Chapitre 2 - Laura

19 10 2
                                    

Je sors de l'hôpital la tête haute. Je leur avais dit que tout allait bien, pourtant ils n'ont pas voulu entendre mes protestations.
Je faisais toujours face, et évidemment je n'étais pas la seule personne à devoir être secourue. Même si l'attention se concentrait sur moi, de la part de ma famille et de beaucoup de lycéens inquiets, je ne pouvais m'empêcher de réclamer des nouvelles des autres. Je n'avais aucune information sur la situation ce qui m'agaçait fortement.
Toutes les personnes que je connaissais se sont retrouvées dans cette maison. Ma mère me cache la vérité, je le sens.

- Maman maintenant que je vais mieux, dis moi qui est blessé ?

Nous arrivons sur le parking. Je me sentais sale après cette journée dans une chambre vide et minuscule, habillée d'une robe de chambre immonde et sans pouvoir me maquiller ! Je n'avais qu'une seule hâte : rentrer chez moi. En revanche, la fatigue prenait de plus en plus de place.

- Ce que tu as vécu est éprouvant Laura, je ne voudrais pas te rendre encore plus mal, affirme ma mère.

Je fronce les sourcils.
Alors, il y avait bien pire.
En sortant de la fournaise grâce aux pompiers, j'ai aperçu Emma se précipitant sur moi lorsque je me trouvais sur le brancard. Elle pleurait beaucoup. Dans les vapes, j'ai du la rassurer mais la vérité c'est que j'ignorais comment la situation se présentait pour chacun d'entre nous. Tout ce que je savais c'est que ma meilleure amie allait bien.
Derrière moi, ils emportaient le corps d'Antoine, et je n'avais aucun moyen de savoir comment il allait. La dernière fois que je l'ai vu, il était vivant et à mes côtés. Il tentait en vain de soulever la trappe de secours du plafond de l'ascenseur dans lequel nous étions enfermés mais avec la fumée et l'obscurité totale, la tentative fut un échec pour lui. J'ai fini par perdre connaissance au moment où Antoine criait désespérément mon prénom pour que je me réveille.

Je cesse de marcher.
Ma mère, la femme à qui je ressemblais trait pour trait, me fixe avec un air attendrit. Je détestais que l'on me prenne par pitié.
À ce moment là, je pouvais tout encaisser. J'étais une femme forte et c'est ce dont j'essayais désespérément de me convaincre.

- Dis le moi tout de suite ! tempêté-je.

- C'est Tyler, chérie...Il est mort.

Lorsqu'elle prononce les mots fatals, je réalise alors la perte de mon meilleur ami. Que je connaissais depuis des tas d'années.
En fait, je ne pouvais pas tout encaisser. Et la douleur que je ressens lorsque j'apprends la nouvelle n'est que le début de mes peines.

*

Deux jours plus tard

- Comment tu vas ? me demande la voix tremblante d'Emma de l'autre côté du téléphone.

Perdue, je joue avec le bout de mon oreiller posé sur mon lit. Je me retenais de pleurer en permanence car pleurer n'était pas la solution. Il fallait que je fasse face à la situation. J'avais perdu mon meilleur ami. Bastien aussi était mort. Alison était morte. Tom qui se tapait le mec d'Emma était mort. Et d'autres gens dont je voyais encore parfaitement bien le visage.

- Ça va. Et toi ?

- Tu peux me parler tu sais.

- Je vais bien Emma ne t'en fais pas...Maintenant que je suis sortie de l'hôpital, tu ne veux pas venir vivre à la maison ? lui proposé-je.

- J'ai besoin d'être seule et je n'aimerais pas vous déranger ta famille et toi dans votre période de deuil.

- Et ça se passe comment chez ton Augustin ? soupiré-je.

Je me souviens de la scène où son copain l'avait trompé avec Tom. Ou bien son frère jumeau, j'en sais rien du tout. Toute cette histoire me semblait bien loin derrière moi désormais. Il fallait que je lui dise, mais Emma était une fille fragile et je ne pouvais pas me permettre de lui annoncer la nouvelle alors que sa maison venait de partir en fumée. De toute manière sans notre ami, la situation n'avait plus le même sens.

DESTINS Tome 4 - EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant