JOUR Z-2
Salle 218, Lycée Jules Ferry, France. Vingt heures.
Mme Vitrain était morte. À terre. Zombie sur son cou.
Personne ne s’y attendait. Même pas la professeure. Pourtant, Priscilla avait encore les bras tendus. La brave avait eu le courage de pousser la philosophe dans la gueule du loup. C’était la seule solution. Ou mort.
Morsure. Sang.
Spectacle traumatisant.
Garçon gelé. Femme mangée.Elle l’avait sauvé.
Sans se poser aucune question.
Aucune hésitation.Le monstre du placard s’acharnait sur la professeure. Il fallait le tuer. Manon, maintenant clarinette à la main, s’approcha du zombie. Elle imita Gul et le frappa à la tête. C’était plus dur que ce qu’elle pensait, mais, bientôt, il ne bougeait plus. Tous les autres restèrent plantés là.
Zombie mort, pièce silencieuse.
Professeur mort, ambiance affreuse.
Gul n’en croyait pas ses yeux. Tout cela n’était qu’un rêve. Un rêve, dans lequel la petite avait dû tuer pour vivre. Un rêve, dans lequel la personne qu’elle admirait le plus était allongée morte à ses pieds. Un rêve, dans lequel elle ne serait pas en train de pleurer.
À genoux, sur le corps de sa professeure préférée, Gul tremblait.
Le groupe d’amis regardait maintenant les trois cadavres par terre. Un sentiment douloureux s’empara de chacun d’entre eux. Priscilla sentit les larmes monter à ses yeux. Elle n‘avait pas voulu faire ça. Elle n’avait pas voulu tuer Mme Vitrain. Elle avait juste voulu sauver son meilleur ami. Elle devait s’asseoir. S’asseoir et pleurer. Elle choisit une des chaises les plus proche et enleva ses lunettes.
Ses pensées la dévoraient. Pourquoi Mme Vitrain avait-elle fait cela ? Voir l’élève avec lequel elle discutait avant les alarmes se faire attaquer l’avait-elle rendue folle ? Avait-elle trouvé refuge dans la philosophie, au lieu de faire face à la réalité ? Personne ne comprenait. Priscilla sentit la chaleur de ses larmes couler sur ses joues glacées. Elle ne pouvait pas continuer.
« C’était la seule solution », murmura Estelle dans le silence de la pièce. Aucune émotion. Objectivement, le Cerveau savait que Priscilla avait fait la bonne chose. Et que ça ne servait à rien de se dire le contraire. Ils devaient sortir du lycée. Et si sur leur chemin, tuer voulait dire sauver ses amis, alors ils allaient le faire. Aucune question. Ils allaient sortir de là, à cinq, peu importe ce qu’il se passerait.
Une tour tomba au sol. Enzo, genoux à terre, était tout blanc. Il se repassait en boucle la scène. La faucheuse l’avait raté, grâce à Priscilla. Comment la remercier ? Comment trouver les bons mots pour lui expliquer à quel point il lui était reconnaissant ? Rien ne sortait de sa bouche. C’était la première fois que ce garçon mangeur de littérature classique et de vocabulaire académique se retrouvait sans mot. Même s’il ne parlait pas beaucoup, il avait toujours réussi à exprimer ses idées clairement. Mais pas cette fois-ci. Tout était trop compliqué dans sa tête. Il espérait qu’elle comprendrait.
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Zombies à Jules Ferry
FanfictionPersonne n'aurait jamais pensé que les élèves, les professeurs, et les zombies silloneraient les mêmes couloirs du Lycée Jules Ferry. Cependant, leur sang tâchait tous les murs des bâtiments. Et encore moins de personnes auraient pu croire que l...