Elle monta à 90 km/h.
Sans aucun courant d'air assez fort pour la gêner, la moto finit de dessiner la spiral montante de la bretelle de sortie, et s'engagea sur la voie en ligne droite s'étalant devant elle.
La SilverFury était seule. Il faisait nuit, et frais. Cette route faisant le grand tour de la ville n'était jamais très empruntée, de jour comme de nuit, pourtant elle était forte utile pour relier l'est et l'ouest, le nord et le sud etc. De plus c'était une route agréable car en hauteur, elle surplombait les tours et immeubles de taille moyenne, ainsi que certains quartiers résidentiel calmes, malgré qu'aucun endroit dans cette ville ne soit 100% à l'abri du bruit. Mais le temps des files interminables de véhicules entassés les uns contre les autres, créant un stresse et un énervement collectif était révolu depuis fort longtemps. Cette route fut construite dans l'héritage des constructions humaines urbaines, mais les modes de transports avaient bien changé entre temps. Bien que certains y voyaient la nouvelle voie de métro aérien, la route n'avait pas bougé depuis sa création et depuis faisait le bonheur de quelques rares habitants amoureux des routes.
Bref le terrain de jeu idéal.
La pilote contrôla une dernière fois ses rétroviseurs, puis slaloma entre les voies pour trouver le meilleur angle d'observation de la ville, tout en maintenant sa vitesse. Bien sûr, elle n'aurait rien tenté du tout si un autre véhicule se trouvait sur la voie, sa manœuvre était plus que dangereuse, mais la tentation de cette route solitaire lui ouvrant les bras fut trop forte. Et puis sa SilverFury avait besoin d'être stimulée, il avait plu toute la semaine dernière et bien que conduire sur un bitume trempé n'était plus aussi dangereux qu'autrefois, les limitations de vitesse étaient toujours revues à la baisse pour assurer la sécurité.
Mais aujourd'hui, elle se faisait plaisir. Les conditions étaient parfaites, presque trop. Personne ne pourrait l'interrompre et remarquer que la moto roulait un peu vite, et puis si il y avait urgence elle savait comment frêner efficacement. Les doigts de sa main se resserèrent donc instinctivement autour de la poignée et la tournèrent doucement vers le bas. La carlingue vibra. Puis ces vibrations se dirigèrent vers l'arrière ou leur manifestation auditive fut un ronronnement soudain, aïgu et bref. Un panache de fumée blanche sortit de l'arrière de l'engin et celui-ci s'élença telle une bête vers l'horizon.
Le paysage défilait à toute allure : un ciel noir mais vite éclaircit par la cité et ses lumières bleu pâle provenant de chaque bâtiment animé, chaque rue, et de la route elle-même. Les tours s'élevaient vers le ciel comme pour le percer, elles rayonnaient à chaque étage formant des sortes de rayures lumineuses. La route était trop en hauteur pour voir les rues en contrebas, mais il ne faisait aucun doute que même à cette heure elles restaient vivement animées. La cité s'étalait à perte de vue, elle était immense, comme n'importe quelle autre dans le monde, mais celle-ci en particulier dégageait une ode à la grandeur et au cosmopolitisme. À la nature et à la technologie qui se mélangent et s'intègrent l'un dans l'autre pour rentrer en symbiose.
Cette cité, grouillante et intense, permettait de devenir qui l'on voulait. C'était comme une promesse. Chaque individu y trouvait sa place qu'elle soit le jour ou la nuit. Elle avait tout à offrir et depuis des années sa réputation n'avait jamais vacillé. Un petit monde à elle toute seule qui ne cessait pas de s'enrichir et se complexifier. Un sentiment de chaleur rassurante pour certains, un endroit froid et solitaire pour d'autre.
La pilote maintint sa vitesse malgré les appels de l'ordinateur de commande intégré entre les poignées, juste sous la petite vitre de protection. L'écran tactile rouge était flanqué d'un grand point d'exclamation ainsi que d'un message formel :
<<Attention : vitesse supérieure à la limitation !>>
Au lieu des 90 km/h préconisés, les deux roues glissaient sur le bitume à maintenant 110. Agacée par les appels intempestifs de la voix artificielle de l'ordinateur de bord la suppliant de ralentir, la pilote baissa les yeux et balaya le message écrit sur l'écran dans un coin pour confirmer en langage électronique qu'elle avait pris connaissance de l'information. Même si elle savait que le message allait ressurgir dans quelques minutes si elle ne ralentissait pas. Tan pis, elle voulait profiter de cette sensation incroyable que lui procurait la vitesse, au moins un petit instant. Après elle sera raisonnable.
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HumandroiD
Science FictionEn 920 de l'ère Androïdienne Humains et Androïdes vivent en droits égaux. La vie commune de ses deux races est le résultat de presque un millénaire de remise en question de la vie sur Terre, et de la création du peuple Androïde. Cette égalité fut fo...