30. Exode à Evendim

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Fili gardait ses distances.

- Ce n'est qu'un bébé ! s'offusqua Lyana.

- C'est un orc pâle ! C'est un individu de l'espèce qui a tué mon père et mon arrière-grand-père. C'est un individu de l'espèce qui a failli nous tuer, Kili, notre oncle et moi il y a six ans. Ce sont des monstres sanguinaires !...

- C'est un bébé ! répéta-t-elle.

Fili tournait en rond. Nerveusement, il lissait ses cheveux de ses paumes de mains.

- Posez-le là !

- Quoi ?

Lyana secouait lentement l'enfant qui s'était éveillé.

- Posez-le là ! insista-t-il calmement.

Lyana obéit et le posa sur l'herbe.

Fili sortit son épée de son fourreau et avança vers le nourrisson.

Mais Lyana se posta devant lui.

- Que faites-vous ? hurla-t-elle.

- Je fais ce qui doit être fait ! Poussez-vous de mon chemin !

Le bébé se mit à pleurer, apeuré par les cris.

- Ce n'est qu'un bébé, par Zeus ! Il n'est pas un danger...

- Mais il le sera un jour...

- Bien sûr que non. C'est notre éducation, notre expérience de la vie, ce qui nous est offert au cours de notre enfance qui fait ce que nous devenons...

- Et vous allez faire quoi ? L'élever ?... Mon oncle vous aime, il acceptera votre retour...Mais si vous trimballez cette "chose", n'y comptez même pas. grogna le prince.

- Alors je ne rentrerai pas. Il faudra me tuer avant de toucher à ce nourrisson !

Fili souffla, jeta un regard au petit être emmitouflé dans un linge et rangea sa lame.

- Comme vous voudrez ! Je rentre sur Erebor !... Et je ne vous ai pas vue... Kili avait raison.

- Sur quel point ? demanda Lyana qui avait récupéré l'enfant et le berçait.

Fili était remonté à cheval et s'éloignait.

- Sur le fait qu'un jour où l'autre, vous seriez un incommensurable souci pour notre oncle. répondit-il sans se retourner.

Lyana alla s'effondrer dans la petite grotte.

Le bébé s'était endormi. Ses paupières s'agitaient. Il devait rêver.

Alors c'était cela un orc pâle ! Lyana n'en avait jamais croisé. Elle n'en avait même jamais entendu parler avant que les nains qui les haïssaient ne les évoquent, notamment cet Azog appelé le profanateur.

Elle soupira profondément. A cette heure, elle aurait dû être blottie dans les bras de Thorin. Elle aurait dû sentir son odeur si prégnante de musc mêlé au vétiver. Il lui manquait tant.

Mais elle ne pouvait se résigner à abandonner ce nourrisson dans la nature. Il serait alors voué à mourir de faim, de froid ou déchiqueté par un animal affamé. Et elle savait que jamais Thorin ne tolèrerait qu'un orc aussi petit, innocent et vulnérable soit-il n'entre dans sa montagne.

D'ailleurs, comment avait-il pu atterrir là au plein milieu d'un bosquet si près de Dale ? Les nains avaient toujours dit que les orcs traînaient du côté de Gundabad ou de la Moria. De l'autre côté de la forêt de Thranduil.

Ce fut sur ces dernières réflexions qu'elle s'endormit, épuisée par cette journée.

*

Fili avait repris le sentier dans l'autre sens et avait parcouru près de la moitié du chemin. Mais il entendit des bruissements devant lui.

La Folie de Thorin 2 : Le Feu sous la MontagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant