Jérémy
La lumière crue des néons reflète sur les murs blancs de la chambre, projetant une atmosphère presque oppressante. Je suis debout près du lit, et je ne peux pas m'empêcher de la regarder. Océane. Mon Océane. Ma fille. Elle est si petite, si vulnérable dans ce lit d'hôpital. Les draps sont tirés jusqu'à sa poitrine, et son visage, d'une pâleur presque fantomatique, ne montre aucun signe de douleur. Mais c'est pire ainsi : elle est absente.Je tiens sa main glacée dans la mienne, comme si ce simple contact pouvait la ramener. Les machines bourdonnent autour de nous. Le bip régulier de son cœur est à la fois rassurant et insupportable. Chaque son me rappelle qu'elle est vivante, oui, mais suspendue dans ce maudit coma. Ils disent que son cerveau devrait montrer des signes de réveil. Mais rien. Juste ce silence.
Je tourne la tête vers Laura. Elle est là, près de moi, assise dans son fauteuil roulant. Elle n'a pas bougé depuis que nous sommes entrés dans la chambre, son regard fixé sur sa sœur. Ses traits sont figés, son visage tendu par la douleur qu'elle ne veut pas montrer. Laura ne pleure jamais. Pas depuis l'accident qui l'a clouée dans ce fauteuil.
Je sens ma gorge se nouer en pensant à mes deux filles car oui Laura je la considère comme ma fille maintenant elle m'a même demandé si elle pouvais m'appeler papa, ces deux là son des combattantes. Océane est là, entre la vie et la mort, et Laura est ici, brisée physiquement mais incroyablement forte. Laura finit par lever les yeux vers moi. Sa voix tremble quand elle prononce un mot unique, un mot qui me transperce :
— Pourquoi...
Je détourne le regard. Je n'ai pas de réponse à lui donner.
Mon esprit retourne aux paroles des médecins. On m'a expliqué les détails cliniques : le traumatisme crânien, l'hémorragie qu'ils ont réussi à contenir, la fracture du bassin, la contusion pulmonaire. Elle aurait pu mourir sur la route, avaient-ils dit. Mais elle n'est pas vraiment en vie non plus.
Elle a sauvé un enfant. Un garçon de sept ans. C'était à l'orphelinat où elle travaillait comme bénévole. Un enfant avait échappé à la vigilance des adultes et courait vers la route, insouciant. Une voiture arrivait à toute vitesse. Océane n'a pas hésité une seconde. Elle s'est élancée pour l'attraper.
Elle a réussi. Le petit garçon n'a pas une égratignure. Mais elle... Elle a été percutée de plein fouet. Le choc l'a projetée à plusieurs mètres. Quand les secours sont arrivés, elle ne respirait presque plus. Un miracle qu'elle soit encore en vie, m'a dit un collègue, le ton presque admiratif. Moi, je ne vois aucun miracle. Je vois ma fille brisée.
Je suis médecin. J'ai passé ma vie à sauver des vies. Et pourtant, je suis totalement impuissant face à elle. C'est une ironie cruelle.
Laura
Je fixe Océane sans ciller, mais tout en moi hurle. C'est ma sœur. Ma grande sœur. Celle qui était toujours là pour moi, même après mon accident. Celle qui n'a jamais cessé de croire que ma vie pouvait être belle, même coincée dans ce fauteuil. Et maintenant, c'est elle qui est là, immobile, incapable de parler, de bouger.Je serre les mains sur les accoudoirs de mon fauteuil, comme si je pouvais évacuer ma colère à travers mes doigts. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste. Pourquoi elle ? Pourquoi encore elle ?
Mon père est à côté de moi. Lui aussi la regarde, mais je vois ses mains trembler. C'est rare. Jérémy, le médecin infaillible, est en train de craquer. Il n'a pas de solution. Il n'a pas de mots. Et ça me terrifie.
Je finis par lui poser la question que je me pose en boucle depuis qu'on est arrivés ici :
— Pourquoi...
Il détourne les yeux. Il ne sait pas répondre.
Rosy
L'odeur de désinfectant m'agresse dès que je pousse les portes de l'hôpital. Les lumières artificielles, le va-et-vient des infirmières, le bruit des chariots métalliques... Tout cela me donne la nausée. James me suit, mais je ne ralentis pas. J'ai trop peur.Cela fait un an qu'Océane a disparu. Un an qu'elle a coupé tout contact avec nous. Et maintenant, je reçois cet appel. On me dit qu'elle est ici, dans cet hôpital, dans un état critique. Mon cœur bat à tout rompre. Elle doit se réveiller. Elle doit.
La réceptionniste me regarde avec un calme exaspérant tandis que je m'agite devant elle.
— Océane Delcourt, s'il vous plaît, chambre ?
Elle tape lentement sur son clavier avant de répondre :
— Réanimation. Quatrième étage, chambre 418.
Je me précipite vers l'ascenseur. Chaque seconde compte.
Isabelle
Quand Rick entre dans le salon, je sais que je vais devoir affronter sa colère. Il a passé une journée difficile, et ce que je vais lui dire ne va rien arranger.— Rick, Rose a appelé. Elle veut que tu la rappelles.
Il fronce les sourcils.
— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle voulait ?
Je prends une grande inspiration.
— C'est Océane... Elle est revenu et ...
Son visage se ferme. Pas d'étonnement, pas de choc. Juste une tension glaciale.
— Merci pour le message, lâche-t-il. Je vais sortir un peu.
— Rick, attends ! Tu ne veux pas savoir ce que dis le message ? Il dit que ...
je ne peux pas finir ma phrase il part en claquent la porte.
— Que Ocean est a l'hôpital...
je fini ma phrase dans un murmure...
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Seule, tome 2 : Ils veulent que je réaprenne a vivre !
RomanceMon histoire ne se termine pas dans un drame absolu. Elle est loin d'être achevée. Après tout l'enfer que j'ai traversé, je dois désormais réapprendre à vivre. C'est, malheureusement, un nouveau combat que je dois mener... mon combat.