Chapitre 14 - Emily

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Je me regarde dans le miroir. Je ne ressentais plus rien, la douleur était partie, la joie était partie, la tristesse était partie, plus rien. Je lisais moi un vide infini qui me représentait depuis des jours.
C'était difficile de vivre sans émotion. La seule chose que je parvenais à ressentir, à bout de force, était la fatigue incessante.
Je n'avais plus la force de crier, de pleurer. Je n'étais qu'une humaine vivante sans aucun but dans la vie.
Ce soir là, trois semaines après la mort de Bastien, je me retrouve dans ma salle de bain sans oser détacher mon regard de la fille face à moi. Blanche comme un linge, elle portait des cheveux châtains mi-long mal soignés, des grands yeux verts inexpressifs et une bouche plissée. Puis, je sors ma trousse à maquillage que je n'avais plus sorti depuis la fête de Tyler en novembre.
J'allais changer.
Je prends du far à paupière noir et m'en étale partout au dessus des yeux. Je prends un crayon pour faire les contours. Les yeux ainsi, je ne pouvais que faire peur. Je prends du mascara pour allonger mes petits cils.
Puis, j'enfile par dessus mon tee-shirt noir et mon jean noir également, la veste en cuir de mon frère. Dis donc, quel look d'enfer !
Satisfaite, je descends les escaliers en priant de ne pas rencontrer ma mère.

- Emily tu vas où ?

Heureusement, elle ne sort pas de la cuisine pour me poser cette question.

- Je sors un peu ce soir bisous !

- Emily !

Je m'empresse de sortir. Heureusement, elle ne me court pas après.
Je me dirige chez mon voisin. Je sonne à la porte. Plusieurs têtes apparaissent. Celle d'Aaron toujours et éternellement impassible à la situation puis celle de deux autres garçons qui ont l'air beaucoup plus âgés que lui ainsi que une fille aux cheveux noirs que je ne connaissais pas. Ils sortent de la maison.
Aaron ne semble pas me reconnaître sur le coup mais dès qu'il plisse ses yeux sombres, je lis son agacement.

- Bon Waters ! rugit l'un des deux homme. On se voit tout à l'heure, n'oublie pas ta marchandise à la p'tite soirée.

Aaron s'appuie contre l'encadrement de son portail d'entrée en croisant les bras.

- Ça marche.

Aucune émotion, aucune tonalité dans sa voix. Est ce que lui aussi a connu la perte de quelqu'un récemment qui l'a changé en un zombie impassible comme moi ? Les hommes et la fille passent devant moi en me jugeant de la tête au pied mais ne disent rien. Le deuxième homme qui n'a pas parlé lance un regard coquin à Aaron comme si il sous entendait qu'il allait se passer quelque chose avec moi. Je m'indigne.
Aaron était plutôt beau, enfin, carrément sexy comme gars. Un peu comme les Bad boy dans les films. C'était un régal pour les yeux, mais pas dans la réalité. Lorsque ses amis partent tous en moto, Aaron me lance un regard noir.

- Qu'est ce que tu veux encore ?

- Tu aimes mon look ?

- C'est ridicule.

- J'ai entendu parler d'une petite fête, je peux venir ?

Aaron éclate de rire. Un rire mauvais bien évidemment car jamais une once de joie ne passait dans cet individu.

- C'est pas pour toi. 

- Aller s'il te plaît ! je le supplie.

- Non t'es malade !

- Bon bah dommage...Mon père entendra bien une chouette histoire ce soir.

Aaron ne tressaille même pas sous ma menace. Merde, comment je vais faire ? Je n'allais tout de même pas gâcher le seul secret de mon voisin que je connaissais et sur lequel je prenais avantage. En même temps, j'avais tellement envie de connaître plus de chose sur lui ! Puis je vois derrière Aaron sa moto. Imposante et bien évidemment noire, elle attirait tous les regards. Une idée me passe en tête.
Je passe devant Aaron qui se contente de soupirer.

DESTINS Tome 4 - EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant