Chapitre 24 - Anchor

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Putain! Je ne sais pas ce qui se passe et ça me rend dingue! Mon instinct me hurle d’agir, là, maintenant. Pourtant, je continue de tourner en rond dans mon putain de bureau comme un putain de lion en cage! Merde! D’habitude, j’aurais su quoi faire ou comment. Je ne me serais pas posé de question! Mais c’est Bri, bordel! Cette gonzesse va me rendre complètement taré! 
Depuis cette visite à Hunter, quelque chose à changer. Je ne sais pas vraiment quoi, mais je le sens au fond de mes tripes. Je vais la perdre. Putain. 
    Dans le fond, rien n’a changé. Elle bosse toujours jour et nuit pour innocenter mon frangin. Elle a même trouvé un moyen de débusquer le traître. Elle répond à mes baisers, à l’appel de mes bras, mais le coeur n’y est pas. Ses sourires n’atteignent pas ses yeux. Et même quand elle est près de moi, des milliers de bornes nous séparent! Bordel! J’ai raté un truc! Mais je ne sais pas quoi! Et ça me fout les nerfs! 
J’ai merdé? Possible. Où? Quand? J’en sais foutrement rien! Putain! C’est pas comme si j’avais l’habitude de ce genre de trucs. Merde! Comment on fait pour se rattraper, si on ne sait même pas où on a merdé, hein? Ou alors, c’est Hunter?! Putain. Il a foutu la merde avec ce roulage de pelle! C’était trop tôt! Bordel, il a déconné. 
Il pensait crever dans cette taule. Ne plus la revoir. J’aurais aussi pété un câble et craqué. Elle est belle à en crever mon p’tit chat. Ses lèvres tentatrices. Son sourire timide. Ses yeux de dingue. Et son corps putain. C’est un putain de fantasme. Elle ferait bander un gay. Se damner le bon Dieu en personne. N’importe lequel craquerait. Rien qu’à l’idée qu’un autre la touche, j’ai des envies de meurtre. 
    Quand j’ai vu mon frangin l’embrasser putain… Et mon p’tit chat lui rendre son baiser, j’étais… Putain, j’ai pas de mots. Je crois... Je crois que j’étais heureux. Même si je ne sais pas trop à quoi ça ressemble le bonheur, je crois que c’est ça que j’ai ressenti. 
Hunter est mon frère, plus que n’importe quel autre. Comme mes frangins de sang. On est lié tous les deux. À la vie, à la mort. On a échappé à l’enfer en Afghanistan. On a réchappé de chacun de nos déploiements parce qu’on est une équipe. Une putain d’équipe. On est l’ombre de l’autre. Surveillant ses arrières. Ça nous a sauvé la vie plus d’une fois.
J’ai rencontré Hunter le premier jour d’entraînement. On était jeune, con et on avait des choses à prouver. On s’est défié sur le parcours de franchissement. Putain de connerie. Simmons, l’instructeur nous l’a fait refaire jusqu’à ce qu’on crache nos poumons. Que nos muscles supplient. Que notre foutue fierté et notre connerie foutent le camp. Première leçon : agir comme des cons n’apporte que des emmerdes et en zone de guerre, c'est la mort assurée. Je ne l’oublierai jamais. Hunter non plus. On en a chié. L'effort. La douleur. La fatigue. Les coups de gueule de Simmons. Putain. Ça nous a calmés. Soudés. Aguerris. Endurcis. On est devenu des hommes. Des SEAL. Des frères. 
Les déploiements se sont succédés. Les zones de guerre. Les morts. Jusqu’à ce que tout ça n’ait plus vraiment de sens. On arrivait au bout de notre engagement putain, sans aucune autre perspective que de signer encore une fois. C’était la merde. 
Alors un soir, à notre retour d’Afghanistan, on a pris nos bécanes et on a roulé au hasard pour se vider la tête. Finalement, on a atterri au Lucifer. On voulait se détendre. Prendre une bonne cuite. Et oublier toute cette merde. On a enquillé les whiskys. Et les choses ont dégénéré. On s’est battu contre des putains de bikers qui nous cherchaient des crosses. On a fait un putain de carton. Mais, on ignorait que le bar était à eux. On serait mort, si Thor et Shadow n’étaient pas intervenus. Après une fin de soirée agitée, ils nous ont proposé un job, un toit, une famille et une raison de nous lever le matin.
Aujourd’hui, j’ai une toute nouvelle raison de me lever le matin. Ou pas. Cette idée m’arrache un putain de sourire. Rester au plumard avec mon p’tit chat. À baiser toute la sainte journée… Oh putain! Je pourrais me damner pour ça, si j’avais pas déjà vendu mon âme au diable. Je rêve de son corps contre le mien. De sa peau douce. De ses lèvres pleines, charnues, tentatrices. J'aimais pas rouler des pelles aux gonzesses, mais elle, c'est différent putain. Sa langue agile. Sa douceur. Ses caresses. Son goût sucré. Je pourrais passer mon temps à la dévorer. Explorer ses courbes divines de mes mains ou ma langue. Embrasser chaque centimètres carrés de sa peau. Titiller sa putain de poitrine et l’entendre gémir de plaisir. Bordel! J'ai jamais autant bandé! La goûter. Putain, je rêve de la goûter. De la prendre. Fort. Doucement. Dans toutes les positions. De me retrouver en elle. De la sentir se resserrer autour de moi. Et de la regarder jouir sous mes coups de reins. Bordel de merde!
Depuis cette nuit-là, face au Golden Gate. Depuis que je l’ai sentie si réceptive. Prête à s’abandonner à moi toute entière. Depuis que je l’ai regardée prendre son pied, je ne rêve que d’une chose, la faire mienne. La posséder. La regarder à nouveau prendre du plaisir sous mes caresses. La faire jouir comme jamais. Je veux l’entendre gémir. Crier mon nom. Bordel de merde.
La réalité me frappe soudain avec la douceur d’un coup de poing dans la gueule. Elle s’éloigne. Je risque de la perdre. L’angoisse s’insinue dans mon bide. Me choppe les tripes et s’amuse avec. Putain, faut que je la vois. Que j’éclaircisse ça. Que je lui dise à quel point elle compte pour moi. Elle ne peut pas me quitter, putain. J’en crèverai.
Je sors de mon bureau et le verrouille. Mon p’tit chat m’a dit retrouver Stormy en bas. Je vais les rejoindre. La trouille me lacère le bide, comprime mes poumons. Mon crâne est en ébullition. Des jours qu’il cherche des réponses qu’il ne trouve pas. Est-ce que c’est leur prise de tête avec Hunter? Quand je l’ai retrouvée, elle était en larmes et tendue. Ça m’a crevé le coeur de la voir comme ça. De ne rien pouvoir faire. Je sais qu’elle n’a pas tout dit de ce que l’autre enfoiré lui a fait. Qu’elle n'est pas prête à en parler, mais putain ça me bouffe! 
Je sais qu’on doit être patient, Hunter et moi. Qu'on ne doit pas la brusquer. Ni lui foutre la pression ou la trouille, si on veut avoir une chance qu’elle nous accepte tous les deux. Mais putain, pas savoir, ça me rend dingue. Je sais qu’elle est faite pour nous, bordel. Je le sais au plus profond de mes tripes. De mon âme, si j’en ai encore une. J’en suis certain. Elle a assez d’amour, de patience et de caractère pour nous deux. Elle est parfaite. Parfaite, putain!
    On doit juste y aller en douceur. Lui laisser le temps de se faire à l’idée. Pour une nana lambda, ce serait déjà la merde. Alors mon p’tit chat, avec ce qu’elle a vécu... Sa putain de méfiance. Sa peur. Cette tristesse qui habite ses yeux et me tord les tripes. Et cette foutue indépendance, qui la rend sacrément sexy. Mais aussi hyper casse couille. Parce que ouais, elle n'a pas l’habitude de s’appuyer sur qui que ce soit. Et c’est bien le problème. À part Stormy. 
Tiens, quand on parle du loup… 
— Eh! Sexy Navy! Qu’est-ce que tu fous là? m’interroge-t-elle, hilare devant ma tête de dogue.
    Je gronde quand je l’entends m’appeler comme ça. Putain, c’est ridicule. Ridicule, et exclusif bordel. Y’a que mon p’tit chat, qui peut m’appeler comme ça. Et surtout pas devant mes frères. Sous peine d’une bonne fessée. Mais cette emmerdeuse de Stormy s’en carre.
— Tu sais que tu peux grogner ou faire la gueule tant que tu veux, beau gosse. Ça ne m’impressionne pas! dit-elle amusée. Alors? Tu cherches ta sirène, j’imagine? 
    Je grogne encore à l’entente de ce surnom. Putain, les gonzesses, je vous jure. J’opine du chef pour toute réponse. J’adore Stormy. Mais qu’est-ce qu’elle peut être casse-couille. 
Hunter m’avait dit qu’elle était tatoueuse et une sacrée bonne. L’emblème du club tatoué dans son dos est un putain de chef d’oeuvre. Du super boulot. Vraiment impressionnant. Les couleurs, la précision du trait et du dessin, les détails. Des heures de boulot pour un résultat qui déchire. N’ayant pas de tatoueur au sein du club, on a tous différentes adresses. Je voulais faire reprendre le mien. Le connard qui me l’avait fait, l’avait foiré. Après lui avoir rectifié la gueule, on était à égalité. Hunter a demandé à sa frangine d’y jeter un œil quand elle est venue la première fois. Après un rapide examen, elle m’a dit qu’elle pouvait faire le taf. Et putain, je regrette pas! C’est une putain d’artiste. Une sacrée emmerdeuse. Mais une putain de tatoueuse.
Du coup, on a passé pas mal de temps ensemble. Et le temps semble long lorsqu’on est immobile et silencieux. Puis Stormy, bah c’est Stormy. Directe. Grande gueule. Bagarreuse. Cinglée. Rien ne lui résiste. Une emmerdeuse puissance dix mille. Avec un putain de caractère de merde! Une vraie lionne! Sauvage. Féroce. Et sacrément loyale.  Une putain de guerrière. Comme mon p’tit chat. 
On peut parler de tout avec Stormy. Rien ne la choque. Quand les gars croient lui l’avoir fait fermer, elle surenchérit et leur la fait boucler en deux secondes. Cul, queues, chattes, rien ne l’arrête. Elle est même pire que nous. Bordel! Ici, tout le monde la respecte et l’apprécie. D’autant, que putain, c’est pas la dernière à te défoncer la gueule si tu l’emmerdes. 
Mais là, j’ai les nerfs. Ce truc avec Bri me prend vraiment la tête. Plus vite, j’aurais réglé ça, mieux ça vaudra. Je… J’ai peur de la perdre. Ouais. J’ai la trouille qu’elle ne veuille plus d’un connard comme moi. Et putain, je m’en relèverai pas. Alors, j’ai pas vraiment de temps à perdre.
— Elle est dans sa chambre. Elle avait besoin de se détendre, de réfléchir et de se changer les idées, me lance-t-elle avec son air de garce. 
    Je fais demi-tour pour rejoindre les escaliers, quand une putain d’évidence me frappe. Je me retourne, rejoins Stormy, m’assois face à elle et la fixe. 
— Tu sais ce qui se passe, grondé-je peu ravi de m’en remettre à elle pour avoir des réponses.
— Peut-être, lance-t-elle, taquine. 
— Putain. Me casse pas les couilles, Stormy. Crache le morceau. 
— Toujours aussi agréable à ce que je vois. Putain, moi qui pensais que Bri avait fait de toi un gros nounours, rit-elle. Faut croire que je me gourais! C’est qu’il est vraiment de mauvais poil! 
— T’as pas idée. Magne! grogné-je.
— Avant, je veux savoir, me lance-t-elle très sérieusement. 

Sons of Hell - La Vengeance de NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant