la twingo

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Juin 2010


— mais vraiment alex il n'y a que toi pour faire ça, t'es trop une galère sérieux.

les mots de ma meilleure amie à travers le combiné pourraient me faire rire, mais à ce moment là j'ai surtout envie de chialer ma race. cette journée puait la défaite dés la sortie de mon lit, parce que déjà je me suis levée en retard, je suis donc arrivée avec du retard à la fac. je n'ai pas mangé à midi car j'ai oublié de prendre de quoi graille dans la précipitation. j'ai complétement foiré un exam' et j'ai couru après mon bus avant de  bien vite abandonner quand j'ai cru perdre un poumon, puis grosse flemme aussi. ce soir je devais quitter ma seine saint denis natale pour me rendre sur paname pour l'anniversaire de mel dans le quinzième. ses parents lui ont prêtés la baraque pour qu'elle puisse fêter sa majorité. il faut dire que son appart' étudiant d'aubervilliers est minuscule et au max on aurait pu rentrer qu'à trois.

pour en revenir à ma galère je suis actuellement dans le quatorzième près des plaisances, je voulais pas arriver sans rien alors j'me suis arrêté à une épicerie pour ravitailler en alcool même si c'est pas de l'eau. pensant être grave la queen des créneaux, je décide d'en faire un entre une smart et une vieille punto et bref j'ai calé là.

la queen de rien du tout bordel.

et maintenant j'arrive plus à la démarrer, faut dire qu'elle date du siècle dernier aussi. donc là j'ai ma twingo quasi en plein milieu de la route mais tout va bien, on est là quoi. je décide de conclure rapidement mon appel avec melany. comme il ne me reste que 3% de batterie, elle va appeler un dépanneur pour moi.

— bon vas-y je te laisse, tout le monde débarque, zack va venir te chercher là.

— ouais j'envoie l'adresse, allez à plus dans l'bus. j'ajoute avant de raccrocher.

bon bah j'ai plus qu'à attendre après avoir envoyé mon adresse à zack. ça fait exactement trois minutes que je fixe le bitume et je trouve déjà le temps long. en vrai faut que je bouge ma caisse, au moins la mettre sur le côté. ça va que c'est une rue à sens unique et avec peu de passage mais quand même, c'est pas la route à ma mère quoi. j'essaie alors de la pousser. on dirait j'ai quelque chose à prouver wesh je me suis prise pour qui en croyant que j'allais réussir à pousser ce tas de ferraille avec mes bras de phasme là ? au moment où je capitule, une sorte de marée humaine se dirige dans la rue dans laquelle je me trouve. je comprends rapidement que ces gens sortent d'un même endroit dans la rue en face, avant que je ne remarque qu'il s'agit de la sortie d'une de ces petites salles de concert de la capitale. je vais pouvoir demander à quelqu'un de m'aider comme ça.

puis je me souviens que j'aime pas les gens.

mon rapport avec l'espèce humaine est plutôt bancale, disons juste que j'aime pas parler aux gens. alors je me contente de regarder chaque personne qui passe avec un regard du genre le chat potté dans shrek en espérant qu'on y lise de la pitié pour m'aider même si en vrai on dirait plus le regard de l'âne. j'ai plus l'impression d'attiser le jugement que de la pitié. vraiment la mentalité parisienne, quel plaisir.
mel a raison j'suis trop une galère comme meuf.

au pire j'peux attendre l'arrivée de mon frère et il m'aidera à pousser. de chez ma meilleure amie aux plaisances y'a bien une demi-heure à pied, surtout qu'elle habite juste à l'autre bout de l'arrondissement.

— wesh, y'a un soucis avec ta gov ? me demande une voix.

ah j'ai peut-être gagné la pitié d'une personne. lorsque je me retourne pour voir mon interlocuteur, je tombe nez à nez avec un gars, peut-être dans mes âges bien que je me demande une demi seconde si il est majeur ou non au vu de ses traits juvéniles et sa peau blanche et sans imperfection (je veux sa skin routine). brun, ses cheveux mi-long dépassant un peu de sa casquette enfoncée sur son crâne.

— euh ouais.. bah ouais je bégaie.

quand je dis que mon rapport avec les autres est bancale, je mens pas.

— en fait elle démarre plus, j'aurai au moins voulu la dégager de la route. finis-je par expliquer.

— ah ouais bah attends là, j'vais trouver du monde pour aider.

je connais pas ce garçon mais je l'aime déjà beaucoup. bon ok j'ai peut-être un soucis de dosage mais  il faut avouer que c'est archi gentil de sa part. sachant que la foule s'est peu à peu dissipée, il ne reste que peu de monde dans la rue. je vois alors mon sauveur s'engouffrer un peu plus dans la ruelle alors que je le vois revenir quelques instants plus tard accompagné par un autre type, casquette à l'envers, un look plus ricain il doit se croire dans un clip de 50cent. ah et il est quasi autant imberbe que le premier, plus grand également. d'ailleurs arrivé à mon niveau, le gars pose son regard sur ma personne avant de me lâcher un sourire. poliment je lui rends.

alex décrispe toi wesh, avec ce sourire on dirait j'suis constipé depuis six jours.

— va au volant, on va pousser derrière.

j'assimile les paroles du brun avant de me mettre au volant afin de guider un minimum ma gova. l'engin finit par bouger alors que je tente de la garer au mieux, dégageant enfin la route. je sors finalement de l'habitacle assez soulagée, vraiment ma journée a été tellement affreuse que là j'suis à deux doigts de leur rouler une pelle chacun juste parce qu'ils ont accepté de m'aider.

canalise alex.

— merci, vraiment vous me sauvez.

— tranquille, c'est cool de venir à l'aide de jolies filles. dit le second type, qui n'avait rien dit jusque-là.

ah bah d'accord. la disquette so 2007, je suis morte.  je crois entendre un petit accent du sud. c'est bon rien qu'en une phrase il m'a donné envie de partir en vacance lol. j'ai les joues qui chauffent mais je préfère faire genre parce que j'assume r. du coup comme c'est des mecs vraiment grave cool, ils attendent avec moi que mon frère arrive. puis de là j'en apprends un peu plus sur eux. Les deux sortent du concert de Rocé, j'apprends également que les deux sont passionnés par le rap. le brun a d'ailleurs un collectif, « 1995 » qui commence doucement à se faire connaître. c'est comme ça que je me suis retrouvée spectatrice d'un freestyle improvisé de mes deux sauveurs. et ils sont vachement doués en plus. finalement le sudiste qui a pour blaze ahmadeen doit partir, étant attendu ailleurs. maintenant qu'il est parti je peux le dire, wow quelle voix. il m'a fait relever tout le duvet de poils de ma colonne vertébrale c'batard. je me reprends et reporte mon attention sur le premier qui est venu à ma rencontre, ken, nekfeu de son blaze de rappeur. au loin j'aperçois enfin zack.

— j'ai une pote qui fait une soirée, après on va décaler dans un bar, si ça te tente de nous rejoindre.

sans bégayer et dans un bon français, nan vraiment je suis fière de moi là.

— j'dois voir des potes, mais pourquoi pas j'leur proposerai. souriait alors ken en me tendant son téléphone. je te tiens au courant.

je souris avant de pianoter mon numéro sur son portable avant de lui adresser un dernier signe pour rejoindre mon frère alors qu'il prenait la direction opposée. ça fait beaucoup de testostérone pour la soirée j'suis pas habitué là. maintenant que j'ai retrouvé mon frère, il reste plus qu'à attendre le dépanneur maintenant.

toute ma vie j'attends.

———

¡ holà!
après plusieurs mois de réflexion
je me lance enfin dans une nouvelle fanfiction
je ne reprends pas forcément la vie du crew aux dates près, cela reste de la fiction
n'hésitez pas à laisser vos avis x

𝐒𝐄𝐍𝐙𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant