Rencontre

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Un des invités c'était levé, surprenant les personnes autour de lui et avait fait face à l'estrade. Avant que le professeur n'ait pu esquisser un seul mouvement, l'homme leva son bras, pointa son pistolet sur la poitrine du télépathe et tira. Charles entendit très nettement le coup de feu mais alors que la sécurité se précipitait sur le tireur et que la foule cherchait à s'enfuir dans un désordre des plus total, il ne ressentit aucune douleur, comme si la balle ne l'avait pas touché. Il pensa que l'homme l'avait sans doute raté, ou alors qu'il devait avoir été tué sur le coup, mais, baissant la tête, le brun vit la balle briller à ses pieds. Une balle intacte, comme si on ne l'avait jamais tiré. Ou plutôt comme si elle n'avait jamais atteint sa cible.
Charles esquissa un pâle sourire et se sentit doucement tiré vers l'arrière, plus précisément vers les coulisses, là ou personne n'avait songé à aller dans la panique pour se protéger d'une éventuelle attaque terroriste. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que personne ne poussait son fauteuil et se contenta de se laisser tirer de la sorte jusqu'à se retrouver dans la semi-obscurité de la pièce.

« Tsss, laisser un infirme sur cette scène sans même l'aider... L'humanité est au plus mal à ce que je vois. » Emergea une voix grave du fond de la salle.

« Il me semble que tu ne leur en as pas donné l'occasion. » Réplica aussitôt le télépathe. Un silence pesant s'abattit sur les deux hommes, troublé par l'écho des cris résonnant encore dans la grande salle.

« Pourquoi tu ne m'as pas dit. » Assena enfin Erik en sortant de l'ombre, les mâchoires serrées en contemplant presque durement son ami.

« Qu'aurais-je du te dire ? »

« Ne feins pas l'innocence Charles. » L'allemand fixa le fauteuil dans lequel était assis son vis-à-vis et déglutit péniblement, les mots qu'il prononçait semblant lui arracher une partie de lui-même. « C'est ma faute n'est-ce pas ? »

Le professeur baissa les yeux et murmura dans un soupir « Oui. ». Il n'avait pas jugé utile d'informer son ancien ami de ce qu'il était devenu, mais il voulait surtout s'accepter lui-même avant de balancer son état à la figure de celui qui l'avait d'une certaine manière cloué à ce fauteuil.

« Charles je... je suis désolé. »

« Je sais. Tout le monde dit ça. »

« Mais enfin je... Enfin c'est à cause de moi ! » La voix d'Erik était devenue de plus en plus vibrante à mesure qu'il parlait et le professeur sentit les roues de sa chaise bouger, comme attirées involontairement par l'homme en face de lui. Bien que masqué par la pénombre, Charles vit sans difficulté la colère et la douleur s'inscrire sur les traits de son ami, sentiments qu'il savait dirigés envers leur propriétaire. Erik s'en voulait, profondément, et comprenait que ce qu'il avait fait était bien plus triste que ce qu'il avait pu penser.

« Mon ami, le fait que je sois paralysé aujourd'hui ne change rien au fait que tu sois partit. Ce n'est ni excusable, ni pire encore. » Le professeur avait sincèrement essayé de rester calme mais c'en était trop pour lui. Le cumul de la soirée, de son thème, du pseudo assassinat puis d'avoir revu l'homme qui était la raison d'être de la plupart de ses souffrances avait eu raison de sa volonté et des larmes perlèrent au bord de ses yeux tandis que sa voix s'emportait.
« Bien sur je pourrais te demander où étais tu lorsque je suis rentré de l'hôpital et que j'ai détruit tous les miroirs sur mon passage, ou encore ces nuits lorsque je me réveillais au bas de mon lit et que je n'avais plus la force de remonter, ou bien lorsque tous sont partit et m'ont laissé seul mais, tu vois, ça serait bas. Bas et cruel. »

« Je suis désolé Charles. » Répéta le mutant.

« Tu es partit. » Commença le professeur dans un murmure. « Et tu n'étais pas là lorsqu'on à recruté les premiers jeunes pour l'école. Tu n'étais pas là lorsqu'on a dû la reconstruire en partie à cause d'un enfant qui ne contrôlait pas son pouvoir. Tu étais toujours absent lorsqu'ils sont tous partis parce que je ne pouvais plus assurer les cours. Et tu n'étais pas là non plus quand les voix sont revenues me hanter. Mais bon sang pourquoi n'es-tu pas revenu ! » Il leva son regard que les larmes ravageaient à présent, recherchant désespérément un signe, une expression à laquelle se raccrocher et qui contrasterai avec son air dur et neutre qu'il ne pouvait plus supporter de voir.
Erik plongea son regard acier dans celui du télépathe et ne dit pas un mot. L'allemand avait oublié l'intensité de ces derniers, il avait oublié la couleur si profonde de ce bleu qui donnait l'impression de constamment vous pénétrer l'âme et en découvrir les moindres secret, et hésita avant de s'approcher de lui. D'un mouvement gracieux de la main, il souleva légèrement son fauteuil, ouvrit la porte et enjamba le rebord, suivit de son ami qu'il faisait toujours léviter dans les airs. L'air frais de la soirée vint fouetter le visage des deux hommes, surpris par la fraicheur ambiante. A peine le siège toucha le sol qu'Erik le fit pivoter et le plaça pour qu'il soit bien en face de lui.

Your touch, magnetizing (Cherik)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant