L'HISTOIRE DE LA FILLE CORBEAU (partie2)

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LES PREMIERS SIGNES DE MALAISE

    Anicette était depuis peu un membre à part entière de la famille si bien qu’on l’abreuvait d’amour et de soin. Toutefois, elle développait des comportements au-delà de l’acceptable. Tout le monde a fraîchement en tête le gros boudin fécal qu’elle fit sur elle et qui indisposa toute la maison.
Comment est-elle arrivée à se faire dessus malgré une santé irréprochable et la disponibilité des toilettes de la maison ?
Ce soir, M. Lehi rentra d’humeur nerveuse. Il venait une fois de plus de perdre une marché et qui plus est, il assistait impuissant à la faillite de ses entreprises. Les factures impayées s’égrenaient tel un chapelet dans les mains du patriarche. Les appareils électro ménagers de la maison manifestaient leur caprice par des pannes récurrentes jusqu’à l’irréparable. Les maux les plus insignifiants aux plus sévères touchaient les membres de la famille. M. Lehi ne savait plus par quel vent se laisser balancer.
               Maladie, panne, nervosité, tristesse, convocation, faillite, galère, inquiétude, pleurs et dégoût..
les 10 plaies dont on ignore la source s’abattirent sur la maison Lehi. Certains soupçons inavoués pointaient vers Anicette. Mais comment est-ce possible ?
Ce n’est qu’une gamine et puis, n’est-elle pas chrétienne comme le reste de la maison ? Ne participe pas-t-elle aux séances de prière comme tout le monde ? Non, il faut chercher ailleurs, soutient Madame Lehi.
LES CHOSES SE CONFIRMENT
Les choses se compliquent de plus en plus pour la famille si bien qu’on se mit à brader les quelques biens restants afin de tenir la chandelle. C’est en cette période que la petite Anicette prenait loisir à se promener, seule et éveillée tard dans la nuit dans la maison pendant que tout le monde dormait. Dans une nuit des plus troublées, Anicette se faufila alla à l’arrière cours. Elle se mit à débiter des paroles incantatoires puis entra dans une danse contorsionniste en mimant le geste d’un oiseau prenant son envol. M. Lehi en proie à des réflexions interminables entendit un battement d’ailes à la fenêtre de sa chambre. Par un regard frugal à la lueur de la lune, il aperçut un grand oiseau.
« Que vient faire ce oiseau noir à ma fenêtre au beau milieu de la nuit » ? se demande-t-il. A pas balbutiants il s’en approcha.
Le mystérieux oiseau les yeux menaçant comme investi d’une mission se mit à dévisager son vis-à-vis. D’un geste de la main M. Lehi chassa l’espion, déchirant l’air de ses ailes macabres accompagné d’un cri funeste.
La riposte à cette infamie ne se fit pas attendre. Au lever du jour, alors que la famille était réunie dans ce qui leur restait de salon, M. Lehi s’abattit sur la jeune fille : « C’est la dernière fois que tu fais ce que tu as fait la nuit dernière. Si tu te transforme encore en oiseau, je te tue ! » M. Lehi pensait agir en toute légitimité mais son épouse, fidèle à ses habitudes s’y opposa. Le malheureux père perdit son ultime support. Sa femme, son épouse, son pilier sur lequel il bâtit son empire devenu à partir d’alors un château de sable, croulait dans le creux de sa main. Elle ne le comprend pas et elle ne le comprendra jamais jusqu’au jour où…

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