DESTINS Tome 4 - Espoir

Chapitre 5 - Emily

L'enterrement de Bastien a lieu un vendredi. Dans le fond de l'église, j'assiste à ses obsèques organisées par sa famille bien aimante. Bastien avait de l'amour. Tout le monde l'aimait, il était entouré d'amis, de gens bons dans son quotidien.
Malheureusement, il n'avait pas pu continuer de vivre, emporté dans un tragique accident.

J'écoute le discours de sa sœur aînée qui mentionne Bastien comme un garçon gentil, juste et honnête qui ne pensait qu'à faire le bien dans sa vie. Les études de droit qu'il souhaitait faire sont évoquées. Il n'a pas eu le temps de réaliser son rêve.
Bastien chantait aussi. Il avait une voix douce, et rassurant qui lui donnait un air angélique dès qu'il la faisait entendre au monde.
Et tout ce que sa sœur raconte est vrai. Car Bastien était réellement un homme bon. Ce sont les bons qui s'en vont en premier. C'était ça qui était terriblement injuste.

Je ne pleure pas à son enterrement, trop épuisée de n'avoir fait que ça durant les quatre derniers jours. Bastien n'aurait pas aimé que je pleure aujourd'hui, j'en suis certaine. Il aurait juste voulu que je lui dise au revoir de la manière la plus belle qui soit, et que je sois heureuse.
C'était tout ce qui importait à ses yeux.
Alors je me contente de rester le regard rivé sur la tombe où il était entreposé sur une table devant le curé de la ville. Dedans, sa dépouille brûlée. Sa mère pleure au premier rang. Elle pousse des cris déchirants qui me glacent le sang. Je n'aimerais jamais connaître sa douleur qui devait être tellement plus forte que la mienne.
Et pourtant, la mienne ne faisait que me détruire à petit feu. La perte de Bastien était déjà une épreuve horrible en soit, mais avoir vu en face sa mort sans que je n'ai pu faire quoique ce soit pour l'en empêcher me déchirait de l'intérieur. Je n'ose pas ce jour là aller me présenter à ses parents. Après tout, je n'étais que sa petite copine d'une semaine de relation qui l'avait vu se faire jeter dans le feu par un pervers qui l'a tabassé juste avant. Alors je reste dans mon coin.
Et je dis adieu à Bastien de loin.

*

Le lendemain, je passe à une heure matinale sur sa tombe enterrée dans le cimetière non loin de chez moi situé entre le quartier de Bastien et le mien. À l'époque, il me suscitait de la terreur, un endroit où jamais je n'osais pas y mettre un pied. Maintenant, il devenait à tout jamais l'endroit où reposait mon premier amour.
Je pousse le grillage en appréhendant ma visite. Bastien dormait dans un coin fleuri, où le silence régnait.
Je me laisse tomber sur sa tombe en marbre dès que j'arrive devant. Les larmes sortent aussitôt, toutes les larmes que je n'avais pu verser la vieille. Des larmes, encore des larmes qui sortaient sans fin depuis cette terrible nuit qui a emporté la vie de Bastien.

- Oh Bastien, je murmure. Je suis tellement désolée...

Ma voix se brise. Je caresse de mon doigt la pierre froide qui constituait la tombe. J'avais tellement de chose à lui dire, il fallait que ça sorte. Je voulais lui demander pardon de manière sincère. Je voulais lui dire que je l'aimais. Que je l'aime.
Mais je ne trouve la force que de lui dire :

- Je viendrais te voir tous les jours, je te le promets.

Je continue de pleurer des heures et des heures sur Bastien, regrettant de ne pas avoir davantage pu profiter de lui. Regrettant de ne pas avoir trouvé la force de me débarrasser de Tyler par moi même dès qu'il en était encore temps. Je m'en voulais terriblement.
Sans moi, il serait encore en vie.

Je prends la direction du chemin allant à la maison toute déboussolée de ma visite au cimetière. Je tremble, déambulant dans les rues toute perdue. Dès que je ferme les yeux, je revois l'expression de peur qu'a eu Bastien avant d'être brûlé vif. Alors je les garde ouvert. J'aurais du finir avec lui. J'aurais du mourir à ses côtés. Si seulement Marguerite ne m'en avait pas empêchée. Je lui devais de la reconnaissance mais c'est en me sauvant la vie qu'elle m'a séparée à tout jamais de Bastien.
Toutes ces pensées me hantent. Jour et nuit. Nuit et jour.
Voilà un cauchemar qui n'en finira jamais.