L'absence d'un père

"Se Paw Mwen Ye..."

La première femme que Patrick aima il l'aima passionnément. Et il souffra longuement. Les hommes sont bien connus pour ça. Ils ne s'attachent pas. Ils ont cette facilité à séduire plusieurs femmes à la fois. Parler avec elles, les faire sentir uniques. Et pourtant la réalité était bien différente. Mais il existe aussi d'autres types: ceux qui sont purement intéressés, ceux qui sont simplement la pour le sexe ou encore ceux qui se donnent une réputation d'homme bien sans trop l'être. Patrick était devenu l'un de ses pairs.
Avant il était sincère, loyal, patient. Il pouvait aborder une femme, prendre son mal en patience pour l'avoir et lui être fidèle. Mais ces mêmes femmes se lassaient vite. Car il ne pouvait pas toujours se libérer de ses obligations pour leur bon plaisir. Il était un homme avec de grandes ambitions et il se tuait au travail pour les concrétiser.
On a toujours tendance à oublier que dans la catégorie féminine il y a aussi plusieurs types : il y a celles qui restent sincères, inchangées malgré les ravages du temps et de l'amour. Elles aiment avec passion et même dans la douleur elles trouvent la force d'aimer. Il y a aussi celles qui vivent que pour l'intérêt. Elles peuvent séduire, jouer et s'en sortir indemnes. Il y a également celles qui n'existent que pour leurs ambitions. Elles n'ont pas le temps d'aimer. Elles trouvent quand même le temps de se satisfaire.
Patrick les avait toutes fréquentées un jour. De l'amour fou à la simple femme d'un soir. Mais avec Val il trouvait que les choses étaient plus simples, plus intenses et plus vraies. Avec Val tout était à sa place. Il trouvait même du temps pour vaquer à ses propres hobbies. Il aimait sa compagnie. Il aimait son rôle de mentor, il aimait son rôle de protecteur,d'ami, de confident.
Maintenant il avait un gros dilemme. Et s'il n'avait jamais vraiment connu l'amour ? Cet amour pour lequel il serait prêt à se battre, à se sacrifier, à se ranger. D'un autre côté il avait peur. Val était trop jeune. Elle savait à peine ce qu' offrait cette vie. Et si un jour elle se lasse et décide de profiter pleinement de sa jeunesse ? Il savait qu'il se leurrait peut-être. Car pour son jeune âge, Val avait cette maturité qu'il ne retrouvait plus jadis chez aucune femme. Elle avait certes ses moments de caprice et de folie, ses moments de jalousie ou de doute. Mais elle était compréhensive.
Il se souvint de cette fois où il devait se rendre à cette soirée chez Sam. Il sourit Val avait eu une de ces crises. Ils étaient au téléphone. À cause de sa mère elle ne pouvait crier. Mais il sentait cette pression l'étouffer.
¬c'est une soirée qu'organise un ami avant son départ. Je resterai dormir chez lui. Paske M pap ka repran wout la (car je ne pourrai pas conduire après)
¬Mewi ! (je vois). Et il y aura beaucoup de femmes j'imagine, de l'alcool à flot.
¬Val, ou pa fem knfyans !? (tu n'as pas confiance en moi ?). Il ne se passera rien
¬tu le sais bien que tu es libre de faire ce que tu veux Patrick. M pa mennaj ou. (je ne suis pas ta copine)
Patrick détestait entendre cela. Ils n'étaient pas vraiment engagés certes mais il était sien. Tout comme elle était sienne. Il ne pouvait l'imaginer avec un autre. Mais elle, elle était trop méfiante quand il s'agissait de cela.
¬On en a déjà discuté. Je t'appartiens. Et je te le répète. C'est juste une fête. J'y vais. Je reste avec quelques amis et c'est tout. Si j'avais quelque chose à cacher je ne t'en aurais pas parlé.
¬hum. Ok. On pourra se voir samedi ? Je dois aller à une réunion pour ma petite cousine et après passer à la bibliothèque.
¬oui je passerai te prendre. C'est à l'école Baptiste ?
¬oui
¬Val...
Il avait senti qu'elle doutait. Elle l'aimait même si la force pour le lui dire manquait. Il l'aimait aussi. Mais il ne le lui dirait pas. Pas encore.
Mais ils s'appartenaient.