вєнιηɗ вƖυє єуєѕ: chapitre 3

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Le lendemain fût un jour comme peu d'autres. Le dépaysement, la sensation que rien ne va, le renouveau, la naissance, le changement, la chance, la malchance. Tout un tas d'émotions se succédant, formant alors un ascenseur émotionnel énorme. Mes yeux formaient alors des coupoles quand je me réveillai de ce long sommeil paralysant et déconcertant. Tout avait changé, tout s'était métamorphosé. Mes muscles endoloris ne se souvenaient plus des mouvements avant un petit moment. Je profitai alors de ce laps de temps pour m'adapter. L'air était presque irrespirable, le manque de capacité physique était ennuyeux et douloureux, la lumière était moins vive, les décors avaient changé et la poussière avait transformé les coins en toiles opaques et provoqué une odeur perturbante et nauséabonde. Le plafond s'était presque détérioré à certains endroits et qui plus est, tout était sale et tache parfois de sang. A l'instar de la pièce se trouvaient les meubles qu'habitaient ma chambre, mais cassés, usés et moisis. Si j'avais une vision moins trouble, j'aurais pu y voir les insectes qui s'étaient abrités aux alentours.

Tout avait changé. Tout, excepté le papier que j'avais lu la veille, auprès de mes camarades. Celui que j'avais posé sur la table de forme ronde, placée dans un coin, près de la fenêtre, aux côtés d'une lampe à huile cassée. L'odeur putride de la pisse et des excréments avait pris la place, retournent mon estomac précédemment dans les talons.

C'était bizarre. Tout était à sa place, mais tout avait pris de l'âge. Comme si des centaines d'années étaient passés. La végétation avait gagné en terrain et était rentrée par les trous présents dans les vitres des fenêtres, ainsi que dans les murs. Il faisait légèrement froid, ce jour là, mais je pense que c'est la couette qui n'était pas sur moi. En parlant de moi, je regardai instinctivement sur mon corps. J'étais vêtue de ma robe de nuit, longue, blanche et à courtes manches. Cependant, un détail me glaça le sang: pourquoi y avait-il tout ces morceaux lumineux autour de moi? J'en pris un entre mes doigts, difficilement vu l'état certainement nécrosé de mes muscles, et sentis l'inexplicable: aussi froid que de la glace, mais il ne fondait pas. Il fallait que je fasse un récapitulatif de ma situation. J'appelai alors mon majordome, mais même après plusieurs minutes, personne ne semblait pointer le bout de son nez. Aucune trace de vie, tout semblait mort. Je commençai peu à peu à retrouver une vision nette, ce qui me rendait moins nerveuse. Je mis un peu de temps avant de retrouver la fonctionnalité de ma bouche, vu que, composée de muscles, tout était endormi. Je testais quelques vocalises plus le temps passait, je savais bouger mes articulations plus précisément, gainer certains muscles, pour enfin reprendre rapidement le contrôle de ma voix et mes mâchoires. Ma respiration s'était stabilisée. Il fallait que je réfléchisse à voix haute. Je su me mettre assise, dans ce reste de lit miteux et inconfortable où j'étais.

- Où suis- je? Chez moi, de toute évidence... Mais on dirait que le temps est passé. Beaucoup de temps... combien...?

J'essayai alors de me mettre debout. Je me pensais prête, mais ce ne fut pas le cas. Je tombai alors lamentablement sur le sol, me cognant le menton et perdu ensuite connaissance.

— — —

À mon réveil, le crépuscule naissait à peine. Je me tenu le menton où une égratignure s'était formée d'une croûte de sang séché. Le parquet sur le sol était plus confortable que sur quoi j'étais juste avant. J'essayai alors de me lever, mais sans succès: mes bras ne savaient pas me porter assez pour me lever, je ne parle pas de mes jambes aussi fragiles. Immobilisée, le menton douloureux, je me mis à réfléchir de ce que j'avais fais la veille. Même si mes souvenirs étaient flous, je revu Eren à mes côtés, mon nez ensanglanté et ma tête dans le coton. Mes yeux avaient croisé les siens, tantôt inquiets, tantôt mûrs. Parfois vides et parfais en colère. Rien que d'y penser, mon cœur se mit à chuchoter les sentiments qui sont nés à ce moment précis. Je pouvais l'entendre et le sentir communiquer en morse à travers ma peau, contre ce sol moisi et remplis de poussières.

Après quelques minutes, cet air dépaysé se réinstalla dans ma gorge. Une boule s'y formait, j'avais envie de pleurer.

- Eren, où es-tu? Chuchotais-je en sanglotant.

D'ailleurs, pourquoi Eren? Je m'étais trompée de pensée. Où étais-je étais sûrement la question à poser. Mais je voulais savoir où se trouvait Eren.

Eren...

Mon cœur se mit à battre. Niveau ascenseur émotionnel, je n'étais pas mal là aussi. Passer des larmes à l'amoureuse en un rien de temps était normal? M'enfin.

— — —

Pour passer le temps, je m'étais mise à compter les planches sur le sol. C'est dur de rester autant de temps sur quelque chose qui sent le moisi, l'humidité, le renfermé, la pisse, la mort, la poussière. Un coup de vent avait envolé le papier que j'avais lu hier, jusqu'à côté de mon visage. Je pouvais difficilement lire la dernière phrase: « bienvenue deux milles cinquante ans plus tard. »

- Deux milles cinquante ans plus tard... répétais-je, blasée.

C'est là qu'une idée effroyable m'avait traversé l'esprit. Et si, mon corps s'était recouvert d'une paroi de glace comme Annie, et d'avoir traversé plus de deux milles ans dans cet état ?

Non, ce n'était pas possible.

Si, ça l'était.

Non, il ne fallait pas.

Mon cœur se mit à stresser. Une crise d'angoisse me créa une douleur incommensurable dans l'organe vitale battant à toute allure. « Calme-toi » m'ordonnais-je. Mes muscles furent paralysés quelques secondes, mais pris d'une vive dose d'adrénaline, je me mis à ramper. C'était la seule chose que j'avais à faire avant de dépérir. Combien de temps avait passé depuis mon réveil? J'attrapai le papier que j'avais plié pour le mettre dans ma poche, avant de mettre toutes mes forces dans mes bras, afin de savoir me bouger. Quelques heures avaient passés, très certainement, car la pénombre de la nuit avait noyé l'orangé du crépuscule.

C'est bizarre que personne ne m'ait trouvé en deux milles ans. Si c'est réellement le cas... suis-je la seule à avoir survécu? Le souvenir de l'éclair à la fin de la lecture du papier me refit surface. Comme l'éclair avait apparu qu'avec moi, selon les dires du caporal, il se pouvait que je ne sois que la seule.

La seule...

Je me mis sur mes pieds, bien difficilement. Ce fut un désastre au début, je ne fis que tomber les premières fois. Pourtant, j'avais atteint le seuil au bout du couloir, et vu la salle à l'entrée complètement changée. Majoritairement ouverte, la nature avait dominé les vestiges, le palais ne ressemblait plus à rien. Juste des débris éclairés par la lumière funeste de la lune pleine et montante. Je descendu les escaliers en percevant d'autres détails. Des ossements jonchant le sol à quelques endroits, le tapis rouge autrefois déroulé sur les marches avait disparu, des pierres de toutes tailles provenant certainement du plafond qui n'existait partiellement plus... Tout avait l'air d'une apocalypse bien tournée. Je me claquai les joues à force de croire que cela n'était qu'un rêve. En loupant une marche, je tombai dans les derniers escaliers. Je lâchai quelques larmes, totalement perdue, si victimisée par le scénario. Pourquoi en suis-je devenue si fragile?

Marche.

Marche.

MARCHE!

Je me relevai, essuyant les larmes naissantes aux bords de mes yeux, avant leur chute.

Sortant alors des ruines du château, j'ai pu constater un autre désastre: presque tout avait disparu. Quelques vestiges avaient survécu, comme s'il y avait eu une guerre. Des arbres ont poussés par centaines, des racines sortant du sol dallé, les maisons n'existaient plus. Toute vie, toute trace de vie... tout ça avait disparu. J'en tombai de haut, mais pas question de me remettre à pleurer. Même si des gouttelettes naquirent, elles ne tombèrent jamais. Elles restaient logées et attachées à mes yeux.

— — —

Alors, ce chapitre vous a-t-il plu?

Ce changement a bouleversé tout le scénario! Est-ce vraiment un bon dans le temps qu'elle vient de faire?

Si oui, est-elle la seule survivante?

Prochain épisode: Découvertes.

Non corrigé.

вєнιηɗ вƖυє єуєѕ [EREN x HISTORIA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant