Chapitre 29 - La dispute

7 4 0
                                    

- Vous avez l'air un peu distante ce soir.

- Voyez-vous, répondit Aphrodite à Boras, je m'inquiète pour mon amie. C'est tout ce qui compte.

- Et cela vous coupe l'appétit ? N'ayez crainte, Athena va bien. Elle est en sécurité. Mangez.

Aphrodite se força à manger. Elle craignait de l'énerver.

- Ensuite, on ira faire un tour dans la bibliothèque.

- Athena aime beaucoup les livres.

Elle aurait pu refuser mais elle voulait visiter la maison, et peut-être trouverait-elle un moyen de s'échapper. En pensant à ça, elle glissa discrètement son couteau dans un petit sac à main qu'elle avait posé ouvert, près d'elle. Elle referma son sac et accepta d'aller là où il voulait. Quand ils traversèrent la maison à petit pas, il lui dit :

- Si un livre vous plaît, vous pouvez l'emprunter. Mais seulement les livres, ajouta-il en tendant sa main vers elle.

Elle fit mine de ne pas comprendre. Mais comme il restait immobile dans cette position, elle se résigna à lui rendre le couteau sans un mot, et les jurons qu'elle retenait avec peine n'allait pas la sortir d'ici. Il glissa le couteau dans une de ses poches.

- Je disais donc, seulement les livres.

Aphrodite leva les yeux aux ciels.

- Vous pensiez vraiment me tuer avec un couteau de table ?

- Peut-être.

Pour la première fois, elle entendit un petit rire venant de lui. Elle eut envie de pleurer. Elle voulait retrouver Athena et rentrer. Quand ils s'installèrent dans les fauteuils de la bibliothèque, il sortit de sa poche la pierre d'Athena, le diamant. Quand elle vit le collier, Aphrodite sentit son cœur se pincer.

- Elle va bien, dit-il en sachant qu'elle allait poser la question. Vois-tu, je me permets de te tutoyer maintenant, cela fait longtemps que je suis à la recherche de ses précieuses pierres. Je sais très bien que celle-ci possède le pouvoir de la guérison. Le tiens possède celui de la vision, je le sais. Le rubis est magnifique. Mais pour ce que je veux faire, continua-t-il, il me les faut toutes. Veux-tu bien me passer ton collier ?

A quoi bon refuser ? Prisonnière comme ça, elle ne pouvait pas refuser. Il allait demander à ses hommes de lui prendre, ou peut-être lui arracher lui-même. Résignée une fois encore, elle détacha sa pierre de son cou et lui tendit.

- Ce collier t'allais à ravir, surtout à une femme si belle, lui dit-il, mais j'en ai besoin.

Un petit coup fut frappé à la porte.

- Stanley va te ramener à ta chambre.

- S'il vous plaît, laissez-moi voir Athena. Juste une minute.

- Non.

Une fois qu'elle fut remontée dans sa suite, elle garda le silence jusqu'à ce que la porte soit verrouillée.

- Salaud, dit-elle au bout d'un moment.

Voilà, elle était de nouveau emprisonnée. Elle avait envie de pleurer. Elle était comme les pierres qu'il avait désormais, contemplée par les yeux d'un porc et prisonnière. Et elle ignorait si Athena était toujours en vie. Elle se déshabilla et se promit de trouver un moyen de sortir d'ici. Elle prit un kimono rouge de la garde-robe et l'enfila. Elle s'apprêtait à dormir dans ce grand lit sans Athena. Mais la colère s'engouffra en elle. De l'air, il lui fallait de l'air. Elle alla à la fenêtre et l'ouvrit d'un geste brutal. L'atmosphère commençait à devenir lourd. Il allait pleuvoir. Qu'il pleuve ou qu'il vente, la situation était la même, elle était enfermée dans cette villa à Madagascar avec un sadique qui après en avoir fini avec Athena, allait la tuer.

Puis elle baissa les yeux et fut surprise, elle allait hurler quand une tête surgit de la fenêtre.

- C'est... C'est moi... Souffla Dylan entre ses dents. Mais... Mais aide-moi à passer par-dessus le rebord bon sang...

Aussitôt elle reprit ses esprits et l'aida à passer par-dessus le rebord de la fenêtre.

- Oui enfin, dit-elle avec soulagement. Je croyais que vous ne viendrez jamais. Ou sont Nyx et Artemis ? Dara est avec vous ? Tu sais qu'il y a des gardes dehors tout autour de la maison ? Et toutes mes portes sont fermées de l'extérieur...

Elle avait envie de pleurer mais n'en fit rien.

- Les autres sont occupés à vous sortir de là avec Athena. On ne t'a pas prévenu, tu semblais bien occupée lors de ton dîner intime avec Boras.

- Tu nous a vu manger ?

- Je n'étais pas loin avec les autres, on a trouvé un plan pour vous sortir de là. Dara n'as pas réussi à utiliser ses pouvoirs, apparemment cela fait des années qu'il ne les as pas utilisé.

Il se retourna pour toucher le kimono rouge d'Aphrodite.

- C'est un beau cadeau dis donc.

- Qu'est-ce que tu insinue, Dylan ?

- Rien du tout. Je dis juste que tu as l'air plutôt bien installée.

- Tu es vraiment un crétin, souffla-t-elle, la voix tremblante.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu es ? A te balader dans de jolies robes qu'il a achetées pour toi ? Tu buvais du champagne lors du dîner non ? Ça avait l'air de bien te plaire.

- Bien me plaire ?

Elle répéta ses mots en articulant.

- Tu as été enlevé ou tu es parti lui rendre visite ? Apparemment tu sais plaire à un homme, continua-t-il.

Aphrodite s'approcha de lui et le gifla très fort. Pendant de longues secondes, ils restèrent debout immobiles l'un en face de l'autre. Le vent dehors fit cogner la fenêtre encore ouverte.

- Ne recommence jamais ça, dit-il doucement en passant sa main sur sa joue.

- Je suis désolé de te décevoir, cracha-t-elle. Désolé de ne pas être attachée au pied du lit avec des aiguilles enfoncées sous chaque ongle. Je suis désolé de te décevoir !!

- Mais alors, il se passe quoi ? Explique-moi.

- A quoi ça servirai que je t'explique vu ce que tu penses ?

Elle essuya ses larmes qui coulaient sur ses joues, furieuse. Elle n'aimait pas pleurer, encore moins à cause d'un homme.

- Tu as déjà un avis sur la question.

Dylan passa sa main dans ses cheveux.

- Écoute... Je suis désolé. Quand on a vu que vous aviez disparu avec les filles, on a couru voir Dara pour lui dire. Depuis ça fait des heures qu'on t'a cherchée ainsi qu'Athena. J'avais l'impression de devenir fou. On a dû éviter les gardes, chercher un plan pour vous sortir de là, on pensait que vous étiez déjà mortes à l'heure qu'il est... Et... Quand on est arrivé ici, je t'ai vu habillée comme une princesse. Je t'ai vu sourire à cet homme comme si c'était ton meilleur ami.

- Et tu aurais voulu que je fasse quoi, Dylan ? Que je ne mette pas ces habits, que je me trimballe à poil ? Que je lui crache à la figure dès que je le croisais ? C'était ma vie et celle d'Athena en jeu ! Et Athena même en faisant cela a été emmenée je ne sais où ! On a fait ce qu'il fallait faire, mais ne me traite pas de dévergondée !

Elle se retourna, les yeux plein de larme et de colère. Dylan eut mal au cœur.

- Je ne voulais pas dire ça. Excuse-moi.

Il commença à faire les cents pas dans la pièce.

- On a peu de temps... Je... J'ai imaginé beaucoup de chose, je suis désolé. On avait tous peur d'arriver trop tard.

Il prit une grande respiration.

- Mince, Aphrodite, je me faisais du souci, vraiment du souci. J'ignorais ce que j'allais retrouver en arrivant ici.

- Tu étais inquiet pour moi ?

- Pour toi et Athena. Et... Je n'avais pas du tout l'intention de t'agresser ainsi au départ.

- C'est aussi une excuse ?

- Mais oui !

Les cinq pierres de Dara [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant