𝐒𝐚𝐧𝐬 𝐒𝐮𝐢𝐭𝐞 - (𝐀𝐫𝐜𝐡𝐢𝐯𝐞)

Chapitre 8

2020
Mathieu

Je souffle et me contente de la fixer ne rajoutant rien à ses mots.

—« J'ai vu le monde s'écrouler autour de moi toute ma vie. Ça a commencé par la séparation de mes parents, puis ma relation désastreuse avec ma mère, puis mes nombreux déménagements qui ont fait que j'ai perdu beaucoup d'amis. Mon père est mort aussi dans la fouler et je me sens seule constamment alors que j'ai des gens sur qui compter. J'ai surmonté toutes ses épreuves seule et me suis beaucoup renfermée sur moi même. C'est pour ça qu'aujourd'hui je suis autant méfiante et froide, parce que j'ai peur qu'en montrant mon vrai visage aux gens, ils finissent tous par se jouer de moi ou m'abandonner comme toutes ses autres personnes qui l'ont fait auparavant. » elle s'arrête pour reprendre son souffle et continue ensuite « Ils commencent par faire comme si vous vous connaissiez depuis toujours, je leur prépare des petits plats, les invitent chez moi comme si j'étais leur daronne et puis quand ils ont fini de se servir de moi pour leur propre bien être. Ils me jettent comme si j'étais qu'un sac à poubelle remplie de déchets » ses lèvres se pincent un moment puis elle reprend « Un peu comme nous au final... Enfin c'est l'une des craintes que j'ai personnellement »

Elle a lâché tout ça d'un coup. Me coupant complètement le souffle. C'est un fait, on a beaucoup de choses en commun mais je pensais pas qu'elle avait les mêmes pensées que moi, qu'on avait même les mêmes visions de la vie et que nos vécus désastreux avec nos familles et nos anciens amis étaient quelque peu similaires et que donc nos craintes pour nos relations humaines à venir étaient aussi les mêmes.

—« J'extériorise très rarement mes émotions et ne parle jamais à personne de ce genre de chose » poursuit elle alors que je viens à peine de me remettre de son long monologue « Preuve que je ne pourrais jamais t'échapper après avoir dit tout ça »

Aïe mon cœur. C'est comme si petit à petit, elle arrivait à fissurer mon bunkoeur avec une tronçonneuse. On est beaucoup trop pareils et je suis vraiment trop surpris.

C'est donc tout ça qui se cache derrière son regard sombre et son visage dur. Et même après m'avoir dit tout ça j'ai le pressentiment qu'il y a encore bien des choses que j'ai à découvrir sur elle.

Putain, mon intrigue pour elle ne cessera donc jamais d'augmenter.

—« Comment une meuf que je croyais tellement forte et indifférente à tout, peut ressentir tout ça au fond d'elle » soufflais je sans réfléchir

Elle hausses ses épaules et son regard s'assombrit ensuite soudainement.

—« Si t'avais été une personne lambda à mes yeux je m'en foutrais que tu me lâches à nouveau à cause de tes peurs et ne serait même pas venu chez toi après ton message. Je t'aurais même oublié pour te dire mais j'sais pas... je crois que tu m'intrigues trop... et je veux vraiment te connaître entièrement »

Elle a réussi. Elle a suffisamment fissuré mon bunkoeur pour s'y introduire complément. On se met alors à se fixer intensément et j'aimerais lui dire tellement de chose mais je sais pas par où commencer. Et comme si elle avait lu dans mes pensées, sa bouche s'ouvre pour m'aider à enfin me lancer.

—« Fait comme moi, dit pourquoi tu as autant peur de souffrir et pourquoi t'as autant de doutes et de craintes »