Le temps d'une vie | Jungkook.

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Il me sembla que je n'étais plus en mesure de respirer au fur et à mesure que j'avançais dans ce long tunnel sombre et glacial. J'avais beau supplier mes poumons, ils ne fonctionnaient plus et m'avaient abandonné depuis de bonnes minutes déjà. Pourtant, j'étais encore en vie. Je ne voyais rien, n'entendais rien, ne ressentais rien. Je savais en revanche que le vent claquait mes jambes brutalement, elles vacillaient et je devais m'accrocher aux pierres pour ne pas céder à la violence des coups. Malgré mon absence de sens, j'entendis quelque chose de mélodieux, presque trop doux pour la situation dans laquelle j'étais. C'était sa voix, la sienne. Elle sembla si loin, mais me guida néanmoins jusqu'à la sortie. Il m'avait sauvé la vie.

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-Ne t'inquiète pas mec, on a rien prévu ce soir, je sors dîner avec Namjoon et Hoseok, mais les autres restent à l'hôtel.

-Tu es sûr hyung ?

-Oui, je suis sûr, nous on va faire la fête si tu veux nous rejoindre après.

-Pourquoi pas. On s'appelle plus tard.

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Mes jambes sont incontrôlables et n'arrêtent pas de faire des vas et viens à l'intérieur du bar. Le frottement de mes sandales contre les planches en bois est agaçant, je dois le reconnaître, mais le stress m'englobe plus que je ne le voudrais. J'imagine déjà la beauté même me raconter combien il n'est pas intéressé par nos échanges, réduisant mon cœur en charpie. Il me regarderait de ses deux petites billes noires et me donnerait sûrement le plus tendre de ses satanés sourires compatissants, en vantant sa gentillesse et me remerciant pour les bons moments passés ensemble, tandis que je me pincerais la cuisse jusqu'au sang pour ne pas fondre en larmes. Oui, c'est sûrement ce qu'il me dirait avant de s'excuser et de prendre la fuite, parce qu'après tout, tout le monde part un jour.

Et puis il s'en irait. Et moi, je resterais là, derrière ce bar, comme je le fais toujours. Je foutrais la musique à fond et puis je boirais mon verre de rosé en chantant.

Parce qu'ignorer une blessure est tellement plus simple que de l'affronter.

Mais pourquoi ?

La véritable question est : pourquoi.

Parce qu'il est beau comme un dieu ? Oui.

Parce qu'il me fait sourire ? Oui.

Parce qu'il me regarde comme jamais personne ne m'a regardé, ou du moins, c'est ce que mon cerveau tente de me dire : oui.

Depuis quelques jours, c'est comme s'il était devenu mon obsession.

Est-ce vraiment ce qu'on peut appeler un coup de cœur ? Un coup de foudre ?

Si c'est le cas, et bah c'est pas franchement glorieux, parce que ça peut faire des dégâts.

Une main ornée de bagues me sort de ma léthargie, je cligne deux fois des yeux et grimace.

-Tu rêvais là ? Ricane le beau brun tout en passant sa main dans sa chevelure soyeuse.

-Mmh, je faisais un cauchemar plutôt, je marmonne dans ma barbe. Tu as faim ?

L'éclat qui a traversé ses iris lorsque j'ai posé ma question m'arrache un sourire, je m'empare de mon sac et fais le tour du bar en un rien de temps.