vide, sans meuble, complètement dans le noir. Quand Boras arriva dans la pièce et que la porte se referma, Athena tira sur ses chaînes.

- C'est inutile, dit-il.

Mais Athena continuait de tirer sur ses chaînes dans sa belle robe, terrifiée. Boras s'avança vers elle, lui prit le menton du bout des doigts et lui dit :

- Je vais juste te poser quelques questions.

- Ne me faite pas de mal, s'il vous plaît, se plaignit-elle.

Il recula et alla prendre une chaise cachée dans l'ombre d'un coin. Il la positionna à un mètre d'elle et s'y installa.

- Je ne te ferai pas de mal si tu réponds à mes questions. Premièrement : Ou as-tu trouvé cette pierre ?

- Je... Ce n'est pas moi qui l'ai trouvé.

- Très bien. Et qui l'as trouvé ?

Elle resta silencieuse, n'osant pas répondre. Face au silence d'Athena, Boras leva sa main. Elle écarquilla les yeux quand elle vit de la fumée noire s'en échapper et s'approcher d'elle. Elle recula la tête.

- C'est Nyx, c'est Nyx qui l'as trouvé. Dans un lac, celui du vieux monsieur qui s'appelait Olivier, dit-elle précipitamment, terrifiée.

- Ou est Nyx ?

- Je... Je ne sais pas...

Cette fois, la fumée s'enveloppa autour du cou d'Athena. C'était comme si cette fumée serrait son cou, l'empêcha de respirer, elle suffoqua rapidement. Il s'arrêta le temps de répéter sa question, et elle put reprendre sa respiration.

- Ou est Nyx ?

- Je ne sais pas, répéta-t-elle.

La fumée de Boras la priva d'oxygène plus longtemps encore.

- OU EST NYX ?

- Je vous en supplie, je ne sais pas ! Je vous le jure !

Elle craqua et fondit en larme.

- AU SECOURS !! Hurla-t-elle en essayant de se débattre. AU SECOURS !

Elle s'apprêtait à recommencer à hurler quand la fumée s'introduisit dans ses oreilles. Une seconde après, elle se mit à hurler de douleur. Une douleur intérieure qu'elle n'avait alors jamais sentie auparavant.

Les cinq pierres de Dara [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant