lettre 04

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⠀⠀⠀⠀Chère Dorothée,

Je ne t'ai plus écrit depuis quelques jours maintenant ; il faut dire que mes journées furent occupées : je suis partie un week-end à la mer avec mes parents et ma sœur. Effectivement, nous sommes allés dans les mêmes villes, tu t'en doutes !

Nous avons logé à Ambleteuse dans un charmant petit appartement en bord de mer. L'air marin est si bon ! Cela m'a fait le plus grand bien.

Le premier jour, nous sommes passés par l'incontournable Cap Blanc-Nez à Escalles, que nous avons gravi jusqu'au monument, tout en haut. J'ai beau m'y rendre chaque année, c'est systématique : je ne m'en lasse guère. Le vent souffle bien fort en haut de ce mont ; et la vue ! la Manche qui s'étend si loin ! Les côtes anglaises sont toujours bien visibles quant à elles, il n'y avait pas de brouillard pour les dissimuler à la vue. Je crois, chaque fois, qu'il y a peut-être là-bas des personnes qui regardent au même moment dans notre direction et que, sans le savoir, nos regards se croisent à des kilomètres de distance. N'est-ce pas romanesque ?

Ensuite, nous sommes redescendus, un peu plus fatigués que nous ne l'étions au départ. L'heure du midi approchait, alors nous avons rejoint, par la pente, la plage de galets au pied des falaises. La chance était de notre côté : elle était presque vide, et la marée était plutôt basse, donc la partie de sable était visible. Mes parents se sont assis sur l'étendue et ma sœur capturait avec son appareil photo l'horizon blanchâtre, que troublaient quelques bateaux éloignés et des mouettes piaillant joyeusement.

De mon côté, j'ai ramassé un galet, le plus beau que j'ai pu trouver : il était roux, ou bien marron, et fendu, de sorte que la partie coupée était lisse et brillante. Je ne cesse d'en prendre chaque fois que nous venons. Que je dois en avoir des dizaines chez moi !  C'est simplement la chose que l'on fait sur une plage de galets, non ? On en choisit un, celui qui attire notre attention, comme pour pouvoir dire : celui-ci, je l'ai pris à Escalles ; j'étais là-bas, j'ai gravi le Cap Blanc-Nez, j'ai vu les côtes anglaises au bout de la Manche !

Lorsque la faim nous a gagné davantage, nous sommes remontés — non sans difficulté, puisqu'il est bien difficile de remonter une plage de galets en pente, sans tomber sur nos mains, comme tu le sais. Nous avons roulé jusqu'à la la ville voisine pour manger un bout dans un petit restaurant, puis nous sommes repartis à Ambleteuse.

Notre après-midi s'est déroulée sur cette plage, à côté du fort, que nous avons pu visiter à l'ouverture, à quinze heures. C'était bien beau ! Tout de même, un fort datant du 17ème siècle !

Par la suite, nous avons roulé jusque Wimereux, où nous avons marché sur la promenade. Nous avons pris à manger dans une baraque à frites sur le bord de plage, et nous avons dîné les yeux vers la mer.

La nuit a passé dans l'appartement à Ambleteuse. Nous nous sommes levés bien assez tôt afin d'achever nos bagages, que nous avons rangés dans le coffre de la voiture et à l'arrière, puisqu'il n'y avait pas assez de place.

Ma sœur voulait que nous passions à Boulogne pour aller à Nausicaa, sauf que mes parents ont refusé à cause du budget que cela impliquait. J'ai été déçue moi aussi, mais j'ai bien dû m'y rendre plus de dix fois déjà dans ma vie. De fait, c'est un peu désappointées que nous sommes sorties de la voiture lorsqu'elle s'est arrêtée à Hardelot. Mais nous avons vite retrouvé notre sourire : c'est une ville superbe !

Notre matinée a vite été mangée par des déambulations sur le sable, dans les rues, près des boutiques, où je me suis achetée une jolie petite casquette.  Puis, nous avons décidé : nous avons repris la route jusqu'à Étaples, l'une des dernières villes de notre voyage. Nous avons mangé nos sandwiches près du port, l'air marin fouettant notre visage. Vraiment, j'avais la tête vidée des mauvaises ondes, c'est bien appréciable !

Nous sommes allés faire du mini-golf ; et j'ai gagné !!! Ma sœur a boudé : je l'ai battue de deux points, mais tu la connais, elle a retrouvé le sourire quand mes parents ont dit qu'elle pourrait avoir une glace quand nous serions arrivés à Berck. C'est là-bas que nous avons passé nos derniers moments de ce merveilleux week-end.

Nous avons repris la route, après peut-être deux heures dans Berck, à inspirer le bon air frais — quoi que cela sentait un peu le poisson — et à regarder la mer agitée, par-dessus laquelle voletaient des hordes d'oiseaux. Je voyais des enfants faire des châteaux de sable sur la plage, aller chercher de l'eau dans leur seau et en inonder leurs douves pour fortifier ces jolis petits forts. Cela m'a remémoré plein de souvenirs ! J'adorais faire des châteaux, moi aussi, ou récolter des coquillages, des couteaux, et chercher du regard les crustacés sur les rochers, sans jamais vraiment partir à la récolte des moules — je n'aime pas ça, les fruits de mer, de toute façon.

Enfin, nous sommes revenus au soir chez nous, dans notre campagne bien plate et bien triste, sans la mer, sans les grandes falaises, sans cette sensation de liberté que l'on ressent sur la côte — et mon cœur s'est serré, d'autant plus que tu n'es pas là.

⠀⠀⠀⠀Je pense à toi,
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀Violette

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