Chapitre 14

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Une semaine plus tôt.


Jess.

Comme souvent le dimanche après-midi, je me retrouve assise sur le canapé de Paul, sa tête posée sur mes jambes.
Le Lahote dévore son nouvel ouvrage de la semaine.

Cela m'a étonnée au début. Le Paul Lahote qui était loin d'être une personne très scolaire n'est pas si fâché que cela avec les livres.

-Tu as vraiment besoin de moi pour ça ? je désespère.
-Que veux-tu, souffle-t-il, je crois que Stephen King t'aimes bien.

Je ne suis pas sûre qu'il soit le seul.

-Au fait bébé,

Et c'est reparti. Il ne peut s'empêcher de me donner le choix entre diverses propositions ces temps-ci. Je l'écoute, un brin amusée.

-Si ta peur la plus profonde se matérialisait sous tes yeux, qu'est-ce que tu ferais ? Tu fuirais, tu l'affronterai ou tu resterais paralysée?

Je me revois quelques années plus tôt découvrir ses loups à la taille improbable au beau milieu des bois et prendre mes jambes à mon cou. Je ne peux m'empêcher de rire en pensant qu'à présent je suis des leurs.

-Crois-en mon expérience, il y'a de grandes chances que je fuis et toi?
-Moi?
J'approuve.
-Moi je n'ai peur de rien voyons.

Je roule des yeux. Ma réaction le fait ricaner. Je soupire,

-Tant que tu ne m'abandonnes pas sur place c'est déjà ça.
-Tu ne risquerais rien de toute façon, tu cours plus vite que moi.

Je le dévisage outrée.

-Lâcheur!
-Bah quoi? Ton ex, lui, n'aurait pas hésité une seconde à se servir de toi comme gilet par balles durant une guerre.
-Pas faux.

Il se replonge dans sa lecture. Je décide de le laisser.
Pour être tout à fait honnête, je n'étais pas véritablement venue pour lui aujourd'hui. C'est Laurene dont j'avais besoin.

J'emprunte l'ascenseur le cœur battant.
J'ai beau lui rabâcher de ne pas laisser sa porte ouverte cette fripouille n'en fait qu'à sa tête.
J'entre sans faire de bruit. Laurene est dans sa chambre, plongée dans l'écriture de son troisième roman.

-Je te vois rôder autour de ma chambre Jess.

Mon pas se fige. Mon cœur ne fait qu'un bond. Lau, les cheveux regroupés maladroitement en un chignon et d'imposantes lunettes de vue sur le nez, se tourne vers moi.
Je me tiens devant sa porte, interdite.

-Que se passe-t-il?
-Je...

Mon hésitation lui fait froncer les sourcils. D'un geste de la main, elle m'invite à la rejoindre sur son lit.
Je m'y assois timidement comme une enfant le ferait avec son parent le plus autoritaire. Bien que, à bien y penser, cet adjectif est loin de la qualifier.

-Promets moi que tu ne surréagiras pas Lau.
-Comment pourrais-je te le promettre sans avoir conscience de ce dont il s'agit?

Je ronchonne,

-Mens moi alors!
-Très bien, très bien! Je promets si tu le souhaites. Dis moi maintenant !
-Ok, alors...

Elle hoche la tête.

-Alors?
-Ce n'est pas si simple que ça...
-Rhoo, accouches Jess tu sais pertinemment que je serais la dernière à te juger!
-En fait c'est de ça dont il s'agit.
-De...jugement?
-Ne fais pas l'idiote, je pouffe.

Il faut un moment pour que l'information monte. Sa réaction me fait rire. Son cerveau plante l'espace d'un instant avant que sa bouche ne s'entrouvre avec une lenteur extrême.

-Tu...
-Je suis enceinte Lau.
-Enceinte? Enceinte comme un mini toi qui se balade dans le périmètre?
-C'est ça, je m'esclaffe, enceinte comme un mini moi qui se balade dans le périmètre.
-Oh mon dieu!

Elle me saute dans les bras, nous faisant chuter toutes les deux. Étalée en étoile de mer sur son parquet, la fille m'étreint du plus fort qu'elle le peut.
Elle se décale soudain, me questionnant sérieusement,

-C'est une bonne ou mauvaise nouvelle pour toi?
-Je...J'en sais rien, une bonne je crois.

Elle me serre de nouveau, plongeant sa tête contre mon cou.

-Je suis tellement heureuse pour toi!

Sa voix s'est affaiblie.

-Ah non Lau! Tu ne vas pas te mettre à pleurer tout de même !
La concernée par en crise de larmes.
-Tu as grandit si vite... Je n'ai pas vu le temps passer...
-Lau arrêtes de parler comme si tu étais ma mère.
La concernée palpe mon ventre en reniflant.
-Je vais devenir la marainne de mini Jess, bien évidemment que je pleure !
-Qui a dit que tu en serais la marainne?

Elle lève les yeux sur moi, dépitée. Laurene articule quelques mots dont le résultat est similaire à du morse.

-Pourqwa, je weux être la marawainne mouaa, qui est la garce qui wrend ma place ?

Hilare, je la prend dans mes bras.

-Mais bien-sûr que ce sera toi imbécile, qui pourrais-je choisir d'autre ?
-Je préfère ça ! Quand est-ce que tu comptes le dire au papa au fait?
-Comment sais-tu que je ne lui ai encore rien dit?

Elle ébourriffe mes cheveux.

-Je te connais par cœur ma grande.


--

Actuellement.


Lau.

Quil suspendu à mes lèvres, se reconnecte à la réalité une fois mon récit achevé.

-Alors comme ça elle est partie l'annoncer à Paul, conclut-il, tu avais raison Lau, lorsqu'une fille déclare qu'elle veut parler, il faut se préparer à de sacrées surprises!




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Réalité ou fiction? 2 [ TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant