Les Mystères De L'Afrique

Boukare et l'autre monde II

Dans cette obscurité épaisse tout était calme et paisible à l'intérieur de la chambre de Boukaré comme si de rien n'était. Seul, du monde des humains dans cette chambre infernale colonisée par le monde des êtres surnaturels, Boukaré chercha un échappatoire en vain. Il sentit sa maison elle-même se déplacer horizontalement puis verticalement c'est-à-dire vers les cieux nous confiait-il ! Ce déplacement mystérieux de la maison se stabilisa à un moment donné et il entendit des bruits de pas sur des feuilles mortes et sèches, wonnrr! wonnrr! wonnrr ! lesquels bruits étaient accompagnés de voix caverneuses et fines qui, s'entremêlèrent les unes contre les autres, gravitèrent autour du malheureux Boukaré. Dans ce tohu-bohu une voix beaucoup plus rauque laissait entendre ceci: " Oh tabernacle ! Oh tabernacle ! Oh tabernacle ! " pour dire que Boukaré devait être transféré à ce lieu pour la suite des événements. Le tabernacle était un lieu soigneusement aménagé par les amis de Boukaré pour accueillir tous ceux qui se retrouveraient dans la même situation. Après le troisième cris " Oh tabernacle" un vacarme étourdissant retentit et Boukaré crut être au milieu d'un séisme. Evanoui il se réveilla dans le tabernacle en question et qu'est-ce qu'il voit ? 
En haut au niveau des quatre angles du tabernacle conçu sous forme de cuisine, on pouvait voir des crânes et d'autres ossements humains accrochés. Des calebasses et des jarres contenant chacune un liquide rouge-vif qui devait être certainement du sang recueilli étaient aussi disposées ça et là. On pouvait également voir des sabres, des lances, des canifes, bref ! Des armes blanches posées pêle-mêle et qui scintillaient au moindre contact avec les yeux.

Au dessus des crânes humains qui étaient suspendus dans les angles du tabernacle était inscrite selon les locataires des lieux la raison qui a conduit au sort administré au détenteur légitime de chaque crâne.

<< Crâne 1. Miction ( urine) vers minuit et au bord d'une voie sur un des miens ; 
Crâne 2. Traversé notre domaine sacré en pleine cérémonie ; 
Crâne 3. Mouchage et émission de crachat sur notre repas;

Crâne 4: Défécation sur notre territoire...>>

Il semble que les êtres surnaturels sont beaucoup plus nombreux que les humains. Mais compte tenu du fait qu'ils soient invisibles, les humains ne se rendent pas compte de cet état de fait. À une certaine heure de la nuit notre monde leur appartient. C'est à leur tour de se promener et de faire ce qu'ils ont à faire. Parfois il arrive que certains êtres surnaturels prennent la forme humaine ( le sexe féminin le plus souvent ) pour avoir certains hommes et leur créer des soucis. Pour nous humains, il y a des comportements à adopter pour éviter d'être dans le viseur de ces êtres surnaturels et attirer leur colère.

A peine Boukaré eut lu l'inscription sur le quatrième crâne de son semblable passé à la casserole, il vit apparaître devant lui un nain au front aplati qui supportait un seul œil. Il n'avait que des cheveux sur la nuque qui, par l'action du vent caressaient ses fesses mal conçues. Son menton pointu touchait son nombril à chaque fois qu'il tentait de s'abaisser. Ses trois pieds en forme de spatule se terminaient chacun par des sabots. Avec des lèvres aussi larges qu'épaisses, il bavait sans cesse. Cet énergumène tenait entre les mains un fouet. Il s'approcha de Boukaré et lui administra un coup magistrale sur les fesses en signe de bienvenue dans ce royaume de peur et de terreur. Boukaré après réception de ce coup n'eut pas le courage de retenir son jus qui était en lui. Il lâcha donc une urine rougeâtre puis jaunâtre qui coulait à même le sol. Un autre locataire des lieux s'approcha de Boukaré, s'agenouilla et s'abaissa par la suite puis, sortit sa longue langue fourchue pour délecter cette urine lâchée par Boukaré pour lui signifier que tout ce qu'il a de ses cheveux jusqu' à ses orteils en tant que être humain était utile aux locataires de ce royaume.

Jusque-là Boukaré ignorait toujours le sort qui lui était réservé étant donné que sur les inscriptions des quatre crânes qu'il avait lues bien avant le violent coup de fouet reçu sur les fesses en guise de bienvenue, il n'a pu voir d'autres pour espérer avoir une idée de ce qui l'attendait. Tout ce qu'il retient c'est que les hostilités ont commencé autour d'un seau d'eau et les forces étant disproportionnées il s'était enfui sans ce seau d'eau pour se retrouver dans sa chambre avant d'être transféré dans ce taudis ! 
Dans le premier épisode nous parlions d'un être apparu à Boukaré avec une longue langue qui trainait au sol et qui était encadrée par deux longues dents pointues. C'était le maître du tabernacle. Le dernier mot lui revenait. Après jaillissement d'une lumière étincelante, le maître des lieux fit son apparition maintenant. Les pieds repliés sur sa tête trapézoïdale, il se déplaçait cette fois-ci sur ses deux dents pointues et sa langue balayait le sol. Tout son corps était couvert de scolopendres qui donnaient des frissons. Boukaré se mit à hurler comme une hyène affamée. Le nain qui lui avait administré le coup de fouet lui intima l'ordre de se taire! Ce qu'il fit immédiatement.

Le maître des lieux s'approcha de Boukaré et lui dit ceci : " Mooon peeetiiiit ! Des humains comme toi n'ont pas pu supporter la moitié de ce que tu as enduré jusqu' ici et sont moooorrrrts. C'est leurs crââânnnes et bien d'autres ossements qui sont accrochés un peu partout dans mon somptueux palaaaais... Ton couraaaage prendraaaaa fin tout de suuuiiite puisque tu dois rejoindre les auuuutres! ". Après ces mots il écarquilla les yeux, les leva vers le ciel et marmonna quelques mots puis jeta un regard gluant sur Boukaré et poursuivit : " Tu as de la chance mon peeetiiit! J'étais juste de passage lorsque je t'ai aperçu en train de vouloir te laver. Tu ne m'as pas porté préjudice donc j'ai décidé de te ramener dans le monde des vivants. Mais je te rendrai visite tous les trois ans car tu es ma propriété. Nous sommes unis pour toujours...!

Stupéfait, Boukaré soupira! Après ce soupir qui en valait la peine, il perdit connaissance. Revenu à lui il se rendit compte qu'il était dans sa chambre couvert d'une sueur abondante.

Beaucoup diront que Boukaré eut de la chance ! Ce qui n'est pas du tout le cas. Boukaré, tout petit, a grandi sous le toit de sa grand-mère qui s'en est occupé personnellement nous avait-elle confié un jour. Décoctions d'écorces d'arbres et tisanes de plantes rares lui avaient été sérieusement administrées.

Je ne saurais terminer sans remercier tous ceux et toutes celles qui ont parcouru le premier épisode de la mésaventure de Boukaré et qui ont commenté ou voter.

J'espère que vous trouverez également votre compte dans cette deuxième partie.