DESTINS Tome 4 - Espoir

Chapitre 28 - Emily

Trois heures plus tôt

Le lendemain de ma crise de nerfs à la maison, ma mère m'enferme dans ma chambre une nouvelle fois dès mon retour du lycée.
Je la supplie de me laisser aller au cimetière voir Bastien en lui proposant l'éventualité qu'elle m'accompagne mais elle refuse catégoriquement.
Tournant en rond dans ma chambre, je décide qu'il en est plus qu'assez de rester ici comme un animal en cage alors que tout le monde sort et a la liberté de fêter la fin des examens comme il le souhaite. Il fallait que j'agisse. Que j'en apprenne plus.

Voilà une semaine que je me suis retrouvée au commissariat pour avouer ma découverte macabre, en omettant l'implication de Aaron dans ce meurtre.
J'ai beau essayé de capter son attention dès que je le vois dans son jardin à travers la fenêtre de ma chambre, mais jamais il ne lève les yeux dans ma direction. Je devais le tenir au courant de toute cette merde dans laquelle nous étions fourrés.
Malheureusement avec ma punition qui de toute évidence va durer un certain temps, je n'étais pas prête de le revoir lui non plus.

Le dîner se déroule une fois de plus dans le silence. Le regard de mon père est dur, ses traits sont serrés tandis que nous avalons le rôti de porc de ma mère. Austin fait une remarque ironique sur l'ambiance très cool de la famille en ce moment qui ne fait rire personne. Agacée, je remonte dans ma chambre en claquant la porte. Je préférais encore me retrouver seule plutôt que face à ma famille qui se comportait avec moi comme si j'étais une parfaite étrangère qui partageait leur repas.
Peu de temps après, ma mère revient m'enfermer à double tour.
Je m'écroule sur mon lit, la larme à l'œil et épuisée de tous mes efforts.

Je me réveille quelques heures plus tard en pleine nuit. Je jette un œil à l'heure qui affichait minuit tapante. Je pousse un grognement d'énervement.
Je me suis endormie sans le vouloir, encore bien habillée.
L'oreille collée contre ma porte, je n'entends personne dans la maison. Seul mon frère jouant à ses jeux vidéos dans sa chambre devait  encore être éveillé mais bien trop absorbé dans son jeu pour faire attention à moi.
Alors j'ouvre ma fenêtre.
Cette idée avait germé dans ma tête toute la journée tandis que je me concentrais devant mon texte d'espagnol. Un texte dont je n'avais rien compris cela dit en passant. Mes examens risquaient d'être prometteur...
Je bascule à la balustrade de ma fenêtre. Dans le pire des cas, je mourrais. Et il faut dire que même cette option ne m'effrayait plus désormais. Je n'avais rien à perdre.
Je me hisse au bord de ma fenêtre, lançant une jambe par dessus le rebord. Je prends appui de mes bras et laisse mon corps tomber le long du mur.
Du premier étage, le sol n'était pas bien loin. Suspendue ainsi dans le vide, j'attends un moment en hésitant. Puis je me jette à l'eau, chassant toutes mes peurs. J'atterris lourdement sur mon gazon mais sans rien de casser je crois.
Je me lève difficilement. J'allais pas rester sans bleus, ça c'était certain.
Ravie de mon escapade, ce n'est que après que je me demande comment j'allais faire pour remonter...zut.
Je cours jusqu'à la rue.
Aaron fumait tranquillement sur le trottoir dans sa veste en cuir de gros dur. Il ne me regarde même pas arriver vers lui puis m'écrouler à ses côtés. Il me souffle la fumée dans la figure. Puis il me tend son paquet de cigarette sans dire un mot. Je soupire. Je prends la première du paquet puis l'allume avec son briquet.
Je tire une tafe en inspirant fortement. Une nouvelle fois, j'aimais l'impression que j'avais de moi quand je fumais aux côtés d'un gros dur comme Aaron. Je me sens plus vivante ainsi.
Aaron finit par parler avec sa voix rauque et toujours sans amabilité.

- Ça fait une semaine que je veux te voir, raille t-il.

- Ah oui ? Et bien à cause de toi mes parents m'ont enfermée dans ma chambre figure toi. Je suis privée de sortie.