Agrippée au mur, je sors ma tête à l'entre-bâillement de la porte de la plonge et zieute furtivement la salle. Et si c'était un voleur, qu'il était en train de fouiller la caisse ? Je manque de respirer et fais un pas en avant, mes jambes tremblotent. Le regret de ne pas être un mec me frappe de plein fouet, je souffle doucement afin de me donner une once de courage et avance par petits pas. Je visualise la caisse, personne ne se trouve devant.Je regarde la porte d'entrée : rien.
Alors je m'avance davantage.
Lorsque je passe le comptoir, je remarque une chose noire qui plane au dessus de la table à l'entrée et me racle la gorge ; provoquant la frayeur chez la personne accroupie devant la fenêtre. Elle se retourne brusquement et se lève, les mains en l'air en un geste rassurant.
Seigneur.
-Je suis désolé, murmure une voix masculine.
J'arque un sourcil, l'homme s'incline. Mes traits se durcissent et je serre mes dents, impatiente.
-Bonjour ?
Il se redresse, je vois deux petites prunelles sombres sous son bob. Elles sont grandes, presque rondes, brillantes. Dans son regard, le stress et l'innocence fusionnent, j'ai l'impression de m'y perdre et dois mordre ma lèvre du bas pour me ramener à la réalité.
-Bonjour, dit-il d'une voix mélodieuse, je suis désolé d'être rentré comme ça.
Sa voix.
Elle est si douce que j'ouvre la bouche, surprise par son timbre délicieux qui résonne encore dans toute la pièce.
Sans compter qu'il a un accent étranger, je ne saurais pas dire lequel.
Je me renfrogne et m'approche davantage jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de lui. Je sens bien que l'envie de reculer le ronge, mais il est contre la fenêtre et ne bouge pas d'une oreille.
-Tout va bien monsieur ?
Il hoche la tête, ses yeux se plissent, je devine qu'il sourit. En l'observant de plus près, je peux entendre les battements de son cœur en folie. On dirait bien qu'il transpire légèrement et sa respiration est saccadée, comme s'il venait de faire un trois fois cinq-cent mètres -je grimace aux souvenirs affreux du collège- et me racle la gorge tandis qu'il hoche une nouvelle fois la tête.
-Je ne savais pas où aller, j'ai vu que c'était allumé donc je suis rentré, je ne savais pas que c'était fermé, désolé, répète-t-il.
Je tourne la tête vers le bar et remarque que les frigos ne sont pas éteints. Je secoue la tête, exaspérée et me dirige vers eux, laissant l'inconnu respirer. Je sens qu'il me suit, je guette du coin de l'œil et le vois observer la salle minutieusement.
Il est grand de taille, et son aura est si impressionnante qu'elle semble m'écraser au point que je ne sache pas quoi dire, ni quoi faire.
Alors je prends mon assurance - inexistante - à deux mains, et décide de l'aborder comme un client.
-Tu as l'air essoufflé, tu veux boire quelque chose ?
-S'il te plaît.
- Un coca par exemple ?
-Je ne voudrais pas abuser, s'esclaffe-t-il, de l'eau sera parfait.
Je souris et m'empare d'une bouteille de coca que je tape en offert sur la caisse. Il pose son sac par terre, je tire une chaise sur laquelle il s'assied. Lorsqu'il remarque que ça n'est pas de l'eau, il lève la tête et de ses onyx me fixe droitement, je fais la moue et me tire une bière avant de prendre place à côté de lui.
![](https://img.wattpad.com/cover/235084946-288-k599485.jpg)
VOUS LISEZ
Le temps d'une vie | Jungkook.
Fanfictionꨄ Essayant d'échapper à une horde de gens en folie, Jungkook se cache dans le premier restaurant et tombe sur Sun qui va lui faire découvrir les choses banales de la vie. « À cet instant là, j'ai eu la sensation d'atteindre les étoiles. Comme si je...