L'Aventure Zodiaque

33. Éclairés

Promptement, la pluie se transforme en orage grondant au-dessus de nos têtes. Les nuages sont d'un gris sombre que strient des éclairs menaçants. Scott nous rejoint tandis qu'Adrien ne revient toujours pas.
《 C'est l'épreuve des capricornes ! nous hurle Gib-Gee. Éclairés ! On doit trouver une lueur plus forte que celle des éclairs et s'y abriter !
- On doit partir ! crie Laff dont la voix surplombe difficilement le vent.
- Mais il faut retrouver Adrien ! rétorque Leo.
- Dans cette tempête c'est impossible !
- On ne peut pas l'abandonner !
- Votre Altessse il faut fuir ! Nous pouvons supporter ceci mais pas vous ni l'ambassadrice ! 》
Leo se retourne vers moi et convaincu, approuve le voeu de Laff.

Nous nous mettons en route. Je suis tirée par Laff et Leo pour avancer plus rapidement. Le vent me fouette le visage accompagnée du froid et de la poussière. Plusieurs fois tombe l'un d'entre nous en raison de l'humidité du sol mais il est vite aidé par un autre.
《 Les gars regardez là-bas ! nous lance Gib-Gee en désignant le bas de la colline.
- On doit y aller ! 》
Il semble qu'une lueur scintille tout en bas de la colline, non loin de l'orée de la forêt. Si pour échapper à cette orage il nous faut nous abriter là-bas nous n'avons aucun autre choix si ce n'est la rejoindre.

Pour cela, nous devons descendre la pente rocheuse, trempée et escarpée de la colline. La pluie accentue le risque. Toutefois, une chute ne serait pas mortelle mais laisserait des blessures qui a ce stade de l'aventure peuvent s'avérer lourdes de conséquences.

《 Va falloir qu'on s'entraide ! intime Gib-Gee. Elena aspire l'humidité de la pente ! Druskia, tu descends la première comme ça tu nous rattrapes ! 》
Les deux filles s'exécutent et ensuite Laff se décide à descendre le premier, suivi de Scott.
《 On y va ensemble ? 》
Je me retourne vers Leo. Ces cheveux sont plaqués sur son front et il tremblote un peu à cause du froid.
《 Allons-y. 》

J'amorce un premier pas sur ces roches instables que Leo emboite. Je commence à avancer et chaque pas me déséquilibre plus que le précédent. Si je tombe Druskia me rattrapera mais ma chute entraînerait celle de Léo.

Descendre à deux n'était définitivement pas une bonne idée.

Je jette un oeil à mon prince qui manque de se ramasser sur une racine. Je lui tends ma main et à travers les flots ininterrompus je crois percevoir un "merci".

Arrivés aux pieds de la pente, nous attendons Elena, Tara-Hayn et Gib-Gee puis nous partons vite rejoindre le faisceaux lumineux. C'est là que nous tombons sur une fleur d'Osmarld. Cette espèce est aussi rare qu'une éclipse. On dit que sa lueur vient de larmes de lucioles. D'ailleurs une douce chaleur se dégage d'elle et alors que nous nous abritons sous ce voile de lumière, je remarque qu'ici il ne pleut pas.

Autour, l'orage fait toujours des ravages, les éclairs éclatent et le tonnerre gronde comme la voix d'un ogre lointain.
《 Bordel ça s'arrête quand ce truc, marmonne Laff.
- L'épreuve prendra fin quand tous les élus seront ici. 》
Pile après les mots de Gib-Gee, nous discernons une forme sur la colline à travers l'épais voile de lumière dorée.

Adrien.

Du blondinet il ne reste que la silhouette sombre aussi loin ressemble à un simple arbre. Il n'a qu'à nous rejoindre pour que l'épreuve se termine mais il ne bouge pas d'un poil.
《 Qu'est-ce qu'il fout ! 》
Je partage l'agacement de Laff' et appelle le Verseau ce qui est bien inutile en raison de l'atmosphère bruyante.

Néanmoins il semble entendre mon appel puisque d'un coup il s'envole. Ce n'est pas la première fois que son don lui facilite une épreuve. Dans la tempête il ressemble à un corbeau, surtout qu'il s'élève haut, très haut.
《 Qu'est-ce qu'il fout ! Il va mourir comme ça ! hurle Druskia.
- Comment ça ? fis-je étonnée.
- Plus il vole près des éclairs, plus il risque de se faire foudroyer, explique gravement le Gib.
- Tu peux dévier l'éclair non ? lui demande Scott.
- Je peux contrôler la foudre que j'émane, pas celle qui existe déjà. 》

À ce moment précis, je réalise que je suis sur le point de perdre un autre ami. Mon coeur s'effondre. Je suis déjà à terre, en pleine crise de panique, tandis que Tara-Hayn essaye de me calmer. Je pleure, je pleure tellement que lorsque ça le foudroie je ne le vois pas choir.

Mon pauvre Adrien.

Mes dernières paroles envers lui me reviennent alors.

Peneloppe t'aimait et toi tu l'as tué !
Meurtrier ! Assassin ! Traître !

J'éclate plus fort en répétant ces paroles. C'est totalement ma faute s'il s'est isolé. Ma faute s'il est devenu de plus en plus dément. Ma faute. Ma faute ! MA FAUTE !

J'aurais dû l'épauler après la mort de Peneloppe mais non je l'ai attaqué, je l'ai abandonné.

Je me sens si coupable de sa mort !

Mais je ne suis pas la seule dans ce cas.

L'orage s'éloigne assez rapidement depuis la mort d'Adrien. Bientôt le soleil revient ce qui rend la lumière des fleurs moins éblouissante.

Je suis coupable.