Une vague dans l'océan

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   Philema était une vague dans mon océan quand je la voulais sable blanc sur mes plages désertes. Elle remuait la surface de mon cœur et s'écrasait contre ses rochers. Elle était le maelstrom qui effraie les marins et la sirène dont ils n'osent rêver. Elle était un monde à elle seule dont les portes s'ouvraient peu à peu à mon regard mais je savais que, si je tendais le bras, je ne toucherais rien que le vide glacé.
   Si douce qu'elle saccageait tout sur son passage, Philema brisait les esprits. Quand elle entrait dans la pièce, tout volait en éclats. Les verres sur le comptoir sifflaient et se répandaient en explosions brillantes, laissant les liqueurs lécher le sol comme autant de langues amères entre nos pieds.
   Qu'aurais-je fait sans toi? Tu avais la beauté de la perle sortie de l'huître, la pureté nacrée que l'on convoite. Tu consumais nos âmes et laissais nos cendres derrière toi au fin fond de la nuit. Tu nous dévorais, Philema. Tu nous dévorais.
   Et moi, naïve parmi les autres, je brûlais de passion pour toi. Je me perdais de ce désir de te conquérir, de te voir m'appartenir. Je t'aurais donné mon âme pour un baiser, si seulement tu avais daigné me regarder.
   Car ce soir tu étais là, Philema, assise sur ce tabouret trop haut pour toi. Tes pieds se balançaient au rythme de la pop bon marché qui nous vrillait les tympans, mais tu ne dansais pas. Non, pour la première fois, tu ne dansais pas.

PhilemaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant